Rencontre avortée entre les élus marocains et le patronat camerounais. Les raisons de l'annulation de cette séance de travail divergent selon les parties. En visite au Cameroun depuis le 29 juin dernier, la délégation des élus locaux membres de l'Association marocaine pour des éco-villes (AMEV) n'a finalement pas eu de rencontre avec le Groupement interpatronal du Cameroun (Gicam), le principal mouvement patronal du pays. Les dispositions pour une telle rencontre devaient être prises par la Communauté urbaine de Douala (CUD), où la délégation a séjourné les 29 et 30 juin, et tout avait d'ailleurs bien commencé, puisque la CUD avait, d'ores et déjà, saisi le Gicam en vue de cette rencontre d'affaires. «La CUD nous avait demandé de mobiliser nos membres pour cette séance de travail, mais deux jours avant le jour-j, la CUD nous a invités à laisser tomber parce que la réunion en question n'aurait plus lieu», relate un cadre du Gicam, s'exprimant sous le sceau de l'anonymat. Cette source indique aussi que la CUD n'avait pas évoqué les motifs de l'annulation de cette réunion. Du côté de la CUD, un cadre s'exprimant lui aussi sous anonymat, semble rejeter le tort sur le Gicam qui, à l'en croire, aurait estimé que les délais qui lui étaient impartis étaient trop courts pour réunir ses membres, qui plus est, un week-end. Quant à Dieudonné Annir Tina, le président de l'Association camerounaise des éco-villes, la rencontre avec le Gicam n'a plus eu lieu à cause d'un autre rendez-vous prévu dans deux mois. «À l'invitation du ministère du Commerce du Cameroun, dit-il, une délégation d'opérateurs économiques marocains effectuera une visite au Cameroun dans deux mois. Du coup, les opérateurs économiques qui devaient faire le déplacement du Cameroun avec l'AMEV, ont préféré attendre ce nouveau rendez-vous au cours duquel il est prévu aussi une rencontre avec le Gicam». Il ajoute que la CUD, l'ACEV et les élus locaux marocains ont jugé préférable de supprimer l'étape du Gicam de la visite et de poursuivre le programme qui devait les conduire tour à tour à Douala, Limbé, Kribi, Sangmélima, Bertoua, Maroua et Yaoundé. Aussi Fritz Ntonè Ntonè, le délégué du gouvernement (sorte de supermaire nommé par le président de la République à la tête des villes comptant plusieurs communes) auprès de la CUD a présenté à ses hôtes le plan de développement de Douala et son aire métropolitaine, ainsi que les principaux chantiers en cours dans cette cité qui est aussi la capitale économique du pays. Parmi ces chantiers figurent la réalisation de la forêt urbaine, le développement de l'utilisation de l'énergie solaire, la transformation des déchets. Ensuite, tout le monde s'est rendu dans le 2e arrondissement de la ville où le maire Denise Fampou a présenté les réalisations et les chantiers de la commune en termes d'aménagements urbains. Insistant entre autres sur les pavés et le bitume qui alternent pour permettre la circulation en toute saison. Soulignant aussi le tracé des routes secondaires «qui respecte un plan précis d'urbanisation». À Kribi, ville côtière où d'importantes infrastructures industrielles et portuaires sont en chantier ou en projet, la délégation a connu une autre séance de travail avec Louis Jacques Mazo, le délégué du gouvernement auprès de la Communauté urbaine de Kribi. Un des visiteurs a alors attiré l'attention de ce dernier sur le fait que la commercialisation des plages pourrait permettre à cette ville de résoudre certains de ses problèmes. La délégation devait être reçue vendredi dernier par René Emmanuel Sadi, le ministre de l'Administration territoriale et de la décentralisation. Enfin, cette tournée devait s'achever par une visite des chantiers de la ville de Yaoundé, la capitale. Auparavant, Mouluy Mekdi Lahbib, maire de Tata et chef de cette délégation des élus marocains, avait assuré ses hôtes de la disponibilité des maires marocains pour une coopération «fructueuse». Thierry Ekouti Dir.pub-Le Quotidien de l'Economie (Cameroun) Contraste saisissant À la fin de sa dernière visite en Afrique (Sénégal, Tanzanie et Afrique du Sud), le président américain, Barack Obama a annoncé le 30 juin dernier à Soweto que la Maison blanche avait un plan de 7 MM$ en cinq ans pour faciliter l'accès à l'électricité en Afrique subsaharienne. Cette nouvelle peut bien faire sauter de joie nombre d'habitants des zones rurales du continent, qui sont jusqu'à 85% à ne pas avoir accès à la lumière électrique, d'après les statistiques communiquées par Washington au moment de rendre publique cette initiative dénommée «Power Africa». On apprend aussi que cet ambitieux programme associe plusieurs agences gouvernementales et devrait entraîner d'importants investissements privés évalués, selon le quotidien français «Le Monde», à 9 MM$. En attendant la mise en œuvre de ce programme, l'on ne peut s'empêcher de constater que cette annonce survient au lendemain de la diffusion d'une nouvelle faisant état de l'intention de la société américaine AES de se retirer du marché de la production, du transport et de la distribution de l'électricité au Cameroun. Le contraste est donc saisissant entre un gouvernement américain qui veut embarquer son secteur privé dans davantage d'investissements dans ce secteur en Afrique et un des acteurs de ce secteur privé qui veut se retirer d'un pays africain où il a déjà investi pas moins d'1 MM$, et où il a encore près de 10 ans de contrat à remplir. De deux choses, l'une. Soit AES n'était pas au courant de ce programme que concoctait la Maison blanche, soit elle ne compte pas s'impliquer dans ce projet, du moins au Cameroun qui ne fait pas partie des six pays prioritaires (Ethiopie, Kenya, Ghana, Nigeria, Tanzanie, Libéria) désignés par Washington. Quoi qu'il en soit, AES risque bien d'être de plus en plus à l'étroit au Cameroun, puisque le ministre de l'Eau et de l'énergie a annoncé mercredi la création «sous peu» d'une société de transport de l'énergie électrique...