Durant quatre jours, les frontières tomberont entre musiques et cultures des quatre coins du monde, à l'occasion de la 17è édition du Festival Gnaoua et musiques du monde, organisée du 12 au 15 juin à Essaouira, sous le Haut Patronage de SM le Roi Mohammed VI. Des musiciens et artistes de tous horizons, des passeurs de culture, des ambassadeurs du patrimoine de leurs pays, des artistes aux destins croisés et aux racines multiples ou des globe-trotteurs de la musique mondiale se produiront sur scène, confronteront leurs musiques et mélodies respectives et réinventeront un nouveau répertoire pour l'humanité. «Cette édition sera spéciale avec une programmation unique, mettant au coeur de l'événement des rencontres entre des grands maâlmin gnaoua et des artistes des musiques du monde», indique, à la MAP, la directrice du Festival, Neila Tazi. «L'Afrique sera également à l'honneur», a-t-elle souligné, précisant : «Nous avons toujours défendu notre appartenance au continent africain à travers ce projet culturel, qui montre les racines africaines du Maroc et une partie de notre histoire, de notre culture et de nos liens avec les pays sub-sahariens». Ainsi, et comme d'habitude, les fusions constituent la principale attraction de cette édition, avec en tête d'affiche le métissage musical entre maâlem Hassan Boussou, authentique gnaoui expérimenté de la fusion, Didier Lockwood, musicien français qui aime se confronter aux cultures du monde et Foulane, joueur de rebab gadiri qui apportera une touche amazighe à cette fête. A ne pas rater également, le project maâlem Abdeslam Alikkane et sa formation Tyour gnaoua et le quartet Sefarat Al Khafâa, qui renvoie à l'histoire d'une belle rencontre artistique entre, respectivement, un As de tagnaouite, avec des jeunes musiciens qui ne connaissaient rien à cet art au départ, mais qui en ont appris les rudiments pour en faire une partie de leur vie, et quatre musiciens français qui ont été initiés à tagnaouite à Essaouira pour former le premier groupe gnaoua non-marocain. Les mélomanes auront également rendez-vous, en soirée de clôture, avec maâlem Hamid El kasri, un des maâlemin les plus appréciés et les plus sollicités, grâce à son talent et surtout sa voix, et le Malien Bassekou Kouyate, virtuose du n'goni (instrument musical traditionnel africain) et héritier de la plus pure tradition griotique mandingue, qui sera accompagné de sa formation Ngoni Ba. Se prêteront également au jeu de la fusion le maâlem Mohamed Kouyou, qui a hérité l'art gnaoui de sa mère et qui compte, notamment, à son actif une fabuleuse prestation en 2008 aux côtés de la légende vivante du jazz américain Wayne Shorter, avec Mario Canonge, pianiste martiniquais multiculturel et maâlem Mustapha Baqbou, connu pour ses fusions exceptionnelles avec des artistes internationaux de renom tels que Pat Metheny, Louis Bertignac et Eric Legnini, en compagnie de Marcus Miller, l'un des plus grands bassistes du monde. Le public vibrera également aux rythmes du trompettiste atypique libanais, Ibrahim Maalouf, de la chanteuse «tzigano-nigérienne», née en Allemagne, Ayo, de Meta et Cornerstones, un groupe d'origines métissées qui célèbre la fraternité en chantant en plusieurs langues et dialectes, de la formation casablancaise Derdba et de Kif Samba, qui s'est forgé un style fait du mix des rythmes traditionnels et des musiques envoûtantes de la nouvelle génération. Le programme prévoit également des concerts intimistes animés par des maâlmin gnaoua, des Aissaoua d'Essaouira et de Meknès et des Hmadcha, qui se produiront en hommage posthume au journaliste Et-tayeb Houdaifa. Cette édition sera également marquée par l'organisation d'un Forum les 13 et 14 juin sous le thème «L'Afrique à venir», qui réunira des universitaires, chercheurs, anthropologues, politiques, acteurs associatifs et artistiques, journalistes et écrivains marocains et étrangers autour de quatre axes ayant trait au «Regards historiques», « Dynamiques actuelles : Etat, mobilités, crises», «Cultures, identités, dynamiques et recomposition» et «L'Afrique à venir». Ainsi, une multitude de thèmes seront abordés, comme «L'Afrique et la mondialisation, une longue histoire», «Pour un enseignement de l'histoire de l'Afrique au Maroc», «Repenser les relations historiques entre l'Afrique du nord et subsaharienne à travers l'étude des minorités religieuses et ethniques: cas des juifs sahariens», «Identités, territoires et Etat en Afrique» et «Maroc, politique migratoire et comment penser le pluralisme religieux». La «Libre circulation des personnes en Afrique : réalités et défis», «Cognitions sahariennes et hassaniennes du Sahara atlantique», «Mobilité forcée à partir de l'Afrique subsaharienne vers le Maroc : perspectives d'intégration», «Avenir et métissage en Afrique», «Regard croisé entre la musique Gnaoua au Maroc et la musique Yarma au Burkina Faso : similitudes et spécificités», «Musique chez les harratins de Mauritanie», «Afro optimisme, mythe et réalités», «Quelle Europe pour une Afrique libre et prospère : place et rôle des femmes» et «Comment faire de la jeunesse africaine un levier de développement ?», sont autant de sujets qui seront débattus lors de cette rencontre.