L'Afrique sera un marché de deux milliards d'habitants en 2050. Elle regorge de beaucoup de ressources naturelles et dispose de secteurs très rentables. Le Maroc a aussi un avantage comparatif dans certains domaines, d'où la pertinence de renforcer le partenariat d'affaires. La question est de savoir comment y parvenir au regard de certaines contraintes. Il n'est un secret pour personne que l'engouement pour le continent africain est de plus en plus perceptible et croissant. En plus des puissances traditionnelles (USA, France, etc.), qui essayent de consolider leur part de marchés, des pays émergents misent sur les potentialités que recèle ce continent. Aujourd'hui, le Maroc, en tant que puissance émergente et figure de proue de la coopération Sud-Sud, aiguise ses armes pour la conquête économique de l'Afrique. Le continent a une classe moyenne estimée à plus de 320 millions de personnes (soit l'équivalent de la classe moyenne chinoise), qui voit ses revenus augmenter de plus en plus. Elle est désireuse de plus de confort, ce qui augmente son appétit de consommation et d'investissement., d'où l'existence d'un faisceau d'opportunités pour les opérateurs économiques marocains. Lors du séminaire organisé le 12 juin 2013 en partenariat avec Knowdys, à Casablanca, AOB Group a mis en relief l'opportunité des affaires en Afrique. L'essentiel des discussions fait ressortir que le Maroc dispose d'un avantage comparatif dans plusieurs secteurs. Cela lui permet d'être compétitif dans certains domaines sur le continent. Toutefois, il est fortement concurrencé par certains pays du BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) et plus particulièrement par la Chine et l'Inde, et même le Brésil. Secteurs porteurs L'Afrique est en train de subir une vraie restructuration de son économie. Depuis plus de dix ans, le continent enregistre une croissance moyenne de 6%. Il est assez aisé de comprendre, qu'après cette croissance soutenue, viendra inéluctablement l'émergence. Ce qui est conforté par le fait que certains pays africains (Ghana, Gabon, Nigéria, etc.) ont mis en branle des politiques publiques d'envergure leur permettant de devenir des pays émergents à moyen terme. Cette ambition les pousse à vouloir accélérer les chantiers des infrastructures (BTP) qui sont devenus des secteurs très rentables en Afrique. Par conséquent, les PME marocaines ont l'opportunité de déployer des stratégies afin de bien se positionner dans ces secteurs. Il existe sept secteurs rentables en Afrique parmi lesquels, les NTIC (400 millions d'Africains possèdent un mobile), l'agroalimentaire, le pétrole, les mines, etc. A cela, il faut ajouter les banques, les assurances, et surtout le transport. Certaines entreprises marocaines ont d'ores et déjà tiré leur épingle du jeu en terre africaine, à l'instar de Attijariwafa bank, la RAM ou la BMCE. Pour certains spécialistes des investissements en Afrique, le Maroc doit davantage amplifier la force de frappe de sa diplomatie économique pour aider ses entreprises à s'implanter en Afrique. Car la bataille pour obtenir des contrats concernant les projets structurants africains est rude, eu égard aux moyens techniques, financiers voire politiques dont disposent les concurrents directs du Maroc. Cependant, le Royaume peut relever le défi de cette concurrence en assumant davantage son ambition de devenir un investisseur et un partenaire de premier ordre en Afrique. Pour cela, des efforts de rapprochement culturel sont nécessaires et les opérateurs marocains doivent plus miser sur leur identité marocaine, africaine voire musulmane. Une telle stratégie pourrait leur permettre d'avoir une longueur d'avance sur leurs concurrents, très éloignés culturellement avec les populations africaines. Transformer l'essai Gagner d'autres parts de marchés en Afrique sera plus que bénéfique pour le Maroc qui est en quête de réserves de devises. Le continent sera un marché de deux milliards d'habitants en 2050. Il regroupe déjà plus de 12% des réserves mondiales de pétrole, 40% de celles de l'or et 90% de celles de chrome. Plus de la moitié des terres arables sont dans le continent (60%). Le Maroc, un pays avec peu de ressources énergétiques, se doit de tirer profit des gisements d'hydrocarbures dont certains pays africains disposent (Gabon, Nigéria, Guinée équatoriale, etc.). Afin de réussir leur partenariat d'affaires en Afrique, les opérateurs marocains doivent être en mesure d'identifier les risques qui les guettent sur le continent. Par conséquent, les entreprises marocaines doivent être fortes sur le plan stratégique pour faire face à la forte concurrence. En outre, il existe dans certains pays africains des risques politiques, économiques et sociaux très élevés. Il faut, donc, pouvoir les surmonter et de développer des capacités de résilience comme celles des Chinois. Ces derniers sont capables d'entretenir des relations commerciales dans un pays instable. Pour cela, les opérateurs marocains doivent effectuer plus de visites sur le continent et non se limiter aux études de risques réalisées ici et là. Très souvent, ces analyses découragent les entreprises marocaines à investir, pendant que les autres se déploient avec vigueur sur le continent. Les hommes d'affaires marocains devront aussi éviter les écueils de la corruption car cette dernière représente près de 25% du PIB africain. La faiblesse du continent réside aussi dans le fait que qu'il est très dépendant de l'exportation des matières premières qui se caractérise par la fluctuation des prix. Enfin, l'Afrique est une zone où le secteur informel est un mastodonte (42% du PIB). Au final, ce continent a d'innombrables ressources, mais aussi beaucoup de risques. Le Maroc ne pourra réussir son partenariat économique et surtout accroître son leadership que s'il intègre ces facteurs évoqués plus haut.