Dans un climat de manque de ressources, toutes les banques font l'effort pour préserver leurs clientèles, quitte même à attirer celle de la concurrence, à travers des taux d'intérêt de plus en plus élevés. Etonnante évolution qu'affiche le rendement des dépôts à terme et bons de caisse depuis le premier semestre. Elle a été remarquée, en début d'année, par une légère baisse avant d'afficher une hausse qui a duré jusqu'en mai dernier, avant de reprendre à nouveau le chemin de la baisse. En effet, alors que le taux moyen pondéré des dépôts à 6 et 12 mois, observé par Bank Al-Maghrib au niveau des banques, se pointait à 3,83% en janvier, il s'est délesté à 3,64% en février, perdant ainsi près de 20 points de base. Cependant, la rémunération des dépôts à terme a emprunté le chemin de la hausse à partir du mois de mars jusqu'à mai où, elle s'est établie à 3,9% en moyenne. En juin dernier, on assiste encore à une baisse du taux moyen, pondéré des dépôts à terme à 3,83%. Finalement, la rémunération de ce produit d'épargne est revenue à son niveau du début de l'année. À ce stade, il est important de souligner que ces taux sont des moyennes. En effet, les taux des dépôts à terme varient en réalité d'une banque à l'autre, selon le montant déposé et la taille du client. Course aux chiffres Les évolutions qu'ont connues les taux se rémunération des dépôts à terme s'expliquent essentiellement par le comportement du marché monétaire marocain. Le resserrement des liquidités bancaires que connaît ce marché s'est soulagé durant le premier trimestre de 2014 par rapport au trimestre précédent. Le déficit moyen de cash est ainsi passé d'un trimestre à l'autre de 76 MMDH à 70 MMDH. Dans ce contexte, les taux monétaires se sont inscrits en légère baisse par rapport au dernier trimestre de 2013. Le taux moyen pondéré (TMP) interbancaire s'est stabilisé à 3,05% et le taux «repo jj» a gravité autour de 2,91% contre respectivement 3,06% et 2,93%. S'agissant du reste de l'année, la tendance baissière des taux de rendement des dépôts à terme devrait, certes, se poursuivre quelques mois avant de se renverser durant le dernier trimestre de l'année, puisque toutes les banques se lancent dans une course aux chiffres afin de maintenir leurs parts de marché, sans oublier leur volonté de faire également face à la demande toujours importante du crédit. En effet, «au début de chaque exercice, on se dit souvent qu'on a encore assez de marge pour atteindre ses objectifs en termes de collecte de ressources, mais c'est à partir du 2e trimestre de l'année que les tendances commencent à se préciser. À partir de ce moment, les banques ayant enregistré un retard commencent à surenchérir en augmentant leurs taux d'intérêt pour les DAT», nous explique à ce propos Ahmed Benlafkih, directeur du réseau de Casablanca en charge du Marché détail et MDM à la Banque populaire. Un autre phénomène accentue cette tendance : c'est le retour de nos concitoyens résidant à l'étranger. «Cette catégorie de clientèle est très friande de placement en DAT, vu qu'il s'agit d'un placement sûr, facile à assimiler et déjà éprouvé. Les Marocains du monde commencent à faire jouer la concurrence entre les banques et choisissent celle qui paie le plus», précise Ahmed Benlafkih. Ainsi, dans un climat de manque de ressources, toutes les banques font l'effort pour préserver leurs clientèles, quitte même à attirer celle des autres banques, à travers des taux d'intérêt de plus en plus élevés. Les DAT, très plébiscité Notons que même si leur rémunération reste faible par rapport à d'autres formes de placement, les dépôts à terme présentent un certain nombre d'avantages. Le capital est garanti et la rémunération est certaine. Le client a également la possibilité, en cas de besoin, de disposer d'une avance sur le DAT souscrit. Autre avantage que présentent les DAT, c'est la possibilité de leur nantissement comme garantie, si le client souhaite disposer d'un crédit. Tous ces avantages font que le DAT ne cesse d'attirer les Marocains. Depuis 2011, les dépôts à terme ont connu une évolution positive. Ainsi, en 2012, et selon les statistiques de BAM, les dépôts ont progressé de +3,1% par rapport à 2011. Cette même tendance a été observée pour 2013 par rapport à 2012, avec une évolution de +5,5% pour un encours de plus de 153 MMDH en 2013 contre 145 MMDH en 2012. Les réalisations de l'année se sont ainsi établies à environ 8 MMDH à fin décembre 2013.