Arnaud Deboeuf Directeur du programme Entry chez Renault Selon ce haut-responsable de la marque, Dacia aura toujours vocation à proposer des voitures spacieuses à des prix serrés, sans investir des segments de niche et tout en profitant des synergies et du savoir-faire de l'Alliance Renault-Nissan.. Les ECO : Comment vont évoluer l'image et la gamme de Dacia, à moyen terme ? Arnaud Deboeuf : Avec Dacia, nous avons vocation à avoir une gamme assez resserrée et axée sur les principaux segments, avec outre le monospace Lodgy et l'utilitaire ludospace Dokker, la citadine bicorps Sandero, ses variantes tricorps et break, Logan et MCV, ainsi que le SUV Duster que nous présentons, ici au Salon de Francfort, dans sa version restylée. Nous n'irons pas chercher des voitures de niche et nous ne prévoyons pas d'avoir un jour une gamme de 25 modèles, ni de voitures décapotables. La raison d'être de Dacia, c'est de proposer des voitures spacieuses à des prix en rupture. Et pour cela, il faut faire de grosses séries et des effets de volumes. Donc en résumé, Dacia aura toujours moins de 10 modèles en restant une gamme structurée de façon simple. Quant à l'image, elle devrait rester telle qu'elle est, c'est-à-dire celle d'une marque ayant toujours des prix en rupture, malgré l'amélioration des produits. C'est d'ailleurs ce que nous avons fait avec les nouvelles Sandero et Logan, qui ont gardé leurs prix, mais avec des équipements nouveaux et modernes afin de suivre la tendance du marché. Dans quel segment opérera la prochaine nouveauté de Dacia ? Ce n'est plus un secret que nous avons commencé à travailler sur un modèle du segment A (NDLR : segment des micro-citadines), mais je ne peux vous avancer ni date, ni d'autres détails. En revanche, ce que je peux vous dire, c'est que ce n'est pas facile de concevoir un tel modèle, car il se situe dans un niveau de petit gabarit et opère dans un segment très concurrentiel, faisant que les niveaux de prix compris entre 7.000 et 8.000 euros. Or, si l'on veut être en rupture, il nous faudra se situer en dessous de ce seuil. Pour améliorer l'aérodynamique et la sécurité des véhicules Dacia, ne pensez-vous pas qu'il faut investir un peu plus sur le plan technologique ? Je pense qu'avec le système MediaNav par exemple, nous avons démontré que nous pouvions introduire des innovations intéressantes et pas chères. En fait, nous avions enregistré une demande insistante de la part de nos clients quant à avoir un dispositif de navigation. Du coup, nous avons introduit dans la gamme ce système de navigation intégrée avec l'écran tactile le plus grand possible, tout en restant toujours en rupture avec les prix du marché, puisque je vous rappellerais que l'option MediaNav se situe aux alentours de 240 euros. L'investissement technologique, c'est aussi notre nouveau moteur essence TCe 125 de chevaux, qui arrive désormais dans la gamme Duster. Donc vous voyez bien que Dacia propose des innovations techniques, tout en étant toujours dans une approche de prestation optimisée et de coût maîtrisé. Dacia est une marque de l'Alliance Renault-Nissan et toute innovation développée au sein du groupe peut, si elle a du sens pour nos clients, être introduite dans la gamme Entry. Hormis l'introduction de la nouvelle Sandero sur l'une des lignes de montage de l'usine de Tanger, comment allez-vous faire pour remplir la capacité industrielle disponible ? L'usine de Tanger est un site qui a très bien démarré, ce qui n'était pas gagné d'avance, puisqu'il fallait mettre en place tout un tissu de fournisseurs, mettre en place des installations modernes et démarrer l'activité, alors qu'au même moment, nous devions aussi démarrer notre activité dans une autre nouvelle usine, celle de Chennai en Inde. Maintenant, je peux vous dire que pour un modèle aussi fortement demandé que la Sandero, nous manquons de disponibilité. Donc, nous espérons que l'usine de Tanger puisse nous fournir les volumes dont nous avons besoin. Pensez-vous qu'il y aura de fortes synergies avec Nissan à travers Datsun, sa gamme à bas prix ? Je ne suis pas le plus habilité pour répondre à cette question. Mais je peux vous dire que dans le cadre de l'Alliance, nos équipes échangent en permanence toutes leurs données... même si au final, chaque marque élabore son plan «produits» et sa propre stratégie. Il faut aussi savoir que pour le moment, Datsun n'a été annoncée que pour l'Inde, l'Indonésie, la Russie et l'Afrique du Sud, soit des pays où l'on ne trouve pas la marque Dacia. À quand un nouveau pick-up dans la gamme Dacia ? Pour l'instant, nous n'avons qu'une variante pick-up, déclinée à partir d'un Dokker et qui est réalisée par un partenaire. Mais il n'y a pas de projet de vrai pick-up dans la gamme de Dacia, tout simplement parce que les volumes ne justifient pas de développer un tel modèle à part entière.