La mythique place Moulay El Hassan d'Essaouira sera au rendez-vous avec un grand événement : l'ouverture du 8ème Festival Gnaouas et musiques du monde, prévue ce jeudi soir à partir de 18 heures. C'est parti pour une nouvelle édition du Festival Gnaouas et musiques du monde. Le bal sera ouvert, ce soir, par une pléiade de maâlems gnaouis et autres célébrités de la world music. Prévue sur la prestigieuse place Moulay El Hassan, la soirée d'ouverture sera animée, entre autres, par Abdeslam Alikane, Hamid El Kasri, le batteur franco-congolais Roger Biwandu, et le saxophoniste Julien Lourau. Une ouverture qui, comme le concept du festival l'indique, s'inscrit dans l'esprit fusion, sachant que le principe de rencontre reste le cheval de bataille des organisateurs. Le même esprit régnera sur le reste du festival le plus populaire dans le Royaume, et même bien au-delà des frontières. A ce festival, pour lequel seraient attendus plus de 100.000 festivaliers, prennent part, outre les 21 maâlems gnaouis, l'Egyptien Fathi Salama, pianiste compositeur, considéré comme l'inventeur de la «jeel» (la pop arabe), collaborateur de Youssou N'Dour sur son dernier album «Egypt». Cet artiste offrira au public un répertoire né de sa rencontre avec l'un des derniers virtuoses du rango (sorte de marimba venu du sud du Soudan), de son nom Hassan Bargamoun. Au rendez-vous également, d'heureuses et inédites rencontres, le métissage berbéro-celtique du groupe Thalweg, interprété par 7 musiciens, inventeurs d'un style fusion entre les musiques maghrébines (gnaoua, luth, percussions) et celtiques. Aziz Sehmaoui, ex-chanteur du groupe franco-marocain ONB (Orchestre national de Barbès), joindra sa voix au groupe Thalweg pour offrir aux festivaliers un mélange de rythmes inspirés du répertoire berbéro-celtique. Côté Jazz, la surprise viendra du trio Bozilo, constitué du pianiste serbe Boyan Z, du batteur franco-algérien Karim Ziad et du saxophoniste français Julien Laurau. Ce trio présentera un mélange de sonorités afro-américaines, slaves et maghrébines. Au programme également, la super étoile de Dakar, Youssou N'Dour, qui aura le privilège de clôturer la 8ème édition du festival dans un show 100% africain. Cette édition, qui durera quatre jours, sera marquée par un hommage particulier qui sera rendu à l'ex-pilier de Nass El Ghiwane, Abderrahmane «Paco». Un geste, initié par les maâlems gnaouis, et dont Essaouira plus globalement prend acte pour récompenser ce grand artiste. Né en 1948 à Essaouira, Abderrahmane Kirouche, surnommé maâlem Paco, grandit dans un milieu gnaoui. En côtoyant le grand maâlem Benthami, il apprit très tôt à caresser son instrument-fétiche, dit «hajhouj» ou «sentir». Les années 70 constituent une période charnière pour maâlem «Paco», c'est en effet à cette période qu'il se fit connaître du public marocain, quand il rejoindra Jil Jilala et puis après Nass El Ghiwane. Virtuose du «sentir», il participera à la composition d'immortelles chansons telles que «Assinia», disque d'or en 1970. Maintenant, «Paco» possède son propre groupe, il l'a créé il y a 5 ans. Ce même groupe, faisant partie du plateau du 8ème festival, prendra également part à l'hommage qui sera rendu à «Paco», aux côtés de membres de Nass El Ghiwane, Lemchaheb et Jil Jilala : Omar Essayed, Sousdi et Mohamed Edderham. Cet hommage s'impose à plus d'un égard, il s'agit d'abord de reconnaître le mérite de l'artiste «Paco» et de le soutenir dans la pénible épreuve de santé qu'il traverse aujourd'hui. Au-delà de «Paco», c'est une reconnaissance du rôle qu'ont joué Nass El Ghiwane, Jil Jilala, Lemchaheb, entre autres groupes-phares, dans l'épanouissement de la chanson populaire nationale, depuis les années soixante-dix. Cet hommage, que ces groupes méritent amplement, doit être conjugué à un soutien matériel pressant, sachant que la plupart des membres de ces groupes se trouvent aujourd'hui confrontés à des problèmes de santé dont ils ne peuvent à eux seuls s'acquitter, ces artistes étant privés du minimum de droits tels que la couverture sociale.