Non loin de la gare Oasis de Casablanca se cache un grand espace dédié à la musique. Cet espace, baptisé Coda, est ouvert aux amoureux de la musique depuis juillet dernier et donne la possibilité d'apprendre, de se former, de répéter et d'enregistrer. Lumière sur un endroit qui sonne, sonne, sonne... Lorsque l'on approche des locaux de l'école CODA, on ne s'attendait pas à y découvrir un espace agréable, lumineux, où la musique vit grâce et à travers des passionnés, un peu fous, qui prennent beaucoup de plaisir à transmettre. L'idée est simple : permettre aux débutants d'apprendre et aux professionnels de se réaliser. En effet, l'école offre des cours de musique et un grand choix d'instruments à étudier, mais surtout donne accès à un studio d'enregistrement des plus professionnels et à des studios de répétitions, chose qui manque cruellement dans notre pays. En longeant les couloirs, on se croirait même dans un Abbey Road version marocaine : les tableaux sur les murs sont dédiés pour la plupart à la musique de chez nous, de Hyani à Belkhayat en passant par Bouchaïb Al Bidaoui et Latifa Raafat. Ces couloirs donnent accès à des salles de cours où les notes de musique se font entendre et où la jeunesse profite du savoir tout en profitant des sons passionnés de mélomanes venus enregistrer ou répéter dans les salles voisines. Cet espace respire tout entier la musique, et cela commence avec le nom qu'on lui a attribué. «Coda est un symbole dans une partition de musique, qui ramène à un certain endroit de la partition. C'était un clin d'œil à la musique et un jeu de mot afin d'éviter des noms à rallonge que les gens ne vont pas assimiler tout de suite. Coda, c'est simple et généralement la signification du mot est peu connue, donc d'emblée on apprend quelque chose de nouveau», explique le fondateur du projet, M'hamed El Menjra, directeur général de Coda. «Je suis revenu des Etats-Unis il y a 1 an et demi où j'ai étudié le business de la musique. En rentrant au pays, je tenais à continuer dans le milieu de la musique, il était hors de question que je change de domaine. Même si je l'avais voulu, je n'aurais pas pu. J'ai commencé par créer Maroc Live, une agence de programmation musicale où je travaillais en collaboration avec les boîtes de communication, et les évènements pour le booking d'artistes. J'ai fait cela pendant 6-7 mois. Ensuite j'ai exploré une piste avec la famille qui a mis à ma disposition ce local de 500 m2. Je me suis dit que j'allais faire ce que j'ai toujours voulu faire : ouvrir un endroit dédié à la musique, à l'image des endroits que j'ai côtoyés aux Etats-Unis, où il y a un espace enseignement avec des box de cours de musique où chaque élève peut se mettre à l'aise et se concentrer sur son instrument, et en parallèle un coin plus professionnel avec des salles de répétitions plus ou moins grandes pour que des groupes puissent s'entraîner», confie cet artiste passionné, guitariste de formation mais qui maîtrise plusieurs instruments dont le oud et la basse. Le directeur général est également chanteur. Familier du milieu de la musique, il s'amuse avec ses collaborateurs, d'abord amis puisque le corps enseignant est composé de jeunes musiciens qui ont la soif de transmettre. L'espace offre plusieurs formations en musique, des master classes, des workshops, des summer camps, des team buildings; la formation aux instruments comme le violon, le luth, le piano, la guitare classique et moderne, la basse, le saxophone, les percussions brésiliennes, afro-cubaines et orientales, la chorale andalouse ou encore la pratique collective des instruments. Face à cela, deux techniciens aux commandes des studios chapeautent les musiciens professionnels, à savoir Mamoun Belgnaoui et Mehdi Okacha. Les deux acolytes, qui faisaient le bonheur de BTM Productions et Yek TV, ont été séduits par l'initiative de M'hamed El Menjra et n'ont pas hésité à prendre part à l'aventure, surtout que les opportunités au Maroc ne sont pas nombreuses. «Il y a 10 ans au Maroc, il n'y avait rien, musicalement parlant. Aujourd'hui, l'évolution est exponentielle. Après, beaucoup reste à faire, il y a encore une éducation musicale à mener. Ce potentiel n'est pas encore exploité car la milieu fait peur. Beaucoup se découragent. Mais il faut mettre la main à la pâte, il faut bien que quelqu'un se décide à faire avancer les choses car il y a beaucoup à faire ici. Nous essayons modestement, avec Coda, de parvenir à un tel résultat», explique l'ex-étudiant à l'Université du Colorado, plein d'espoir pour l'avenir. Et cela ne s'arrête pas là, puisque l'endroit est ambitieux, et l'homme vise loin. «L'idée serait d'importer du jazz et des musiques du monde, il faut une certaine légitimité. Des professeurs qui viendraient former des professeurs ici qui pourront à leur tour former d'autres personnes. Pour cela, il faudrait que les gens s'intéressent à d'autres instruments que la guitare et le piano et daignent s'orienter vers les cuivres par exemple. Mais pour cela, il faudrait bien sûr «créer» l'envie, et je pense que ces partenariats pourraient aider à tirer les choses vers le haut», explique celui qui veut former les formateurs pour aller encore plus loin. «Au-delà du booking de concerts, on aimerait commencer à créer des concerts en ramenant des grands groupes de jazz ou de musique du monde à des tarifs accessibles pour que le public se familiarise avec des genres de musiques qu'il ne connaît pas». Des idées qui fusent, conjuguées à une passion pour la musique qui tend à aller loin, le plus loin possible dans un pays qui met des bâtons dans les roues à la culture... Longue vie à Coda.