Des réformes fiscales pour encourager l'auto-entrepreneuriat montrent leurs limites. Ayant pour objectif l'intégration de l'informel, ces même mesures doivent être accompagnées de tout un dispositif. Ce dernier est difficilement traçable, en l'absence d'une vision nationale basée sur une stratégie globale urgente. Rien de plus éloquent que le taux de chômage, affiché récemment à 9,1%. Ce taux, relativement élevé, ne saurait être résorbé par l'unique piste de l'auto-entrepreneuriat. C'est du moins un constat sur lequel s'accordent de nombreux analystes. Et pour cause, la faisabilité des politiques économiques en direction de l'informel reste tributaire d'un certain nombre de conditions que l'Etat peine à remplir au regard de la situation. Le secteur informel étant aujourd'hui considéré comme étant un vecteur essentiel du fonctionnement du marché de l'emploi, il pousse l'Exécutif à considérer deux données essentielles, à savoir l'offre et la demande. Des pistes ont été suivies, avec notamment la responsabilisation des acteurs du secteur, en stimulant une certaine auto-organisation via la formation, l'offre d'appuis techniques et l'émergence du concept de coopératives. Un système complexe Du côté de la demande, un dispositif dédié a été mis en place, afin de permettre au secteur informel un meilleur accès aux marchés publics et privés, ainsi qu'en réalisant un travail de promotion sur le volet de l'exportation. Mais cette approche a rapidement montré ses limites, dans la mesure où l'Etat devait prendre à son compte la responsabilité et la charge financière inhérentes à la réalisation d'études de marché et la mise en place de moyens institutionnels et réglementaires adéquats. Dans la situation actuelle, ceci pourrait s'inscrire sur la liste du «difficilement réalisable», aussi bien sur le volet financier que sur le volet politico-économique. À cela s'ajoute la vitesse fulgurante à laquelle se développe l'informel, en ce sens qu'il s'inscrit dans une dynamique démographique en constant développement. Ce tableau ainsi dressé exprime plus clairement les points de blocage, mais également les limites d'une simple réforme fiscale. L'émergence d'une réelle tendance entrepreneuriale qui ferait barrage à l'informel reste également tributaire de nouvelles disposition notamment éducationnelles, avec une réforme de l'éducation et plus précisément de l'offre de formation, ainsi que la sensibilisation des jeunes désirant se lancer dans l'entrepreneuriat. Tous ces blocages ainsi listés permettent de dresser un bilan mitigé. Les administrations publiques ne ménagent vraisemblablement pas leur effort pour intégrer ces structures «hors-la loi», mais il demeure qu'un manque de vision globale reste déploré dans le milieu des affaires quant à cette question; d'où l'attente d'une stratégie nationale dont le retard se fait sentir.