Dans son rapport 2013 sur le développement économique en Afrique, la CNUCED a plaidé pour le renforcement du secteur privé comme moteur de croissance économique. L'organisme onusien estime qu'il est temps pour le continent d'envisager de nouvelles politiques pour profiter pleinement d'une niche aux perspectives prometteuses. «Le commerce intra-africain peut contribuer à une croissance et à un développement soutenus de l'Afrique en la rendant moins vulnérable aux chocs mondiaux, en l'aidant à diversifier son économie, en améliorant la compétitivité de ses exportations et en créant des emplois». Voilà la conclusion du rapport 2013 de la Conférence des nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED) à propos du développement économique en Afrique. Le rapport qui vient d'être publié, intitulé «Commerce intra-africain : libérer le dynamisme du secteur privé», en marge du lancement du rapport mondial sur le commerce, a mis l'accent sur les voies et moyens permettant de renforcer le secteur privé afin de stimuler les échanges intra-africains. Dans le document, la CNUCED a relevé que les gouvernements africains ont essayé de mettre ce potentiel de commerce régional au service du développement en prenant, par exemple, l'ambitieuse décision de dynamiser le commerce intracontinental et d'accélérer la création d'une zone de libre-échange panafricaine. Dans cette optique, le rapport s'est appuyé sur des données factuelles sur le commerce intrarégional et a mis en évidence certains aspects particuliers de la structure entrepreneuriale en Afrique. Le rapport a aussi passé au crible les difficultés qui entravent le développement des échanges commerciaux entre les pays africains, notamment en matière d'application d'accords commerciaux régionaux. De ce fait, la CNUCED a émis une série de propositions et de nouvelles initiatives visant à renforcer l'application de ces accords. Ainsi, pour que les pays africains puissent tirer pleinement profit des opportunités dont est porteur le commerce intra-africain, ils doivent «placer le renforcement des capacités productives et de l'esprit d'entreprise au cœur de leurs actions afin de stimuler les échanges intrarégionaux». Les auteurs du rapport ont plaidé auprès des gouvernements pour que ceux-ci se consacrent davantage à la promotion du commerce intra-africain dans un «un contexte de régionalisme développementiste». Nouvelle approche par le secteur privé Dans son rapport 2013 sur le développement du commerce en Afrique, la CNUCED a insisté sur «la nécessité de passer d'une approche programmatique et linéaire de l'intégration, axée sur l'élimination des obstacles au commerce, à une approche davantage fondée sur le développement, accordant autant d'attention au renforcement des capacités productives et à l'expansion du secteur privé qu'à l'élimination des obstacles au commerce». Le document a relevé que les résultats ne sont pas encore au rendez-vous, malgré les efforts déployés pour exploiter le potentiel du commerce de façon à ce qu'il contribue au développement. Au cours de la période 2007-2011, souligne le rapport, la part des exportations intra-africaines dans le total des exportations de marchandises était en moyenne de 11 % en Afrique alors qu'elle était de 50% dans les pays en développement d'Asie, de 21% en Amérique latine et dans les Caraïbes et de 70 % en Europe. La CNUCED ajoute que, selon les données disponibles, il apparaît clairement que «le continent n'a pas encore atteint son plein potentiel commercial compte tenu de son stade de développement et de sa dotation en facteurs de production». Plusieurs raisons expliquent les piètres résultats de l'Afrique sur le plan des échanges régionaux, selon la CUNCED. Parmi les principales raisons évoquées dans le document, le fait que «les efforts d'intégration régionale accomplis au niveau du continent ont jusqu'ici été axés davantage sur l'élimination des obstacles au commerce que sur le renforcement des capacités productives dont celui-ci est tributaire». Pour les experts de la CNUCED, s'il est important de veiller à éliminer ces obstacles, cette approche n'aura pas l'effet souhaité si elle ne s'accompagne pas de mesures visant à stimuler les capacités d'offre. «Le rôle limité que joue le secteur privé dans les initiatives et les efforts d'intégration régionale a également contribué aux mauvais résultats commerciaux du continent» lit-on dans le document. Ainsi, bien qu'il incombe aux pouvoirs publics de conclure des accords commerciaux, «c'est le secteur privé qui comprend le mieux les contraintes auxquelles les entreprises font face et qui est le plus en mesure de tirer parti des possibilités offertes par les initiatives commerciales régionales». La CNUCED a relevé et salué les objectifs que se sont fixés les communautés économiques régionales africaines dans le sens de l'intégration du secteur privé dans leurs structures et leurs plans d'action. C'est le cas par exemple de la mise en place d'associations commerciales. Cependant, tempère le rapport, «le secteur public reste le seul moteur actif de l'intégration régionale en Afrique, le secteur privé demeurant un participant passif». Partant de ce constat et de ses implications, l'organisme onusien souligne que «si les gouvernements africains veulent réussir à doper les échanges intra-africains, ils doivent permettre au secteur privé de jouer un rôle plus actif dans le processus d'intégration». Enfin, la CNUCED a estimé que l'accélération du commerce intra-africain dépendra beaucoup de la capacité des pays africains à promouvoir l'entrepreneuriat et à renforcer les capacités d'offre, d'instituer un mécanisme crédible de dialogue entre l'Etat et les entreprises, de créer des chaînes de valeur régionales, d'appliquer les accords régionaux existants, de repenser leur approche en matière d'intégration régionale et de maintenir la paix et la sécurité.