La Banque des Etats de l'Afrique centrale rabaisse certains de ses taux intérêt. Par cette mesure, qui est applicable depuis le 18 décembre, l'institution qui coiffe six pays d'Afrique centrale entend soutenir davantage l'activité économique dans la sous-région. Le 17 décembre dernier, BEAC, banque centrale des pays de la CEMAC (Cameroun, Centrafrique, Congo, Gabon, Guinée équatoriale et Tchad) a revu à la baisse certains de ses taux d'intérêt. C'était au cours d'une session du Comité de politique monétaire (CPM) organisée à Douala au Cameroun. D'une manière générale, l'ensemble des taux de rémunération des dépôts publics est revu à la baisse. Ainsi, indique le communiqué ayant sanctionné les travaux, le taux d'intérêt sur placement public au titre de fonds de réserve pour les générations futures (Tispp0) passe de 0,75% à 0,5%. Pour sa part, le taux d'intérêt sur placement public au titre du mécanisme de stabilisation des recettes budgétaires (Tispp1) passe de 0,35% à 0,10%. Enfin, le taux d'intérêt sur placement public au titre des dépôts spéciaux est désormais de 0%, alors qu'il était jusque-là de 0,10%. Le CPM a aussi revu à la baisse les taux d'intervention créditeurs de la BEAC. Le taux plancher est désormais de 2,75%, alors que jusque-là, il était de 3,25%. Sur les placements, ces taux créditeurs ont aussi une tendance baissière, en fonction de la durée du placement. Ainsi, la Banque centrale annonce une baisse de ses taux d'intérêt sur placement de 0,10 à 0% pour les placements à 7 jours, de 0,1625 à 0,0625% pour les placements à 28 jours et enfin de 0,225 à 0,125% pour ceux à 84 jours. Le communiqué publié à l'issue de cette réunion indique néanmoins que l'institution a décidé de maintenir inchangé son principal taux directeur. S'adressant à la presse à l'issue de cette session du CPM, l'Equato-guinéen Lucas Abaga Nchama, gouverneur de la Banque centrale et président du CPM, a indiqué que «nos analyses n'ont pas évolué. On reste sur les mêmes bases et c'est pour cela que nous avons été amenés à maintenir le taux directeur que nous avions déjà baissé la dernière fois, pour donner une bouffée d'oxygène au financement de nos économies».En effet, le taux d'intervention créditeur a connu deux baisses successives au courant de l'année dernière. La première fois en juillet 2013 lorsqu'il est passé de 4% à 3,5 %, la seconde fois en octobre, quand il a été revu à 3,25%. Au sortir de cette session du CPM du mois d'octobre 2013, Lucas Abaga Nchama expliquait cette mesure en disant que «nous sommes en train de réformer les institutions monétaires pour mieux soutenir l'activité économique dans notre région». En décidant de baisser son taux directeur «La BEAC (...) adopte à son niveau une politique de flexibilité et de gestion dynamique des taux qui, depuis quelques années, tend à se généraliser dans le monde», commente l'universitaire Bruno Bekolo-Ebé. L'ancien recteur de l'université de Douala appelle cependant à relativiser l'impact de cette décision. En effet, écrit-il dans un article publié par le quotidien gouvernemental Cameroon Tribune, «dans un contexte de surliquidité bancaire, les banques de la sous-région ont très peu recours au refinancement de la BEAC». Ces décisions de la BEAC qui sont entrées en application dès le 18 décembre 2013 interviennent au moment où on note une «décélération» du PIB réel en 2013. Alors que les prévisions le situaient à 3,2%, le taux de croissance du PIB dans la sous-région n'a été que de 2,6%. Cette situation selon le CPM, «résulte de la baisse de la production pétrolière, de la correction à la baisse des investissements publics et du repli des activités dans les BTP». Qu'à cela ne tienne, la Banque centrale est plus optimiste pour 2014 et pense que la croissance de l'économie de la sous-région pourrait s'établir à 5,3%. Cet optimisme est dicté, dit-elle, par la hausse de la production pétrolière et des activités non pétrolières. Obstacle à l'intégration Thierry Ekouti, Dir.pub-Le Quotidien de l'Economie (Cameroun) Annoncée pour ce début janvier 2014, la libre circulation des biens et des personnes dans l'espace de la Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale (CEMAC) tarde toujours à se matérialiser. Il y a même fort à craindre qu'elle ne soit, pour longtemps encore, ajournée. La Guinée équatoriale dès le 31 décembre 2013, a fermé ses frontières avec le Cameroun et le Gabon, ses deux voisins. Les autorités de Malabo avaient déjà indiqué, en novembre 2013 que leur pays n'appliquerait finalement pas cette décision qui avait été prise en juin 2013 par les chefs d'Etats de la sous-région à l'issue d'un sommet organisé à Libreville au Gabon. Au-delà de ce désistement, l'actualité vient de mettre à jour un autre obstacle à ce projet de libre circulation en Afrique centrale. Il s'agit, bien sûr, de la grave crise qui prévaut en République centrafricaine (RCA). Avec l'intervention étrangère dans ce pays pour entre autres désarmer les rebelles de la Séléka, il n'est pas exclu que certains éléments de cette force tentent de s'enfuir dans les pays voisins (en particulier le Tchad, le Cameroun et le Congo). Dans ces conditions, les autres pays de la sous-région peuvent-ils être prêts tout de suite à ouvrir grandement leurs frontières avec le risque de voir s'introduire dans les rangs de leurs populations des individus armés susceptibles de perpétrer à tout moment des actes criminels ? Rien n'est moins sûr.