Faire mieux que les éditions précédentes était une tâche difficile, mais pas impossible, surtout pour Essaouira. Pour cette 17e édition, le Festival Gnaoua et musiques du monde a su rallier les valeurs de l'Afrique à celle du monde, le temps d'un week-end prolongé. Fusions de l'au-delà, transes, rencontres et un samedi soir qui rentrera dans les annales de la musique. Un régal que l'on partage volontiers avec vous... Marcus Miller était bien à Essaouira. Ce n'est pas un rêve, ni un mirage mais bien une réalité. Une réalité qu'un des plus grands musiciens au monde et dans l'histoire de la musique n'arrive pas à intégrer. «Je suis ravi d'être là et de pouvoir partager la musique gnaouie avec des grands mâallems. C'est un rêve pour moi». Quand certaines mauvaises langues pensent à la démagogie, Marcus Miller le prouve sur scène ce samedi soir d'anthologie où le temps s'arrête et où on ne compte plus les heures. C'est dans une espèce de dimension parallèle, que Mâallem Baqbou, d'un naturel déconcertant et sans être impressionné le moins du monde par maître Marcus, donne une leçon de musique et de partage aux musiciens américains, sous le charme. «Le guembri est l'ancêtre de la basse, je viens à la rencontre des racines. Je suis ravi et honoré d'être là», confie Marcus Miller, qui s'offre une virée vers les racines africaines pour son 55e anniversaire. Ibrahim Maâlouf, quant à lui, n'en revient toujours pas de l'accueil qui lui a été réservé à Essaouira. Pour lui, un public aussi chaleureux et présent, qui connaît ses morceaux et les aime, confirme le fait que sa musique a sa place ici, tout particulièrement. Les mâallems ont eu leur moment de gloire et ont su prouver aux grands que le Maroc est doté d'une richesse culturelle que le monde nous renvoie, à l'image des grands maîtres Baqbou, Marchane, Boussou , Gunea, le grand Hamid El Kasri, pour ne citer qu'eux. Et les fusions des premiers jours comme cette ouverture en apothéose avec le violoniste français Didier Lockwood, qui a mis au placard la rigueur du jazz et du classique pour entrer dans la danse et la transe gnaouies ou encore Mario Canonge, qui a apporté la douceur des îles de son clavier à Essaouira. Comment oublier les concerts à la plage de la belle Ayo et du groupe Meta & the Cornestones, avenir certain du reggae new génération... C'est une 17e édition comme on ne pouvait pas espérer mieux. Que nous réserve la prochaine, qui fêtera la majorité du Festival gnaoua ? L'avenir nous le dira...