Alors que la ruée vers les céréales continue en Afrique du Nord, principalement en Tunisie et en Algérie pour cause de Ramadan, la perspective d'une bonne récolte pour le Maroc annonce une relative embellie sur la facture nationale des importations céréalières. Les prévisions pour la production céréalière mondiale viennent d'être revues à la hausse successivement par la FAO et le Conseil international des céréales (CIC). Selon les experts de cet organisme basé à Londres, «les récoltes sont en augmentation en Europe, au Maroc, en Inde, en Russie et aux Etats-Unis». En effet, la production nationale de l'orge et du blé avoisinerait cette année près de 88 millions de quintaux, selon les premières estimations de l'ONICL du mois de juillet. Un niveau qui correspond à une hausse de 10% comparé à celui de la campagne précédente, et de 30% par rapport à la moyenne des cinq dernières années. Dans son dernier rapport sur la situation à fin juillet, le CIC prévoyait une moisson pour le blé meilleure pour la campagne en cours. La récolte mondiale connaîtra ainsi un redressement de 8 millions de tonnes par rapport aux prévisions du mois de juin dernier, pour s'établir à 674 millions de tonnes, soit un peu moins que les chiffres de la FAO qui tablent sur une production de 676 millions de tonnes pour cette année. Cela équivaudrait à une croissance de plus de 3,4% par rapport à l'année 2010, tout en restant de loin inférieure aux récoltes exceptionnelles de 2008 et 2009. Les experts de la FAO avaient, dans un premier temps, expliqué cette hausse comme étant consécutive à «l'accroissement des surfaces cultivées dans de nombreux pays». L'organisme international souligne que «dans de nombreux pays, les semis de blé ont augmenté ou devraient augmenter cette année compte tenu des prix soutenus, tandis qu'une reprise des rendements est prévue dans les zones touchées par la sécheresse en 2010, notamment en Fédération de Russie». Des prévisions qui convergent pour l'essentiel, même si pour le CIC, à court terme, cela n'aura aucun impact sur le niveau des prix, en raison notamment de la hausse des échanges au niveau international, particulièrement les importations dans les pays non producteurs. Au niveau global des céréales, la situation est moins prometteuse puisque selon le CIC, «les perspectives pour les céréales restent très tendues». Pourtant, les mondiales de stocks de report ont été corrigées à la hausse par rapport au mois dernier pour prendre en compte «des stocks légèrement plus élevés que prévu au début de l'année». Les experts du CIC expliquent ce paradoxe par le fait que «la hausse des prévisions mondiales de récolte est largement absorbée par un chiffre de consommation plus élevé, principalement dans le secteur de l'alimentation animale». La production mondiale de céréales est placée à un record de 1,817 milliard de tonnes, soit 9 millions de plus que les projections de juin, et 68 millions de plus que les estimations initiales pour l'année en cours. La consommation mondiale de céréales devrait, de son côté, grimper de 2 %, à 1,829 milliard de tonnes, soit une hausse de 8 millions par rapport au mois de juin. Pour les opérateurs marocains, l'année 2012 pourrait s'annoncer sous de bons auspices, à condition que les importations massives de certains pays ne viennent, encore et comme en 2010, rehausser la pression sur le cours des produits alimentaires de base. Cela aggraverait la facture, même en cas de faible volume importé...