Frédéric Louat Administrateur directeur général de Zurich Assurances Maroc Les ECO : Le marché de l'assurance au Maroc est largement dominé par l'assurance automobile. Comment devraient évoluer les primes émises du secteur en 2014, sachant que cette année coïncide avec l'organisation du Salon de l'automobile ? Frédéric Louat : Effectivement, nous nous rendons compte que, tous les deux ans, il y a une augmentation des ventes des véhicules neufs à l'occasion de la tenue du Salon de l'automobile. Nous attendons donc les effets du salon cette année, et nous espérons que cet effet sera important. Il y a eu, depuis le début de l'année, un nouveau ralentissement de la vente et de l'assurance des véhicules neufs. Nous anticipons un rattrapage durant le Salon de l'automobile. Toutefois, nous ne nous attendons pas à une progression très forte de la vente des véhicules neufs sur l'ensemble de l'année 2014. Nous espérons néanmoins avoir une année honorable. De notre côté, nous allons nous appuyer sur nos fondamentaux, la qualité de nos services, la qualité de l'image de Zurich qui s'est renforcée en novembre et décembre derniers et la proximité que nous avons avec les clients et les prospects pour profiter du surcroît de vente durant le salon. Le marché de l'assurance marocain est principalement tiré par les assurances obligatoires. Bientôt seront instaurés deux types d'assurance et de manière obligatoire. Apporteront-elles un plus au secteur de l'assurance ? En effet, il y a un projet de loi qui vise à rendre obligatoire deux types d'assurance. Il s'agit de l'assurance dite «Tous Risques Chantier» (TRC) et de l'assurance «Responsabilité Civile Décennale» (RCD). C'est un projet de loi assez complexe à élaborer, qui nécessite l'intervention de plusieurs ministères. Les compagnies d'assurance doivent se préparer à la mise en place de cette loi. Tout d'abord, chaque compagnie va améliorer sa capacité de souscription à ces risques là. Il faut savoir que ce sont des risques qui ne sont pas toujours attractifs pour les assureurs. Dans ce sens, une réflexion a été menée pour savoir comment l'on peut rendre obligatoire une couverture si les compagnies n'ont pas d'appétit pour certains risques. Il y a donc tout un processus en cours d'élaboration qui doit permettre, à terme, de garantir que tous ceux qui doivent s'assurer contre ces risques trouveront une assurance. À terme, ces nouvelles assurances obligatoires amélioreront la protection du public, et elles devraient avoir également un effet positif sur le secteur de l'assurance. Les revenus des placements financiers ont contribué de manière significative aux résultats de Zurich. Comment est constitué votre portefeuille de placement ? Nous avons un portefeuille de placement d'un montant global de 3 MMDH. Ce portefeuille intègre d'abord un placement immobilier qui est le siège de Zurich Assurances Maroc. Notre exposition au marché actions est sensiblement inférieure à celle de la moyenne des assureurs au Maroc. La plus grande partie de nos investissements est constituée d'obligations. Notez que, vu le côté très prudent de notre politique de placement, il s'agit uniquement de bons du Trésor et des obligations garanties par l'Etat marocain. Quelle sera votre politique de placement en 2014 vu que les taux obligataires sont au plus bas ? Comptez-vous aussi augmenter la valeur de votre portefeuille ? Nous ne décidons pas de la taille de notre portefeuille d'investissements. Sa taille dépend du résultat de l'activité d'assurance: plus l'activité est soutenue, plus on a des montants à investir. Toutefois, l'on s'attend à ce que ce portefeuille continue à croître. Stratégiquement parlant, notre politique de placement ne va pas changer. Nous allons toujours continuer à privilégier la sécurité et la prudence. Dans ce sens, le niveau de placement dans les actions restera modéré. Ceci dit, nous avons également une politique tactique d'allocation d'actifs qui fait que nous avons une marge de manœuvre qui dépend des évolutions du marché. En cas de chute des actions, nous ne sommes pas agressifs sur ce marché. En revanche, quand nous anticipons une reprise, nous nous positionnons sur les actions. Sachez qu'aujourd'hui, nous sommes un peu plus exposés sur les actions que nous l'étions il y a un an, mais il s'agit d'une décision d'ordre tactique. Stratégiquement parlant, nous restons principalement sur le marché obligataire. Cette année, l'on estime qu'il y a un risque de signature élevé sur les obligations privées. Cela n'affectera-t-il pas vos décisions d'investissement sur ce marché ? Le risque de crédit nous affecte de deux façons. En termes de placements, le risque de crédit ou de signature n'est pas un problème pour nous car nous ne prenons que des risques bien maîtrisés: notre stratégie prudente nous dicte d'investir dans des obligations privées seulement s'il y a une garantie souveraine ou un rating international. En pratique, au Maroc, nous investissons donc uniquement dans des obligations garanties par l'Etat et dans les bons du Trésor. Le principal risque de crédit qui nous affecte est celui d'impayés sur les primes d'assurances. Il s'agit donc d'un problème de recouvrement classique.