Au-delà de la géographie, se dessine une nouvelle cartographie plastique assurée par l'artiste peintre russe de renom Igor Loguinov ( né en 1975 à Gus-Khrustalny, région de Vladimir, en Russie) , celle d'un processus créatif singulier, gardant la trace d'un cheminement emprunté par sa sensibilité visuelle. Tantôt démarche néo orientaliste, tantôt aboutissement expressif, le style forgé par Igor marque son univers imaginaire des scènes pittoresques et symboliques, explorant les thèmes les plus révélateurs d'actualité, créant ainsi un monde iconographique qui vacille entre le cubisme et le romantisme. Son pacte plastique se caractérise par une intensité des couleurs et un jeu de formes exploitant les notions de fragmentation et d'entrelacement. La démarche de l'artiste Igor, qui réside au Maroc depuis novembre 2000, est la conjugaison d'une histoire personnelle (avec la reprise de l'école russe qui consiste à revisiter les structures de la réalité selon une vision constructiviste) et de recherches issues de la création contemporaine. Son matériau, la peinture à l'huile, constitue la base de son expression plastique. Il développe un processus de travail : l'interprétation subjective de la nature objective, explorant les notions de profondeur et d'instantanéité. Sa première carrière de formation en médecine (études supérieures à l'Université de médecine à Moscou) lui permet de développer des techniques telles que l'observation et l'analyse et des savoir-faire tels que la minutie. Son goût pour l'évasion, la méditation et le détail, le conduit à bien saisir le monde des êtres et des choses avec une grande faculté imaginative. Cette maîtrise technique et cette sensibilité constituent l'origine de sa démarche. Elle consiste à mettre en espace des objets et des personnages allégoriques dans des scénographies narratives. Sur l'univers de ses œuvres polysémiques, Dr.Abdellah Cheikh, critique d'art, écrit : « La représentation minutieuse d'éléments réels avec modèles, perspectives atmosphériques et ombres portées, donnent à penser que les œuvres d'Igor sont porteuses de sens et d'allégories : ces figures ne proposent que leur apparence issue d'un monde intérieur à méditer à remédier ». Influencé par la musique, imprégnée des voyages, des lectures, des scènes atypiques du Maroc, il élabore une écriture plastique foisonnante et combien allusive. Sa peinture onirique développe une vision tant structuraliste que symbolique et imaginaire, où la notion de temps est prépondérante. Il y a urgence pour construire et déconstruire, il y a urgence pour peindre et contempler sur les traces de grands maîtres. Le rythme présent sur la surface peinte fait écho à l'âme vivante de l'artiste. Tel un savant illuminé, il gère spontanément la surface du support en mettant en toile la dynamique du geste. Plasticien néoréaliste, Igor élabore, à partir des toiles bien élaborées, des structures visuelles éloquentes qui questionnent les valeurs spatiotemporelles : Elles sont à la fois l'expression idéalisée d'une durée et le témoignage d'une mémoire ou d'un souvenir. Sa rencontre avec les repères de la culture marocaine dans sa diversité déclenche son intérêt pour l'esthétique moderne. Paysagiste mais aussi expressionniste, il se consacre à la création d'univers insolites nourris des études sur l'esprit du Maroc et sa magie indicible. Il se nomme lui-même « plasticien-expressionniste ». Par le contact direct avec la nature, le toucher des matières, il instaure un rapport à la fois physique et méditatif avec le processus de création. Nourri de ses expériences approfondies, Igor s'investit dans l'art néo figuratif qui échappe à tous les canons normatifs. Ainsi, il interroge par sa pratique picturale la relation à l'autre, personne connue ou inconnue, et par là-même l'appartenance de l'œuvre. Par ce moyen de communication, il développe un langage poétique peuplé d'images peintes, dessinées, colorées, où il exploite tant les données formelles que sémantiques de notre existence effective. Reste à souligner que l'artiste Igor prendra part à une grande exposition collective organisée sous le titre « Les mains qui voient» du 12 au 26 décembre au Forum de la Culture à Casablanca (ex. Cathédrale Sacré Cœur).