Pour s'adjuger ce marché, l'entreprise marocaine devra surclasser ses quatre adversaires dans sa réponse à l'appel d'offres restreint qui sera émis prochainement par le gouvernement camerounais. Marsa Maroc fait partie des cinq entreprises présélectionnées pour participer à l'appel d'offres restreint que va émettre le gouvernement camerounais, afin de désigner l'opérateur qui exploitera le terminal polyvalent du port en eaux profondes de Kribi. Cette nouvelle a été rendue publique le 20 mars dernier par le Comité de pilotage et de suivi de la réalisation du complexe industrialo-portuaire de Kribi (CIPK). Cette information était en réalité le résultat d'un appel public international à manifestation d'intérêt lancé le 13 novembre 2013. Marsa Maroc qui est classé 4e dans la liste est devancée par APM Terminals BV (Pays-Bas), International container Terminal Services INC (Philippines) et Groupement Necotrans/KPMO, basé au Cameroun. Le 5e candidat est le groupement Sea Invest/CLGG de France. Ces cinq candidats participeront prochainement à un appel d'offres restreint que lancera le gouvernement. Le communiqué signé de Louis Paul Motazé (secrétaire général des services du Premier ministre et président du comité de pilotage et de suivi de la réalisation du CIPK), indique que«ces candidats seront informés ultérieurement des dates du retrait du dossier d'appel d'offres». Situé près de la petite ville de Kribi au sud du Cameroun, sur le littoral atlantique, le CIPK est l'un des plus importants projets du Cameroun dans sa marche vers l'émergence. Il comprend la construction d'une nouvelle ville, offrant une zone industrielle et commerciale, une zone urbanisée et un nouveau réseau de voies de communication. Mais, l'infrastructure la plus attendue de ce gigantesque chantier est le port en eaux profondes appelé à remplacer le port fluvial de Douala, victime de l'ensablement permanent de son chenal, qui le rend inaccessible aux navires à fort tirant d'eau. Les grands navires préfèrent actuellement décharger dans d'autres ports de la côte atlantique leurs cargaisons, qui sont ensuite acheminées à Douala par des bateaux dont le tirant d'eau n'excède pas 7 m. Tout le contraire de Kribi où la profondeur de l'eau est de l'ordre de 16 à 17m. Cet équipement en cours de construction par la China Harbour Engineering Company (CHEC) comprendra plusieurs terminaux spécialisés qui figurent sur la version 2013 de la liste des projets devant être exécutés dans le cadre d'un partenariat public-privé. Outre le terminal polyvalent, il y est prévu un terminal hydrocarbures, un terminal à conteneurs et un terminal aluminium. La publication de la liste des candidats retenus pour le futur appel d'offres intervient après deux événements d'importance, en rapport avec cette même infrastructure. Le premier a eu lieu le 22 janvier 2014, lorsque le gouvernement camerounais a déclaré infructueux l'appel d'offres émis pour la mise en concession du terminal à conteneurs du port de Kribi. Il est à noter que le seul candidat qui s'était manifesté était le français Bolloré Africa Logistics, déjà concessionnaire du terminal à conteneurs du port autonome de Douala et des chemins de fer camerounais. Le deuxième événement s'est produit le 13 février dernier avec l'accostage du premier navire au port de Kribi. Ce bateau chinois transportait des équipements destinés à l'exploitation prochaine du port, à savoir des portiques de quai, des portiques de parc et des grues. Créée en 2006, Marsa Maroc se décrit comme le leader de l'exploitation de terminaux portuaires dans le royaume, où elle compte déjà neuf ports dans son portefeuille. Si elle venait à être retenue au terme du futur appel d'offres, Marsa Maroc trouverait sur le marché camerounais d'autres opérateurs économiques marocains, à l'instar du groupe Addoha dans les matériaux de construction, d'Attijariwafa bank dans le secteur bancaire ou encore de l'ONEE dans la distribution de l'eau potable, etc. Thierry Ekouti, Dir.pub-Le Quotidien de l'Economie (Cameroun) Modèle réussi Le 26 mars , le Maroc et le Cameroun ont signé un accord cadre pour la création de deux centres d'affaires maroco-camerounais (CAMC) à Douala et à Casablanca. Il faut dire que le rythme d'évolution du commerce entre les deux Etats est encourageant. Entre 2007 et 2013, le volume des transactions commerciales est passé de 24,2 millions à 51 millions de dollars. Ce qui représente une croissance de 110,74% en 6 ans. En 2012, des journées économiques marocaines avaient été organisées à Douala, avec la participation de plusieurs opérateurs économiques. L'année dernière ensuite, les jalons d'une coopération au niveau décentralisé ont été posés lorsqu'une délégation de maires camerounais a visité le Maroc, avant de recevoir plus tard les maires marocains au Cameroun, pour une autre forme de ce partage d'expérience. Dans les semaines à venir, le 3e round des négociations du projet d'accord commercial préférentiel maroco-camerounais, ainsi que l'organisation, bientôt à Rabat, de la 3e session de la Commission mixte maroco-camerounaise sont prévus. En clair, c'est l'exemple d'une relation Sud-Sud à succès à l'intérieur du continent. Les résultats seront meilleurs lorsque les opérateurs économiques camerounais seront aussi nombreux à investir au Maroc que leurs homologues marocains dans le sens inverse. En cela, l'ouverture de centres d'affaires à la faveur de la signature des accords du 26 mars dernier pourrait bien être un déclic.