L'Afrique affiche l'un des taux de chômage les plus élevés au monde, après celui de l'Europe. Le taux de chômage est de 12% en Afrique, contre 9,1% en moyenne dans le monde. L'inadéquation formations/besoins des entreprises est de plus en plus marquée. Le continent fait face à de réels défis structurels quant il s'agit de la création d'emplois. Selon le dernier rapport de la Banque africaine de développement (BAD), rendu public en marge du lancement de sa nouvelle stratégie capital humain, «la plupart des pays africains sont aux prises avec le double problème de création d'emplois et de fidélisation des travailleurs qualifiés», peut-on lire d'entrée dans ce rapport. Côté chiffres, rien de rassurant : L'Afrique affiche l'un des taux de chômage les plus élevés au monde, après celui de l'Europe. Le taux de chômage est de 12% en Afrique, contre 9,1% en moyenne dans le monde. Les jeunes de la tranche 15-24 ans représentent 60% des sans-emploi du continent. En Egypte, à l'Île Maurice, au Maroc, en Afrique du Sud et en Tunisie, les jeunes sont deux à six fois plus exposés au risque de chômage que les adultes. Les jeunes femmes sont encore plus exposées à ce risque. Le secteur informel, potentiellement dynamique et prospère, n'a pas été à même d'absorber le grand nombre de demandeurs d'emploi. Décalage formation/emploi Le problème d'inadéquation entre les formations offertes et les besoins réels des secteurs privés africains est également soulevé dans le rapport de la BAD. Les experts de l'organisme constatent en effet qu'il y a un «énorme» décalage entre les compétences produites par le système éducatif et les besoins du marché du travail. «Le nombre de diplômés de l'enseignement supérieur a triplé en Afrique subsaharienne, passant de 1,6 million en 1999 à 4,9 millions en 2009, de même que le nombre de jeunes sans emploi», explique-t-on. Les programmes d'enseignement et de formation techniques et professionnels (EFTP) ont le potentiel de combler le décalage entre les compétences, mais ce sont des filières moins populaires. «Dans de nombreux pays africains, les employeurs estiment que le niveau inapproprié de formation de la main-d'œuvre est un obstacle entravant la pratique des affaires et que les pénuries de compétences sur le marché du travail préoccupent tout particulièrement les investisseurs», rapportent les économistes de la BAD. Déficit d'infrastructures de formation Par ailleurs, le continent connaît un grand déficit en centres d'EFTP de qualité, bien équipés et parvenant à doter les jeunes de compétences de haut niveau qui répondent à la demande. La banque recommande de «renforcer les compétences en fonction de la demande et de l'innovation, pour améliorer la productivité du secteur formel, mais aussi pour dynamiser le secteur informel». Les auteurs du rapport pensent également que les pays africains doivent «perfectionner les compétences dans les professions habituelles (enseignants, infirmiers/infirmières et médecins, par exemple), ainsi que dans les domaines de la science, de la technologie, de l'ingénierie et des mathématiques», pour faire face à l'évolution rapide de la situation politique et socioéconomique. L'autre challenge que devrait relever le privé africain est d'être capable «d'acquérir rapidement et de fidéliser les compétences». Selon l'institution financière panafricaine, l'exode des travailleurs hautement qualifiés constitue un énorme défi dans certains secteurs et notamment dans les secteurs de l'éducation et de la santé. Les experts de la Banque pensent en effet que les Africains font partie des travailleurs les plus mobiles au monde et la migration est au centre des stratégies de la plupart des familles africaines. La grande majorité des Africains migrent à l'intérieur du continent, essentiellement de façon irrégulière et en marge de la règlementation. Cela étant, la lenteur de l'intégration régionale continue de peser sur la mobilité des travailleurs, affectant la compétitivité et la productivité.