Jad Chkif Acteur Véritable nid de talents et de nouveaux visages, la série des Mille et une nuits d'Anouar Mouatassim, qui passe sur Medi1 Tv tous les soirs de ramadan, révèle un jeune talent qui y tient un rôle grave et tourmenté. Jad Chkif est Badrezaman, frère du roi banni devenu bête. Une seconde peau pour cet acteur aux multiples visages... Avec des airs de la Bête (La belle et la bête) au beau milieu des Mille et une nuits, Jad Chkif incarne un rôle atypique dans le cinéma marocain, celui d'un monstre en cage. Jolie performance pour cet acteur plein de générosité, qui s'approprie le personnage, à l'instar de ceux qu'il a incarnés jusqu'à présent, n'hésitant pas à interpréter des rôles radicalement différents les uns des autres. Des défis constamment relevés par ce jeune «MRE», comme il se fait appeler, qui a choisi de rentrer au bercail il y a 2 ans pour (re)découvrir ses origines marocaines. «Je suis né en France et j'y ai vécu toute ma vie. Cela fait 2 ans que je suis plus ou moins installé au Maroc dans la ville natale de mes parents, Mohammedia. Je ne connaissais pas le pays de mes parents, j'y venais juste en vacances. Il y a une phrase qui dit que «pour savoir où tu vas, il faut savoir d'où tu viens», et c'est ce que j'ai fait grâce à mon métier d'acteur. Maintenant, je connais mon Maroc qui est mon empreinte, mon sang, mon arbre généalogique et maintenant je parle couramment la dajira et j'en suis fier. Comme dit un artiste connu que je ne citerais pas et qui est dans le même cas que moi, «ne me demandez pas de choisir entre la France et le Maroc; c'est comme si on vous demande de choisir entre votre mère et votre père, ce qui est impossible!» confie l'acteur, fier de ses racines. Nourrissant le rêve de s'exprimer à travers l'art de manière générale, il apprend le solfège et le clavier au conservatoire de sa ville avant d'opter pour un Bac + 2 en informatique puis de se retrouver dans le tourisme. «Être acteur en France, à l'époque, c'était Mission impossible, surtout pour un Français d'origine marocaine». Il se permet, parallèlement à sa profession, des spectacles, des comédies musicales, des sketches dans les hôtels et villages de vacances où il travaille. Le déclic se produira enfin. «À cette époque, je commençais à voir à la télévision des Français d'origine maghrébine comme, entre autres, Said Taghmaoui, Jamel Debbouze et bien d'autres. Alors je me suis dis «Tu dois vivre ton rêve», et c'est ce que j'ai fait. Je me suis inscrit à une école pluridisciplinaire de l'acteur à Versailles où j'ai étudié pendant 2 ans le métier d'acteur grâce à la méthode de Constantin Stanislavski et de Lee Strasberg (l'Actors Studio). Après ma formation -toujours petit à petit et avec de la patience- j'ai frappé aux portes du Monde du cinéma et de la télévision. Le chemin est encore long, mais j'adore mon métier». Après quelques galères en France et un temps d'adaptation au Maroc, il enchaîne figuration, des apparitions aussi différentes et «challengeantes» les unes que les autres, entre autres dans un téléfilm en 2008, «Rien dans les poches», réalisé par Marion Vernoux ,dans un court métrage en 2010, «Delayed», réalisé par Léo Karmann, dans «L'Assaut» réalisé par Julien Leclercq ou encore «Les Oriflammes», réalisé par Hugo Martin-Lassagne, avant d'atterrir dans le long métrage d'Anouar Moatassim, «À l'aube un 19 février», qui lui permettra de jouer dans les Mille et une nuits. «Je lui ai tout de suite dit oui car Anouar est un vrai réalisateur; il sait ce qu'il veut, et, surtout il sait diriger ses acteurs. De plus, le projet est merveilleux, j'ai toujours rêvé de jouer des personnages fictifs dans un monde épique, et je pense en plus que c'est une première au Maroc». Une première qui lui permet d'endosser un rôle en or, celui d'un écorché vif qui, selon l'acteur, lui ressemble. Un rôle qu'il a dû préparer en faisant ressortir son côté bestial, en s'inspirant d'un lion. «J'aime mon personnage car il se repent. Dans la vie, tout être humain a le droit à l'erreur, il faut juste les reconnaître et réparer». Un talent qui promet de faire du bien au cinéma marocain. En attendant, Jad Chkif enchaîne les projets, et le public marocain pourra le retrouver bientôt dans le long-métrage tant attendu de Youssef Britel, «Chaibia, la paysanne des arts». Un talent est né...