Tout comme le Maroc, l'Espagne aura ses élections avant l'heure. Après plusieurs mois de suspens, le président du gouvernement espagnol a annoncé l'organisation d'élections anticipées le 20 novembre prochain. Zapatero a finalement cédé à la pression de la classe politique, celle des marchés mais aussi celle des médias. Les organes de presse, connus pour être proches du Palais de la Moncloa, la primature espagnole, ont fini par rejoindre ce mouvement revendicatif appelant à avancer la date des élections. C'est le cas du quotidien madrilène El Pais qui a pressé, dans un éditorial, le chef de l'Exécutif d'organiser des élections avant que son mandat n'arrive à terme en mars 2012. À contre coeur, Zapatero s'est plié à la demande générale. Dans son allocution vendredi dernier à l'occasion de cette annonce, Zapatero a justifié ce choix, qu'il avait lui même écarté, il y a à peine quelques semaines, par les signes d'amélioration qu'affiche l'économie espagnole. «Les bases pour la récupération sont jetées (...) le chemin est clair», a-t-il proclamé. L'annonce de la date des élections législatives en ce moment où les données sur le chômage enregistrent un léger relâchement est une manœuvre politique du chef du gouvernement. D'ailleurs, le choix du mois de novembre pour la tenue des élections n'est pas fortuit. Les statistiques sur le chômage, publiées à l'avènement de chaque mois, commenceront à s'améliorer à partir de décembre. Pour le moment, le secteur touristique permet de sauver la face. Durant le mois de juillet, l'activité a absorbé environ 42.059 sans emploi. Il s'agit principalement de réceptionnistes, serveurs ou agents de nettoyage... etc. Des postes fortement sollicités durant la haute saison du tourisme espagnol, qui vit l'un de ses meilleurs crus. Or, il s'agit de contrats temporaires, auxquels les entreprises du secteur touristique recourent pour renforcer le personnel durant la période estivale. De ce fait, une fois que les estivants seront partis, les vrais taux de chômage remonteront à la surface. Par conséquent, parler de récupération est encore tôt en Espagne. Au premier trimestre, l'économie a, à peine, réalisé une croissance de 0,3%. D'ailleurs personne ne croit au relâchement de la récession, le Premier ministre en tête. Ce dernier retarde son départ en vacances, afin de suivre de près l'évolution du marché espagnol et la pression exercée sur la dette de son pays. Pas de répit donc pour le gouvernement espagnol, surveillé de très près par les agences de notation, qui ne cessent de menacer d'abaisser la note souveraine du pays. C'est dans ce contexte économique incertain qu'Alfredo Rubalcaba, l'ex-ministre de l'Intérieur, prend la relève, en se proclamant comme le candidat du PSOE pour les prochaines élections présidentielles. Il espère ainsi récupérer l'électorat, qui a tourné le dos aux socialistes et rétablir l'honneur du PSOE, malmené après l'échec cuisant des élections municipales en mai dernier. D'emblée, Rubalcaba, 60 ans, a su réduire l'écart dans les sondages d'intentions de vote entre les deux formations qui dominent la scène politique espagnole, mais il aurait besoin d'une recette miracle pour renverser la tendance qui donne le PP pour vainqueur, haut la main, au prochain scrutin. Le candidat socialiste aux législatives espère mettre un frein aux ambitions insatiables du PP et éviter que Mariano Rajoy et ses disciples ne raflent la majorité absolue. Son rival, Rajoy, 56 ans, probablement le prochain président aux commandes du gouvernement espagnol, sauf miracle, ne fait que cueillir les fruits de la débâcle du gouvernement socialiste. En réalité, l'opposition n'a présenté jusque là aucun programme pour éviter la récession. Le prochain locataire de la Moncloa est dépeint comme un leader pâtissant de manque de charisme politique et vivant dans l'ombre de José Maria Aznar, celui qui l'a placé en première ligne pour garder sa mainmise sur le parti, disent les mauvaises langues. Seul objectif en commun pour les deux candidats : générer de l'emploi. À cet effet, les Espagnols sont convaincus que les conservateurs sont les mieux placés pour raviver la création de l'emploi et par ricochet, l'économie espagnole. D'ailleurs, dans ses meetings, Rajoy ne cesse de promettre monts et merveilles dans ce domaine, au moment où son rival politique, Rubalcaba, n'exclut pas de nouvelles coupes budgétaires pour renouer avec la croissance. Ce discours déplaît aux Espagnols mais fait le bonheur des populaires, qui se frottent déjà les mains, persuadés de leur prochaine victoire.