Gisement économique incontournable à forte potentialité pour l'économie locale, le secteur de l'artisanat, au niveau de la région de Marrakech-Tensift-al Haouz, est, plus que jamais, appelé à faire face à un certain nombre de défis qui pourraient lester son développement à l'avenir. Afin de sortir de l'impasse, une série de mesures ont été prises par les autorités compétentes dans le but de développer cette activité et de lui permettre de jouer pleinement son rôle dans le tissu économique de la région. À Marrakech comme dans le Haouz, ce secteur fait vivre des milliers de personnes et constitue une source de revenus non négligeable. Le secteur de l'artisanat au niveau de la région tire sa force d'une abondance de ressources naturelles et d'une main d'oeuvre expérimentée. Dans le Haouz seulement, on compte quelque 40.000 artisans, avec une main d'oeuvre motivée et détentrice d'un vrai savoirfaire. Pour nombre d'observateurs, l'artisanat local bénéficie également de synergies positives, liées aux activités touristiques et agricoles, d'une diversité des métiers, allant de la poterie au textile, tissage et habillement, en passant par la sculpture, la taille de la pierre, pour s'étendre également au fer forgé, aux articles en bois, aux bijoux et aux différents articles de décoration. Il bénéficie également de la proximité des points d'approvisionnement en matières premières et de marchés pour l'écoulement des articles produits. Des défis majeurs Nombre de spécialistes s'accordent à soutenir que le développement de l'artisanat au niveau régional passe nécessairement par le règlement de certaines problématiques structurelles, liées à la nature de cette activité. Généralement, ces difficultés se résument à trois axes majeurs, à savoir : le faible niveau de qualification des artisans, la fragilité de l'organisation du secteur et le dysfonctionnement du marché des produits artisanaux. L'émergence de nombre de coopératives ayant pour finalité de perpétuer les traditions, en assurant une formation des artisans n'a pas porté ses fruits, sachant que ce secteur possède un système de formation et de promotion qui reste limité, expliquent-ils. Ces experts notent également une absence de zones d'activité réservées à l'artisanat, sans oublier l'inefficience et le déficit en structures d'encadrement. Des données officielles font état d'une dizaine de coopératives et d'associations professionnelles regroupant quelques 608 adhérents. Quant au dysfonctionnement du marché, il se traduit par le rôle dominant des intermédiaires, qui s'accaparent la plus grosse partie de la valeur ajoutée, au détriment des producteurs de base, observent-ils, relevant qu'un autre problème réside dans la pollution causée par les rejets induits par la production de la poterie. Autre problématique alarmante : on parle de quelques 15.000 enfants qui travaillent dans différentes branches liées au secteur de l'artisanat au niveau de la région, chiffre alarmant qui a suscité, dans l'immédiat, une intervention des pouvoir publics et de l'UNICEF à travers la mise en place d'un projet pilote en partenariat avec le Conseil de la région. Quant à l'assiette financière de ce projet, l'UNICEF contribue à raison de 450.000 DH, l'Organisation internationale du travail (OIT) avec 550.000 DH, et la Chambre de l'artisanat de Marrakech avec une enveloppe budgétaire de 450.000 DH. En vertu de ce projet, 600 enfants âgés de 6 à 12 ans seront retirés des ateliers pour être re-scolarisés, 500 autres, âgés de 12 à 15 ans, bénéficieront d'une amélioration des conditions de travail, alors que 1.000 enfants seront prémunis contre les risques engendrés par le travail, tout en leur permettant un meilleur accès à l'éducation, aux loisirs et aux services de santé. Un plan de développement ambitieux à l'horizon 2015 Dans le cadre du Plan de développement régional de l'artisanat (PDRA), ce sont quelque 122 projets de développement qui verront le jour. Une convention a été signée en juillet 2011 entre le secrétariat d'Etat chargé de l'Artisanat et le conseil de la région, pour un montant de près de 1,3 milliard de DH pour la période 2011-2015. En réalité, ce sont 6 axes structurants qui ont été identifiés, à savoir : l'accès aux matières premières, à travers la création de groupements d'intérêt économique (GIE), l'amélioration des techniques de production au profit des mono-artisans, ainsi que la création d'infrastructures modernes. Le plan apportera un appui considérable à la création de zones d'activité artisanales, ainsi que de PME spécialisées. Au menu également, la promotion de la commercialisation à travers l'ouverture de Marrakech sur nombre de marchés, à savoir celui du tourisme et une ouverture vers l'export, sachant que cette région demeure la première exportatrice de l'artisanat avec une contribution de plus de 50 % des exportations nationales, malgré une conjoncture économique internationale morose. Déclinaison à l'échelle régionale de la Vision 2015 de l'artisanat, le PDRA devrait réaliser, à l'horizon 2015, un chiffre d'affaires de 3,2 milliards de DH et créer un nombre global d'emplois de 65.000. À l'export, l'artisanat de Marrakech devrait atteindre un chiffre d'affaires de 900 MDH. Al Haouz, symbole de l'artisanat régional Riche de son activité artisanale, la province d'Al Haouz verra, dans les années à venir, la réalisation de nombre de projets structurants, à même d'inciter les artisans locaux à promouvoir l'innovation et la créativité. Il s'agit de la mise en place d'un musée du Haut-Atlas occidental et de la mise à niveau et de l'aménagement d'espaces essentiellement dédiés aux artisans. Un plan de développement du secteur de l'artisanat du Haouz a été élaboré, pour un investissement global de 232,3 millions de DH. Il porte sur la réalisation entre 2010 et 2014, d'un certain nombre de projets, dont la construction dans la commune de l'Ourika d'un espace de commercialisation des produits conçus par les artisans, et la mise en place, dans la commune de Tamesloht, d'un village de potiers, d'une station pour le traitement de l'argile, et d'une zone d'activités. Initiés par le secrétariat d'Etat chargé de l'Artisanat, en collaboration avec divers partenaires, ces projets portent également sur l'extension et le renforcement du complexe de l'artisanat à Tamesloht, la création à Amizmiz d'un village de potiers, d'un village similaire dans la vallée de l'Ourika, d'un espace d'exposition et de commercialisation des produits de l'artisanat à Asni, d'un autre à Aït Ourir, la réfection et la mise à niveau du Centre de formation professionnelle à Ait Faska, et la mise en place à Tahanaoute, d'un espace pour l'artisanat (53 millions de DH) dans le cadre du complexe pluridisciplinaire de promotion socio- culturelle. Au programme figurent aussi des projets visant l'amélioration des conditions de salubrité, de sécurité professionnelle, de travail et de vie des artisans, l'amélioration de la qualité du produit, la protection de l'environnement, et la promotion des circuits de commercialisation.