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Clôture de la 17ème édition du Festival Gnaoua d'Essaouira : La fusion dans toute sa splendeur
Publié dans L'opinion le 20 - 06 - 2014

Le festival sans frontières a été, encore une fois, l'occasion de réunir instrumentistes et vocalistes pour se délecter des musiques d'hier et d'aujourd'hui. Les concerts du festival sont toujours des moments émouvants. La fusion entre musique Gnaoua et musiques du Monde offre des moments de magie musicale typiquement exclusifs et magiques du festival Gnaoua. Il est incontestable qu'à travers l'expression de l'art gnaoua, c'est toute la puissance de la culture africaine qui résonne en terre marocaine et bien au delà.
Le festival Gnaoua ancre davantage son identité dans un territoire africain tout en élargissant ses horizons. La fusion musicale entre patrimoine gnaoua authentique et musiques du monde, reste les moments les plus forts à chaque édition du festival. La grande prestation de fusion avec Marcus Miller en a été la démonstration.
La rencontre entre ce bassiste d'exception (parmi les meilleurs du monde) avec Maâlem Baqbou a donné lieu à une expérience sensorielle explosive. Un moment musical totalement singulier né de cette rencontre transatlantique. Le bonheur des musiciens sur scène était contagieux. Le concert a duré bien plus que prévu. Jusqu'à 3 heures du matin, plaisir de jouer et joie de partager se sont mélangés donnant lieu à un objet musical improbable et bouleversant. C'est indiscutablement l'une des fusions des plus réussie de toutes.
Essaouira est aussi devenue la ville repère des artistes. En 2006, Ibrahim Maalouf -jusque là inconnu du grand public - a été invité par le festival Gnaoua et Musiques du Monde. Il revient cette année avec son dernier album "Illusions", avec beaucoup d'émotion. Ibrahim Maalouf a rêvé de revenir à Essaouira et son rêve s'est réalisé le samedi 14 juin sur la place de Moulay Hassan.
Le choc musical était de taille. La trompette au quart de ton de l'instrumentiste a fait vibrer la ville des vents. Du jazz oriental réinventé, bitumeux et doux à la fois. Un concert cyclique où la fin d'un morceau n'était que la promesse d'une nouvelle partition bouleversante. Le musicien avait perdu sa voix lorsque le public avait réussi tout son répertoire avec lui. Il en garde le meilleur des souvenirs sur scène.
Autre rencontre fantastique, celle du martiniquais Mario Canonge et Maâlem Mohamed Kouyou. Un clavier cosmopolite qui rencontre une musique transversale : Le résultat est un format musical qui est sorti des tripes des uns et des autres. L'euphorie était vécue à la fois par le public et par les artistes avec de bons moments de musique intense.
Le public du festival Gnaoua mérite tous les éloges et tout le respect. La réussite du festival vient droit de chez lui. Un auditoire de mélomanes (jeunes et moins jeunes) qui sait bien apprécier la musique dans sa richesse culturelle et dans sa diversité ethnique. Le festival d'Essaouira est aussi un découvreur de talents. La surprise de Derdba de Casablanca était de taille. Leur polyrythmie n'a pas manqué de marquer les esprits des festivaliers.
La transe était bien évidemment au rendez-vous. Dar Souiri et ses rencontres réservées aux initiés a été un espace hors temps où le public s'est laissé aller aux plaisirs des lilas avec les Maâlem El Khadir Chawqi, Abdelaziz Soudani ou encore Ahmed Baqbou. Que dire des grands Maâlem tels Mahmoud Guinéa et Marchane qui se sont produits sur les grandes scènes, sinon qu'ils ont sans aucune surprise retrouvé leur public traditionnel et conquis de nouveaux adeptes au tagnaouite. Encore une fois, l'envoûtement du guembri a opéré sans grande difficulté.
La musique a rythmé ces folles soirées musicales alors que des rencontres passionnantes ponctuaient les journées. Le festival d'Essaouira a été, cette année encore, le lieu d'échanges et de débats de haute facture. «L'Afrique à venir» était l'objet de toutes les attentions lors du forum. 20 intervenants de marque étaient au rendez-vous de cette rencontre africaine.
Créé il y a trois ans, en partenariat avec le Conseil National des Droits de l'Homme (CNDH), le forum a ouvert son premier panel «Regards historiques», après une introduction de Neila Tazi. «Le Maroc, de SM Mohammed V à SM Mohammed VI a toujours répondu à ses engagements africains», a expliqué la productrice et directrice du Festival donnant ainsi le ton à ces discussions.
Le festival s'est clôturé sur une rencontre à l'essence africaine. Le concert de Hamid El Kasri et Bassekou Kouyaté & N'goni Ba a été un véritable ravissement musical. Un des moments émouvants de cette édition ! Un cadeau délicat, une rencontre rare. Neila Tazi, productrice et directrice du festival, dira que la musique et les arts joueront un rôle fondamental dans le devenir du continent africain et donc du Maroc, et comme le disait Nelson Mandela : «la politique peut être renforcée par la musique, mais la musique a une puissance qui défie la politique».
La grande nouveauté de la 17 ème édition est la publication de l'anthologie Musicale des Gnaouas. L'anthologie est composée d'un enregistrement audio qui dépasse 14 heures avec 9 Cds. La totalité des textes chantés ont été transcris en arabe et traduits en français. L'anthologie comprend également un livre composé de textes apportant un triple éclairage : historique, anthropologique et musicologique ; ainsi que les biographies des maalmines gnaoua. Du beau travail fait par l'association Yerma Gnaoua dans le cadre de sauvegarde et de la valorisation du patrimoine Gnaoua.
Rendez-vous l'année prochaine à Essaouira pour de nouvelles découvertes musicales dont désormais la fusion avec les Gnaoua devient une réussite de plus en plus grande, de plus en plus recherchée et de mieux en mieux appréciée. La fusion entre la musique Gnaoua (dont le jazz, l'afro-caribéen, le soul, le reggae, la musique indo, la musique soufie, entre autres...) et les musiques du monde devient incontournable car elle forme le capital principal du festival patrimoine Gnaoua par excellence.
Reste à signaler que le festival Gnaoua et la ville d'Essaouira font un durant le festival. Toute la ville dans ses coins et recoins est envahie par la musique gnaoua. Un phénomène unique au Maroc. C'est le festival par excellence par lequel tout le développement est venu à Essaouira. Le développement socio économique et culturel que connaît la ville actuellement trouve son origine dans l'organisation de ce festival, par qui toute la renommée touristique de la ville est venue. Bravo à toute l'équipe de l'organisation et à tous les éléments des forces publiques qui ont excellemment veillé à ce que le festival se déroule dans d'excellentes conditions ; ce fut le cas effectivement.


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