Le Festival Gnaoua des Musiques du Monde fait partie de la maison d'Essaouira. La construction a duré quinze ans et n'est pas encore terminée. Justement, les architectes de ce joyau ont le goût de l'inachevé et c'est tant mieux. Ce festival pas comme les autres a façonné la vie, la culture et le tourisme dans une ville qu'il avait sorti d'une léthargie, il y a 15 ans justement. Chaque année, les bâtisseurs du festival Gnaoua ajoutent une nouvelle pierre à l'édifice. Accueillants, chaleureux et hospitaliers, les habitants ont un plaisir toujours renouvelé de fêter l'anniversaire de sa création. Toutes les fins du mois de juin, la ville ne vit que pour et à travers le festival, s'apprêtant à recevoir les vibrations du guembri, des crotales et des sonorités jazzy signées de main de maîtres et surtout des moments magiques et uniques de fusion entre la musique Gnaoua et les autres musiques du Monde. Abdeslam Alikane, directeur artistique du festival, précise à ce sujet: «Pour que la fusion réussisse, il faut une réelle complicité et réceptivité entre les musiciens. Les Gnaoua doivent ouvrir des espaces d'expression aux artistes invités». Cette notice, les maâlems sont très nombreux à la suivre à la lettre. De nature très généreux, ils mettent leur ego dans un placard et lui préfèrent le mot partage. L'une des fusions réussies, entre bien d'autres évidemment, fut la rencontre impressionnante du maâlem Hamid El Kasri avec le claviériste autrichien Joe Zawinul. La musique africaine de haut calibre a toujours été à l'honneur à Essaouira. Le percussionniste Doudou N'Diaye Rose, le grand Youssou N'Dour, le chanteur et guitariste sénégalais Baaba Maal font aussi partie de ceux qui ont signé en lettres d'or la réussite du festival. Et ils ne sont pas les seuls. Le jazz a fortement marqué de son empreinte les temps forts du festival: Pat Metheny, Wayne Shorter dans une fusion inédite avec Maâlem Kouyou, les cuivres de Stefano di Battista, Paulo Fresu ou encore Ibrahim Maalouf, les pianistes Omar Sosa, Boyan Z ou encore Tigran Hamasyan. Tous ces noms rappellent les grands moments de Gnaoua Musiques du Monde. La musique est la star du festival Gnaoua. Et la danse aussi. Danse et musique gnaouie forment un bon tandem. Et cela, les chefs d'orchestre à la direction artistique l'ont très bien compris depuis la 13ème édition avec le ballet Sukhishvili de Géorgie et les deux maâlems Mohamed et Saïd Kouyou de Marrakech. Que ce soit un guitariste, un trompettiste, un pianiste ou un break dancer, les maâlem d'Essaouira s'adaptent à toutes les coutures. Les fans du festival, qui augmentent chaque année, le savent et partagent des moments de bonheur musical dans une ambiance unique où musiciens et public font un. Les inédits de la 15ème édition, par ailleurs, comportent la sortie d'un CD best of regroupant une sélection des meilleurs moments du festival. Des titres soigneusement choisis par les organisateurs et qui rappellent les grands moments de musique de ce festival marqué par des fusions entre Joe Zawinul, Pat Metheny, Louis Bertignac, Ray Lema, Soriba Kouyaté, Omar Sosa, Boyan Z, Karim Ziad , Loy Ehrlich et les plus grands maâlmines. Mais aussi un DVD extrait des archives de six cent heures d'images d'ambiance et de spectacles co-produites avec le partenaire Sigma Technologies. Ces archives ont été traitées de manière à en extraire le meilleur dans un documentaire rétrospective de quatorze éditions de partage et de moments inédits. Ce documentaire raconte l'histoire du festival interprétée par tous les artistes qui ont participé à son succès. Neila Tazi, directrice passionnée du festival Gnaoua depuis sa naissance, dira au sujet de la 15 ème édition: «cet événement est devenu au fil du temps un rendez-vous culturel connu et reconnu par tous. Certains le qualifient même de patrimoine national. Il est vrai qu'on y vient des quatre coins du monde et que chaque année le festival Gnaoua parvient à nous transporter, à nous faire franchir un seuil. Chaque année, toute une ville se trouve mue par un élan qui écarte tous les obstacles par l'alchimie d'une force créative et populaire. Aujourd'hui, quand on parle du festival, on parle d'Essaouira et vice versa. Nous continuons à porter ce festival avec détermination et avec encore plus de passion et de conviction qu'au premier jour». Bien dit pour une grande passionnée dont l'histoire du Festival Gnaoua lui est liée à jamais. Le Festival aura lieu du 21 au 24 juin, nous y reviendrons…