L'Afrique ne représente plus que 1 % environ de la production manufacturière mondiale. Tel est le constat de la Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le Développement (CNUCED) et de l'Organisation des Nations Unies pour le Développement Industriel (ONUDI) dressé dans leur dernier rapport 2011 sur le développement économique en Afrique. Intitulé « Promouvoir le développement industriel en Afrique dans le nouveau contexte mondial », le document souligne qu' « avec l'introduction des programmes d'ajustement structurel dans les années 1980, les pays africains ont délaissé les actions spécifiques pour promouvoir l'industrialisation, au profit de l'élimination des facteurs faisant obstacle aux exportations et d'une spécialisation plus poussée en fonction de l'avantage comparatif ». Conséquence : l'industrie africaine a pris du retard pendant cette période où l'accent a été plutôt mis sur les programmes de réduction de la pauvreté et sur les aspects sociaux du développement. Face à cette situation, les pays africains se sont de nouveau engagés, ces dernières années, en faveur de l'industrialisation dans le cadre d'un plus vaste programme pour diversifier leur économie, mieux résister aux chocs et se doter de capacités productives qui permettent une croissance économique forte et durable, la création d'emplois et une réduction notable de la pauvreté. D'ailleurs, poursuit la même source, le continent africain est appelé à s'engager davantage en faveur de l'industrialisation, et ce, pour différentes raisons. « Les pays africains on dû affronter trois chocs exogènes graves liés les uns aux autres : la flambée des prix des produits alimentaires, les hausses des prix de l'énergie et la crise économique et financière mondiale déclenchée par les événements sur le marché immobilier des Etats-Unis à l'automne 2007 ». Pour la CNUCED et l'ONUDI, les coûts économiques et sociaux de cette triple crise ont été très importants en Afrique. Le taux de croissance du produit réel est tombé de 5,2 % au cours de la période 2000-2006 à 2,6 % en 2009. Et le taux de croissance du produit réel par habitant est lui aussi tombé, passant de 2,7 % à 0,3 % au cours de la même période. Ces crises ont également annulé les avancées des pays africains pour réduire la pauvreté et elles ont compromis les perspectives d'atteindre les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) à la date prévue. En somme, la CNUCED et l'ONUDI attribuent les faibles résultats économiques et industriels de l'Afrique à des erreurs de politique dues aux taux de change surévalués, au contrôle des taux d'intérêt, à l'importance excessive accordée à l'industrie au détriment de l'agriculture et au protectionnisme commercial. C'est dire que l'industrie africaine vit actuellement une situation déplorable. Le rapport suggère alors l'adoption d'une kyrielle de recommandations. D'abord, les gouvernements doivent jouer un rôle déterminant dans la stimulation du développement industriel et s'approprier le processus de développement. L'approche stratégique des politiques industrielles doit être adaptée à la situation spécifique de chaque pays. Autre mesure préconisée : le développement agricole doit être intégré dans le programme de développement de l'Afrique. Il importe donc de veiller à ce que la promotion de l'industrie ne se fasse pas au détriment de l'agriculture car les responsables politiques ont tendance à considérer les deux secteurs comme concurrents alors qu'ils se complètent. Le rapport suggère en outre que les efforts entrepris pour promouvoir le développement industriel en Afrique devraient viser spécifiquement à promouvoir l'innovation scientifique et technologique, à créer des interactions dans l'économie nationale et à promouvoir l'entrepreunariat. Pour promouvoir le développement industriel en Afrique, le rapport suggère également à éviter la surévaluation du taux de change, à favoriser la mobilisation des ressources, à renforcer l'intégration régionale et à préserver la stabilité politique.