La compétition finale entre les cinq derniers concurrents est lancée depuis le 12 mai dernier. La société civile accentue la pression sur le gouvernement pour ne pas choisir une entreprise étrangère. Attendu depuis le mois de mars dernier, l'appel d'offres international restreint pour l'exploitation du terminal polyvalent du port de Kribi vient d'être émis par le gouvernement camerounais. C'était à la faveur d'un avis paru dans la presse le 12 mai dernier. Cet appel d'offres est restreint, parce qu'il s'adresse uniquement aux cinq entreprises qui avaient été retenues au terme d'un appel à manifestation d'intérêt dont les résultats ont été publiés en mars 2014. Parmi ces cinq entreprises figure Marsa Maroc, aux côtés d'APM Terminals BV (Pays Bas), International container Terminal Services INC (Philippines), Groupement Necotrans/KPMO (Cameroun) et le groupement Sea Invest/CLGG (France). Cet appel d'offres vise précisément l'établissement «d'un contrat de partenariat pour l'exploitation et la maintenance du terminal polyvalent du port en eaux profondes de Kribi». Selon cet avis publié par le Comité de pilotage et de suivi de la réalisation du complexe industrialo-portuaire de Kribi (COPIL – CIPK), le processus de sélection du partenaire privé se déroulera en deux étapes. La première sera l'évaluation des dossiers d'appel d'offres par une commission spéciale constituée pare le Premier ministre camerounais. Au terme de cette évaluation, trois entreprises au maximum seront retenues pour participer à la deuxième et dernière phase, laquelle consiste en un dialogue de pré-qualification, qui fournira à chaque candidat retenu davantage d'éléments pour consolider son offre finale. «Sur la base des offres finales, indique l'avis d'appel d'offres, la commission spéciale établira le classement permettant (...) de désigner l'adjudicataire provisoire, qui sera appelé à négocier avec le partenaire public les termes du contrat de partenariat.» La publication de cet avis d'appel d'offres intervient dans un contexte où une organisation de la société civile, en l'occurrence l'ADISI (Association pour le développement intégré et la solidarité internationale) fait des pieds et des mains pour que l'exploitation et la maintenance de ce terminal ne soit pas concédée à une entreprise étrangère, mais à une société camerounaise. Cette association a d'ailleurs régulièrement publié depuis le mois d'avril un plaidoyer dans la presse dans ce sens. Comme le COPIL-CIPK et le gouvernement sont restés sans réaction jusqu'ici, l'association est passée à la vitesse supérieure dès le lendemain de l'amission de l'appel d'offres. Ecrivant le 16 mai dernier au président de la République du Cameroun Paul Biya et au président du COPIL-CIPK, Louis Paul Motazé, qui est par ailleurs le secrétaire général des services du Premier ministre, l'association développe son argumentaire, qui se résume en ce que «le Cameroun dispose de l'expertise avérée avec des entreprises qui exercent au port de Douala depuis une trentaine d'années pour certaines». «Ces entreprises camerounaises ne demandent qu'à bénéficier de la même attention et confiance que ces multinationales, dont l'activité ne profite en rien au Cameroun», invoque l'ADISI, qui dit avoir déjà rallié à cette cause une quarantaine de personnalités, ONG et partis politiques du pays.Joint au téléphone, Paul-Joël Kamtchang, le secrétaire exécutif de l'association indique que celle-ci prévoit d'autres actions au cas où les autorités continueraient à garder le silence face à leurs observations. «Ces actions peuvent aller jusqu'à un recours en annulation de la procédure d'appel d'offres qui vient d'être engagée», précise-t-il. C'est d'ailleurs un cas de figure prévu dans l'avis d'appel d'offres, qui dispose que «le partenaire public se réserve le droit d'interrompre, de modifier ou d'abandonner le processus de sélection, si cela s'avère nécessaire». Thierry Ekouti, Dir.pub-Le Quotidien de l'Economie (Cameroun) Nécessaire mutualisation des forces Jeudi dernier, le président tchadien, Idriss Deby Itno a effectué une visite au Cameroun, où il a eu un entretien avec son homologue Paul Biya. Dans la mouvance de la réunion du samedi 17 mai dernier à Paris, les deux hommes d'Etat ont réitéré leur détermination à faire échec à la secte islamiste Boko Haram, qui sème la terreur depuis quelque temps entre le Tchad, le Cameroun et le Nigéria, mais surtout entre ces deux derniers pays. On se demande alors pourquoi il ne s'est pas agi d'une rencontre tripartite associant le président Goodluck Jonathan du Nigéria. Non seulement ce pays abrite les origines de Boko Haram, mais c'est aussi sur son territoire que cette secte commet la plupart de ses attentats et enlèvements. Certes, rien n'empêche que dans un futur proche, Paul Biya rencontre Goodluck Jonathan ou que celui-ci se retrouve avec Idriss Deby Itno. Mais, il aurait sans doute été plus efficace et sûrement plus économique que les trois, voire les quatre pays (en y associant le président nigérien) se retrouvent tous à la fois pour coordonner les opérations de cette guerre qu'ils ont déclarée à Boko Haram il y a un peu plus d'une semaine. Bien que le Tchad puisse compter sur une solide expérience en termes de conflit armé ou de chasse à des rebelles, et bien que le Cameroun compte avec le BIR (Bataillon d'intervention rapide) des forces spéciales qui ont fait leur preuve, ces deux pays gagneraient à admettre que la guerre contre Boko Haram ne peut se gagner qu'avec l'entraide de tous les pays concernés.