Les prix des céréales atteignent des sommets menaçant les budgets de plusieurs pays comme le Maroc. Une détente au niveau des prix mondiaux est à prévoir en 2012. Immanquablement, le budget de l'Etat ainsi que la balance commerciale seront impactés par les cours mondiaux des produits alimentaires, particulièrement les céréales. La Direction des études et des prévisions financières (D.E.P.F.) vient de publier une étude sur les récentes évolutions des cours mondiaux des céréales qui après un fort repli en juin, «sont repartis à la hausse, tirés par un regain d'incertitudes sur la récolte américaine de maïs, suite à une vague de chaleur, et par des inquiétudes concernant la qualité de la récolte de blé». De son côté, le constat dressé par le rapport de la Banque mondiale, publié lundi, est alarmant. Selon le rapport, depuis un an, les cours mondiaux des principales céréales flambent. Le rapport, intitulé Food Price Watch, ou la surveillance des prix de l'alimentation, pointe notamment du doigt des denrées telles le maïs, qui a augmenté de 84%, le blé, +55%, ou le soja, +47%. Deux facteurs sont considérés comme principaux responsables de ces augmentations. Le premier est le prix du pétrole qui a grimpé de +45% par rapport à juillet 2010. Le second est l'augmentation des prix des engrais, de +67%. Conséquence directe pour les pays, comme le Maroc, qui consacrent une part importante de leur budget à l'alimentation de leur population. Ceux-ci risquent de voir croître fortement leurs factures. Et ce, dans un contexte où les stocks mondiaux sont faibles et l'instabilité des cours du sucre et des produits pétroliers est importante et pèse également sur la caisse de compensation. Ceci dit, les dernières prévisions de la Food and Agriculture Organization (FAO) relatives à la production mondiale de céréales en 2011 font état de près 2,31 milliards de tonnes, soit 3,3% de mieux qu'en 2010. Cette embellie s'explique principalement par l'amélioration prévue de la production dans la Communauté d'Etats indépendants (CEI) de 24 % par rapport à 2010. Il est à noter que la Russie, faisant partie de la CEI, a levé le 1er juillet l'embargo sur les exportations de céréales décrété l'été dernier 2010 en raison d'une sécheresse qui avait décimé les récoltes. L'objectif de l'embargo était de contenir une envolée des prix dans le pays et avait contribué à la flambée des cours internationaux du blé, dont la Russie est l'un des premiers exportateurs mondiaux. Ainsi, pour 2011 les autorités russes tablent sur une récolte de 85 millions de tonnes et des exportations de 15 millions de tonnes. Ainsi, l'amélioration de la production de la CEI couplée à celle de l'Inde (+ 4 %), devrait compenser largement les médiocres récoltes aux Etats-Unis (- 8 %) et dans l'Union européenne (- 2 %). De son côté, la consommation mondiale de céréales en 2011-2012 devrait augmenter de 1,4% par rapport à 2010-2011. Ainsi, la FAO estime qu'à la fin des campagnes de récolte se terminant en 2012, les stocks mondiaux de céréales devraient dépasser leur niveau d'ouverture de 6 millions de tonnes. Pour leur part, les stocks de blé et de riz atteindront des niveaux plus élevés. En revanche, les niveaux resteront bas pour les céréales secondaires, notamment le maïs. Le retour de la Russie sur le marché mondial et la nette amélioration des perspectives relatives à la production et à l'offre céréalières dans le monde devraient, en conséquence, avoir pour effet un relâchement des cours internationaux des céréales. Le rapport de la Banque mondiale suggère aux Etats d'accroître leur vigilance. Précisant que, compte tenu de la situation politique au Moyen-Orient et des incertitudes économiques mondiales actuelles, la volatilité des cours du pétrole devrait se poursuivre. Ainsi, selon les perspectives, les prix de la totalité des céréales seront plus élevés en moyenne d'ici à 2020 par rapport à la décennie précédente. Concernant le maïs et le riz, leurs prix devraient respectivement être plus élevés de 20% et 15% par rapport à la moyenne des 10 dernières années. Seul le blé ne devrait pas voir son prix varier.