Après avoir racheté les parts de l'américain AES Corporation, le fonds d'investissement britannique va désormais assurer la production, le transport et la distribution d'électricité dans le pays. Après plusieurs mois de négociations, l'Etat camerounais a donné son accord définitif pour le rachat par le fonds d'investissement britannique Actis de la totalité des parts (56%) détenues par l'américain AES Corporation dans le capital d'AES-Sonel, la société qui produit et distribue l'électricité dans tout le pays. Cet accord a été révélé le vendredi 23 mai dernier, à la faveur de la signature d'un ensemble de documents entre les deux parties. Désormais, l'on n'attend plus que la conclusion des transactions de cession entre AES Corporation et Actis pour que celle-ci devienne de plein droit le partenaire stratégique de l'Etat camerounais en matière de production, de transport et de distribution de l'énergie électrique. L'on apprend d'ailleurs que la passation de pouvoir entre les deux entreprises se fera au courant de cette première semaine de juin 2014, suite à la tenue des assemblées générales et des conseils d'administration d'AES-Sonel et de ses deux filiales que sont la centrale à gaz de Kribi dans le sud du pays et la centrale thermique de Dibamba, près de Douala. Ces deux entreprises font partie de la transaction dont le montant total s'élève à 110 milliards de FCFA, soit 220 millions de dollars. Dans le même temps, tout le monde attend avec impatience de connaître la dénomination de la nouvelle entreprise. Un appel à propositions a d'ailleurs été lancé à cet effet, avec un prix de deux millions de FCFA pour celui dont la proposition sera finalement retenue. Déjà présent dans 19 pays dont cinq en Afrique (Côte d'Ivoire, Ouganda, Kenya, Tanzanie et Afrique du Sud), Actis fournit l'électricité à plus de 10 millions de personnes dans le monde. L'arrivée d'Actis Energy au Cameroun survient dans un contexte marqué par de fréquentes coupures d'électricité aussi bien dans les grandes agglomérations que dans les villes secondaires et les campagnes. Pourtant, l'offre actuelle qui est d'un peu plus de 1.200 MW est supérieure à la demande qui se situe à environ 1.000 MW, d'après les chiffres d'AES Sonel. Cependant, il se trouve que depuis la reprise de la Société nationale d'électricité (SONEL) par AES Corporation en 2001, très peu d'investissements ont été faits, côté infrastructures de transport et de distribution de l'électricité. Résultat des courses: l'on note de nombreuses pannes dues à la surcharge des lignes, ou encore la vétusté du réseau, avec comme conséquences de vives tensions entre les populations et l'entreprise, si bien que cette dernière a dû lancer en avril dernier un plan d'urgence de plus de 6 milliards de FCFA (12 millions de dollars) pour assurer une fourniture continue de l'énergie pendant la prochaine Coupe du monde de football. Aussi, David Grylls, le patron du volet énergie pour l'Afrique chez Actis, a-t-il affirmé, lors de la signature de l'accord avec le gouvernement camerounais, qu'Actis entend instaurer une relation plus sereine entre l'entreprise et ses abonnés. «Nos priorités, a-t-il ajouté, seront axées sur la continuité des opérations, la réhabilitation du réseau, l'assistance à la clientèle, les performances en matière de sécurité, la dépollution environnementale et la gouvernance locale». David Grylls a terminé en déclarant que le fonds d'investissement britannique entendait augmenter les investissements, à commencer par l'extension de la centrale à gaz de Kribi qui devrait passer de 216 MW à plus de 300 MW de puissance. Thierry Ekouti, Dir.pub-Le Quotidien de l'Economie (Cameroun) Multiplier les contacts Certains événements de ces derniers temps ont montré à quel point des rencontres entre les chefs d'Etats d'Afrique centrale peuvent accélérer le processus d'intégration économique dans cette sous-région. En effet, le président tchadien, Idriss Deby Itno, a effectué une visite le 22 mai dernier à Yaoundé où il a eu un long tête-à-tête avec son homologue camerounais, Paul Biya. Selon la presse gouvernementale camerounaise, les deux hommes se sont engagés pour la réalisation de nouvelles infrastructures de transport terrestre devant relier les deux pays. Cinq jours plus tard, soit les 27 et 28 mai, le ministre camerounais de l'Economie s'est rendu à Ndjamena à l'invitation du ministre tchadien des Transports. Ces derniers ont alors paraphé un accord en vue de la construction d'un pont pour enjamber le fleuve Logone et relier les villes de Yagoua au Cameroun et Bongor au Tchad. Quelques jours plus tard, le 30 mai, le ministère des Marchés publics du Cameroun publiait un avis d'appel d'offres restreint pour la réalisation d'études en vue de la concrétisation de ce projet, pourtant dans les tiroirs depuis plusieurs années déjà. D'ailleurs, un calendrier a même été arrêté, fixant 2017 comme date à laquelle cette infrastructure devrait entrer en service. Au vu de cela, l'on peut légitimement plaider pour que les dirigeants d'Afrique centrale multiplient les rencontres bilatérales. Des sommets qui ne donnent pas toujours la possibilité d'entrer dans la profondeur de certains sujets qui, bien qu'ayant un intérêt sous-régional, concernent d'abord deux pays voisins.