Manne principale des populations locales d'Al Haouz, l'artisanat se développe en même temps que le tourisme rural. Pourtant, si la relève semble assurée par l'arrivée des jeunes, créatifs et inventifs, les artisans sont inquiets. L'essor du tourisme rural que connaît la région d'Al Haouz depuis quelque temps, a permis le développement d'un certain nombre de projets comme des gîtes ruraux, ou des fermes d'hôtes de plus en plus appréciés par les étrangers séduits par le «way of life» marocain. Une aubaine pour les artisans locaux, la région d'Al Haouz en compte quelque 20 000, 16 coopératives et plusieurs associations- qui se sont réunis à Tahanaoute à une trentaine de kilomètres de Marrakech pour participer au Salon annuel de l'artisanat, 2ème édition. Des artisans conscients d'un patrimoine riche, et de la nécessité d'innover pour éviter la menace de déperdition qui le guette. Si l'artisanat représente une manne incontournable pour les populations locales, le secteur bénéficie d'un intérêt particulier et grandissant pour les autorités locales. Ainsi, à l'occasion de la manifestation de Tahanaoute, un certain nombre de projets ont été annoncés, comme l'installation d'un Musée du Haut-Atlas occidental qui sera entièrement consacré à l'artisanat, mais aussi à l'aménagement d'espaces pour les artisans dans les villages. En particulier, des complexes d'artisanat devraient prochainement voir le jour à Tamesloht, Amezmiz ou l'Ourika, outre les nouveaux villages de potiers qui vont se doter de fours à gaz, plus modernes et plus écologiques. Des projets qui, une fois mis en place, devraient permettre un meilleur encadrement des différents métiers de l'artisanat, tout en favorisant une meilleure commercialisation. Nombre d'artisans déplorent pourtant la situation délicate que connaît actuellement leur secteur. «Les artisans ne vivent pas, ils survivent, explique Omar Samat, responsable de la Maison de l'artisanat de Setti Fatma, lieu pourtant très prisé par les touristes dans la vallée de l'Ourika. Tous les artisans de la région ont une autre activité, ils sont éleveurs, agriculteurs ou autres… Avec l'artisanat comme seule source de revenu, personne ne pourrait s'en sortir». Une situation inquiétante si l'on en juge par les prix revus à la hausse des matières premières, le manque de réseaux structurés pour la commercialisation, et surtout le monopole de certains intermédiaires dont l'objectif principal est la spéculation. Le salon de Tahanaoute vient à point calmer les esprits: avec près de 150 exposants -poterie, fer forgé, menuiserie d'art, tapisserie, bijoux, textiles…-, il invite la jeune génération à s'intéresser davantage au patrimoine riche et varié que représente l'artisanat. Une école pour les artisans de demain Premier du genre au Maroc et en Afrique, l'Institut des Arts Traditionnels (IATM) a ouvert ses portes à Marrakech en 2005 aux bacheliers et aux élèves de niveau bac. Trois filières proposées : menuiserie d'art, ferronnerie d'art et maroquinerie. Si l'objectif de l'école est la formation des jeunes artisans du futur, il donne aux étudiants les clés pour se familiariser avec la gestion ou la commercialisation de leurs produits, l'import-export et les compétences nécessaires pour monter une entreprise. «Nous sommes équipés d'un matériel de pointe, -l'équipement de l'institut a nécessité un investissement de 5 millions et demi de DH-, explique Hassan Librahimi, le directeur. Nous mettons l'accent tant sur le design et le savoir-faire que sur les nouvelles technologies et les procédés modernes de fabrication, et nous disposons de formateurs expérimentés, de façon à ce que les jeunes puissent intégrer le marché du travail dès leur diplôme en poche (au bout de 2 années d'études)».