Bachir Baddou Directeur général de la Fédération marocaine des sociétés d'assurances et de réassurance (FMSAR) Les ECO : Le secteur des assurances affiche au titre du 1er semestre 2013, un essoufflement à l'instar de l'ensemble du système économique marocain, pourquoi? Bachir Baddou : Il convient de nuancer vos propos car la croissance demeure vigoureuse en matière d'assurance non Vie. Pour preuve, l'assurance Automobile a affiché, au terme du premier semestre de l'année, une croissance de 6,3%, les assurances Responsabilité, de 6,8%, et «l'Assistance-crédit et caution» de 8,3%. L'ensemble des assurances non Vie ont affiché une croissance de 5,3%, ce qui, dans le contexte actuel, reste tout de même une performance honorable. Dans ce cas, c'est l'assurance Vie qui tire le secteur vers le bas. Qu'est ce qui explique ce repli ? À mon sens, le premier semestre de l'année n'a pas été favorable à l'assurance Vie et Capitalisation pour deux raisons essentielles. La première est liée à l'évolution négative des marchés financiers qui rend les contrats en unité de compte peu attractifs. D'ailleurs, le chiffre d'affaires de ce type de contrats a connu, à lui seul, une baisse de 66,2%, passant de 159,1 MDH au terme du premier semestre 2012 à 53,7 MDH à la fin du premier semestre 2013. Cet écart explique une grande partie de l'évolution négative de la branche. Le deuxième élément est lié à l'arbitrage qu'effectuent les banques entre les produits d'assurance Vie et d'autres produits bancaires. Il convient, toutefois, de souligner que la contraction n'est pas très forte puisque la branche Vie et Capitalisation, à l'exclusion des contrats à capital variable, a connu une évolution positive de +0,83%. Parmi les facteurs explicatifs de l'essoufflement du secteur en général et la régression de l'assurance Vie en particulier, peut-on inclure la baisse du marché actions et son impact sur les résultats des assureurs? Cette baisse du marché actions a-t-elle eu raison de la confiance des clients dans les compagnies d'assurances ? Au contraire, à l'exception des contrats en unité de compte, le contrat d'assurance reste le meilleur refuge contre les aléas des marchés financiers. Les actifs représentatifs des engagements Vie sont en général composés de produits de taux, et plus particulièrement d'emprunts d'Etats ou garanties par l'Etat, conférant à leurs rendements une grande stabilité. Par ailleurs, un contrat d'assurance Vie offre une très grande sécurité à l'assuré puisqu'il lui assure une garantie du capital (engagement de ne jamais recevoir moins que les versements), accompagnée dans la plupart des cas d'un taux minimum garanti plus une participation aux bénéfices contractuelle. Toutes ces sécurités, accompagnées par un cadre fiscal avantageux, font du contrat d'assurance Vie le meilleur des investissements, quelle que soit la tendance au niveau du marché boursier. Quelles sont, pour vous, les perspectives du secteur de l'assurance pour le reste de l'année? À quand la reprise pour l'assurance Vie pour une croissance plus soutenue du secteur dans son ensemble? Il est difficile de faire ce type de projections, mais, je pense ne pas prendre trop de risques en prédisant une évolution positive et appréciable d'ici la fin de l'année de la «non Vie», portée notamment par l'assurance Automobile. Pour l'assurance Vie, finir l'année sur une collecte équivalente à celle de l'année 2012 n'est pas à exclure. Dans ce contexte de baisse des primes du secteur, une augmentation des tarifs serait -elle à envisager dès 2014? Les tarifs ne sont pas liés à l'évolution du chiffre d'affaires du secteur, mais à la profitabilité de chaque catégorie et sous-catégorie d'assurance. À chaque fois qu'une catégorie ou sous-catégorie est déficitaire, la compagnie d'assurance concernée se doit de procéder à un réajustement de son tarif. C'est le cas d'ailleurs pour tout les secteurs d'activité. Par contre, ce qui crée actuellement une forte tension sur les compagnies d'assurance, c'est la dépréciation de leurs actifs qui résulte d'une baisse de la capitalisation boursière depuis maintenant plusieurs années consécutives, les contraignant à rechercher l'équilibre exclusivement à travers leur activité technique.