Après un bon cru en 2013, l'année qui démarre est porteuse de nouvelles opportunités pour les entreprises marocaines qui visent le marché africain. En plus des traditionnels secteurs des banques et télécoms, d'autres niches offrent des perspectives assez reluisantes pour les investisseurs. Panorama des nouveaux secteurs du continent à fort potentiel. L'offensive marocaine sur le continent africain a connu un bon cru en 2013. Les contrats se sont multipliés au niveau de plusieurs pays africains, de même que les implantations d'entreprises marocaines au sud du Sahara. L'autre bonne nouvelle de l'année qui vient de s'achever, c'est aussi et surtout la montée en puissance des entreprises marocaines dans de nouveaux secteurs comme celui des logements sociaux. Cette dynamique qui a, entre autres, été portée par les solides relations politiques entre le Maroc et ses voisins africains, devrait naturellement se poursuivre dans les prochaines années avec l'offensive des exportateurs marocains dans des zones jusque-là considérées comme difficiles d'accès. Il s'agit des pays anglophones, mais aussi de ceux de l'Afrique australe ou de l'Est. En somme, les ingrédients sont réunis pour que la conquête marocaine entame une nouvelle phase sur le continent, en raison notamment de la vision insufflée à cette stratégie, qui se veut sous la forme d'un partenariat gagnant-gagnant. De plus, l'expertise marocaine sur le continent ne cesse de séduire et d'attirer des opérateurs qui veulent profiter du savoir-faire marocain. L'opportunité y est puisque les perspectives pour le continent sont très réluisantes. Les leviers de croissance ne manquent pas et au-delà du secteur des ressources naturelles, sur lequel plusieurs puissances occidentales se sont déjà bien positionnées, les niches de développement sont nombreuses et qui plus est, à fortes valeurs ajoutées. C'est le cas des BTP et infrastructures, du secteur des télécoms ou encore de celui des technologies de l'information et de la communication, ainsi que des services. Les données en la matière témoignent du fait que grâce à son attractivité, qui ne cesse de se confirmer, les règles du jeu sont en train de se remodeler, en partie engendrées par la rude concurrence des investisseurs dans la région. L'heure des partenariats publics-privés La nouvelle donne qui est partie pour intéresser fortement les entreprises marocaines, c'est la montée en puissance des Partenariats publics-privés (PPP). Plusieurs pays du continent ont déjà balisé leur cadrage réglementaire pour permettre au secteur privé d'apporter pleinement sa contribution à la dynamique de croissance que connaît le continent. L'une des raisons qui justifie le recours à ces mécanismes, c'est le besoin criant qui caractérise l'Afrique en ce qui concerne les infrastructures. Selon une récente étude de la BAD, c'est ce qui plombe la croissance africaine et permettrait d'atteindre le niveau requis pour amorcer un décollage vers une véritable émergence économique : «L'Afrique pourrait gagner des points de croissance supplémentaires avec de meilleures infrastructures», a ainsi estimé le président du groupe de la BAD, Donald Kaberuka, lors du «Forum pour un nouveau modèle de partenariat économique entre l'Afrique et la France», qui s'est tenu en décembre dernier à Paris en France. Pour ce dernier, les 5% de croissance actuels ne sont pas suffisants. «Tout le monde se satisfait d'un taux de croissance de 5% du PIB sur le continent depuis plusieurs années», a-t-il déploré, ajoutant que ce n'est pas ce dont l'Afrique a besoin puisqu'avec sa forte croissance démographique, le niveau de croissance nécessaire devrait se situer à 7%. «Cette différence entre 5% et 7% est due aux mauvaises infrastructures qui pénalisent le développement du continent, donc, si nous avions de bonnes infrastructures, nous pourrions atteindre sans difficulté un taux de croissance de 7% par an», a estimé le responsable de la plus grande structure bancaire du continent. À juste titre, l'institution qui s'est spécialisée dans l'appui au développement de l'Afrique, a lancé le fonds Africa 50, avec lequel la BAD espère mobiliser 100 milliards de dollars pour financer les infrastructures en Afrique. Pour ce faire, la contribution des investisseurs institutionnels et particulièrement africains sera nécessaire afin d'atteindre l'objectif d'atténuer les risques liés à ces investissements et de les rendre viables. «Un défi qui ne pourra être relevé qu'en ouvrant les projets aux investisseurs du secteur privé», selon les experts de la BAD. Montée en puissance du secteur privé Les BTP et infrastructures ne sont pas les seules opportunités d'affaires à fort potentiel sur le continent. Le secteur des banques et marchés financiers continue sur sa lancée et même si aucune annonce de taille n'est faite pour les prochains mois, la présence des banques marocaines sur le continent est en train de se consolider. Au-delà, de nouvelles implantations en Afrique, l'augmentation progressive du taux de bancarisation en Afrique subsaharienne apportera un nouveau souffle aux institutions déjà bien positionnées sur le continent. L'attention dont bénéficie désormais le secteur des PME/PMI africaines sur le continent constitue un autre créneau porteur. C'est justement pour cette raison que plusieurs banques marocaines se sont engagées avec des partenaires financiers, notamment chinois, pour étoffer leurs offres sur le continent. Cette dynamique concernera aussi le secteur du marché des assurances et surtout celui des télécoms. Le continent africain est désormais l'une des zones les plus propices au développement des services télécoms, à l'image des transferts d'argent ou du mobile banking qui connaissent un succès fulgurant auprès des utilisateurs africains. C'est d'ailleurs ce qui a poussé plusieurs pays à améliorer leurs infrastructures technologiques avec la 3G qui se généralise et la 4G déjà mise en service dans plusieurs pays où sont implantés des opérateurs marocains, comme le Sénégal. Nouvelle classe moyenne La dynamique que connaît la croissance de la classe moyenne africaine ouvre de nouvelles opportunités aux entreprises marocaines. Qu'il s'agisse du secteur de la pharmacie, de l'éducation, de la formation, de la distribution ou du commerce et des services, ou encore de la logistique et du transport, les perspectives sont intéressantes. Les données foisonnent et à chaque fois, l'Afrique se positionne comme l'une des zones qui recèlent le plus de potentiel pour la croissance des entreprises. Les entreprises marocaines sont en tout cas conscientes de cet état de fait et ne cessent d'affûter leurs armes. En plus de la conquête de nouveaux marchés, l'heure est venue de consolider les positions déjà acquises afin de porter la dynamique entre le Maroc et l'Afrique subsaharienne à un niveau encore plus dense.