«Art game» est le résumé des derniers travaux de Najib Marsil. L'artiste plasticien s'amuse à y jouer avec les sens, les orientations et les couleurs. Une exposition que le Grand Comptoir de Rabat accueille jusqu'au 12 avril. De toile en toile, l'œil a l'impression de parcourir un chemin semé d'embûches qu'il se plaît à dépasser pour découvrir un imaginaire et une liberté totale d'expression. Najib Marsil peint spontanément et cela se voit. Tel un jeu permanent, il jette les dés de la vie et gère les conséquences artistiques en approfondissant et en se démarquant toujours plus. Ce n'est pas pour rien que l'artiste plasticien a pensé à une installation des plus inédites que l'on peut voir au Grand comptoir de Rabat. «Pour moi, l'art est un jeu. J'implique le spectateur et je lui propose de jouer avec des toiles, ce qui n'a jamais été fait jusqu'à présent. La conception se fait à partir d'un triptyque, on monte, on descend et on a 27 manières différentes d'accrochage : paysage, portrait etc......Cela donne plusieurs propositions aussi différentes les unes que les autres», confie l'artiste autodidacte de père marocain et de mère allemande. Une mère qui n'a pas toujours été présente et dont l'absence a beaucoup joué dans son travail, transformant cet univers en jeu de «maux». En effet, l'imaginaire de Marsil est coloré entre la nature, l'aube, le crépuscule, la vie en vrai, le bain et la femme. Le corps de la femme est omniprésent, toujours poétique et raffiné, jamais osé , peut-être parce qu'à l'instar de Don Juan qui cherche la femme dans les femmes, Marsil cherche la mère. «La femme a toujours été mon sujet de prédilection. Ma mère est partie quand j'avais 4 ans. Je l'ai revue 24 ans plus tard. Pour moi, la maman est un grand point d'interrogation. Lorsque j'expose la femme, c'est toujours d'un point de vue maternel, avant le côté sensuel ou tout ce qu'un homme peut aimer chez la femme. Il y a cette absence maternelle, qui est là. Elle ressort de façon spontanée et narrative. Chaque toile a un style différent de l'autre. Je travaille vraiment dans le spontané. J'ai une démarche de travail, mais sinon, ce sont les éléments qui m'entourent et ce que je vis qui vont me donner l'inspiration pour créer». Créer un univers qu'il a rêvé, qu'il a sûrement pensé et idéalisé en tant qu'enfant, un monde meilleur à mi-chemin entre le surréalisme, l'abstrait et le figuratif. Cet enfant en lui est toujours présent à travers cette envie de jouer et de jouer avec l'autre, surtout. «Ce qui se passe dans ma tête c'est que ça n'arrête pas de tourner dans tous les sens, 24h/24. À un certain moment, une image va me parler, une image vue dans un magazine, que je colle de façon complètement spontanée et que j'utilise plus tard dans mon processus de création», rappelle Najib Marsil, qui n'hésite pas à dire qu'il a une expérience de 47 ans du haut de ses 47 ans... Une vie dédiée à l'art, héritage d'un père et d'un grand-père tout deux peintres. Marsil a grandi avec une toile vieille de 100 ans pour exemple et modèle. Ce jeu de l'amour et du hasard ne s'arrête pas là, puisque l'artiste pense à un système de rotation pour développer son travail. «La prochaine étape va s'articuler autour de la rotation. Pour l'instant «Art game» ne bouge que de façon horizontale ou verticale. Je souhaite avoir une œuvre qui se déplace dans tous les sens. C'est plus compliqué certes, mais on va y arriver... ». Un jeu d'enfant qui se poursuit jusqu'au 12 avril, au Grand comptoir de Rabat.