Le gouvernement a lancé il y a deux semaines une campagne de répression contre les fabricants, importateurs et distributeurs de sachets en plastique non biodégradable, faisant fi des préoccupations des professionnels du secteur. Depuis le 24 avril, le gouvernement camerounais, à travers le ministère de l'Environnement et de la protection de la nature, a lancé une grande chasse aux emballages en plastique non biodégradable. Cette traque se fait dans les grandes surfaces, les boulangeries, et même dans les usines de fabrication de cette matière. À Bafoussam par exemple, dans l'ouest du pays, plus de 3.500 kg de cette matière ont d'ores et déjà été saisis depuis le début de cette opération, dont 1.300 kg dans d'une usine de fabrication, nonobstant les explications des responsables qui ont indiqué que leur production était destinée à l'exportation. Cette campagne est le volet répressif d'un texte signé il y a environ deux ans. En effet, en octobre 2012, le ministre de l'Environnement et celui du Commerce avaient signé un arrêté conjoint pour donner un délai de 18 mois aux fabricants, importateurs ou distributeurs d'emballages plastiques non biodégradables pour se conformer à la nouvelle réglementation, laquelle interdit dès avril 2014 la fabrication, l'importation et la distribution d'emballages non biodégradables d'épaisseur inférieure ou égale à 60 microns. Le gouvernement camerounais voulait ainsi s'attaquer à l'omniprésence des emballages plastiques non biodégradables dans l'environnement. Jusque-là, c'est avec ce type d'emballage que l'on se faisait servir à l'épicerie du coin, au marché des vivres, dans les supermarchés, à la boulangerie, chez le boucher, etc. Comme on pouvait s'en douter, l'application de cette mesure met le gouvernement en porte-à-faux avec les opérateurs économiques exerçant dans ce secteur d'activités. Dans une interview accordée le 2 mai au Quotidien de l'Economie, le président de l'Association camerounaise des professionnels de la plasturgie (AC2P) regrette le fait que le ministère de l'Environnement n'ait pas pris en compte la position exprimée par les chefs d'entreprises du secteur lors de rencontres organisées en janvier et février 2014. «Dans les discussions que nous avons eues avec le ministère de l'Environnement, nous nous étions mis d'accord sur le fait que nous ferions comme dans d'autres pays, notamment le Gabon et la Côte d'Ivoire qui produisent des sachets avec des additifs oxo-biodégradables; mais, nous nous rendons compte que le message délivré aujourd'hui concerne l'interdiction de tous les plastiques non biodégradables et oxo-biodégradables de moins de 60 microns», indique Emmanuel Wafo. Effectivement, après la date butoir du 24 avril, Pierre Hélé, le ministre de l'Environnement et de la protection de la nature, avait signé un communiqué interdisant les emballages en plastique oxo-biodégradable qui ont la particularité de se fragmenter au bout d'un certain temps dans la nature. À ce jour, le ministère de l'Environnement ne s'est pas encore expliqué sur ce revirement, se contentant de citer les exemples du Rwanda et du Tchad où l'interdiction des emballages en plastique a été un succès. «Il ne faut pas qu'on perde de vue qu'au Tchad par exemple, où l'on décide d'interdire le plastique alors qu'il n'existe pas une seule unité de fabrication du plastique», répond l'AC2P. Donc, poursuit-il, «dans ces pays, c'est un peu plus facile, puisque cela n'a pas de répercussion tant du point de vue des investissements que de celui des emplois». Or, au Cameroun, l'on apprend que depuis le début de cette répression, certaines des entreprises de la filière ont déjà mis 200 personnes en chômage technique. Un bilan qui pourrait bien s'alourdir dans la mesure où les sept entreprises du pays qui produisent ces matières représentent quelque 2.000 emplois directs. Si les professionnels de la plasturgie savent que même l'oxo-biodégradable n'est pas la solution aux matières plastiques, ils proposent au gouvernement de mettre un accent sur le recyclage, étant donné que la technologie pour fabriquer le bioplastique (le biodégradable proprement dit) est trop coûteuse... Thierry Ekouti, Dir.pub-Le Quotidien de l'Economie (Cameroun) Proposition insistante Une mission du Fonds monétaire international (FMI) vient de passer deux semaines au Cameroun pour procéder à une évaluation de l'économie. Deux leçons se dégagent. D'abord, il y a la correction du taux de croissance pour 2013. Alors que les dernières chiffres parlaient plutôt d'un taux de 4,8%, le FMI indique que le produit intérieur brut du Cameroun a crû de 5,5% en 2013. Cette rectification reste néanmoins en dessous des prévisions que l'Etat avait placées à 6,1%. Ensuite, il y a le renouvellement de la demande du FMI au Cameroun de cesser de subventionner son carburant, car cette subvention qui augmente d'année en année (près de 686 millions d'euros en 2013) prive l'Etat d'importantes ressources et se révèle peu efficace. Echaudé par les programmes d'ajustement structurel imposés durant les années 1990 avec des résultats mitigés, l'opinion nationale se méfie de la proposition du FMI, redoutant une augmentation du prix du transport urbain et interurbain. Il paraît pourtant nécessaire d'accorder un certain crédit à la proposition insistante de ces deux institutions de Bretton Woods car, pour ces dernières, en fixant les prix du carburant à la pompe à leur juste niveau, l'Etat collecterait d'importantes recettes qui lui permettraient de subventionner le transport en commun pour permettre de maintenir les tarifs actuels, évitant l'inflation appréhendée. Vu sous cet angle, la subvention atteindrait probablement son objectif en profitant beaucoup plus aux personnes démunies qui sont plus concernées par le transport en commun.