La facture est un peu trop salée pour Benkhadra. La courbe ascendante des matières premières et particulièrement des produits pétroliers pèse lourd dans la balance des paiements au premier semestre 2011. Après un léger fléchissement en 2009, le coût énergétique s'annonce encore plus important qu'en 2010. Les derniers chiffres de l'Office des changes pour les six premiers mois de l'année sont là pour le prouver. Le pétrole brut – la substance la plus classique et indicative - a coûté au royaume une valeur cumulée de plus de 15 milliards de dirhams à fin juin dernier, contre près de 12 milliards de dirhams à la même période en 2010. L'écart est de taille, et s'apprécie à une variation de 26,7%. Motif de cette substantielle hausse, la tendance grimpante des cours conjoncturels de l'or noir, puisqu'il se trouve, en effet, que le royaume aurait importé moins en termes de volume au cours des six derniers mois, soit -3,3% par rapport à 2010. Le prix moyen à la tonne importée a ainsi grimpé de près de 40% en une année ! L'on comprendrait facilement le grand coup de fouet souhaité le 1e mai dernier par Amina Benkhadra, la ministre de l'Energie, des mines, de l'eau et de l'environnement, aux projets entamés dans le secteur des énergies renouvelables, ainsi que –plus récemment - l'adoption in extremis de la loi sur l'efficacité énergétique, devant la Chambre des représentants. Mais l'efficacité énergtique et la diversification du panier national ne pourra soulager les finances de l'Etat que si la pression sur les cours du pétrole et dérivés baisse d'un cran. Elle flambe, elle flambe la facture Le fait est qu'aujourd'hui, le Maroc importe moins en quantités, mais reste pénalisé quand même en valeur. Et le brut n'est pas le seul produit à donner le tournis aux équipes de Benkhadra (Energie) et Mezouar (Finances). Les «gasoils et fuel-oils» crèvent également le plafond. Leur facture frôle les 16 milliards de dirhams, contre seulement 9 milliards de dirhams à la fin du premier semestre 2010, soit une progression de 74% ! Pourtant, le volume n'a que peu grimpé pour expliquer cette flambée. Il se situerait, selon les statistiques préliminaires de l'Office des changes, à 2.408,8 Mt (méga-tonnes) au dernier semestre contre 1.697,3 Mt, pour un cours moyen à l'importation qui a aussi grimpé de 40% sur la même échéance. La corrélation est facile à trouver à l'évolution du brut. Sur une autre source d'énergie fossile, le constat de la surchauffe est le même... mais d'importance moindre. Les importations de «houille crue, agglomérés et coke» à fin juin dernier se sont élevées à 2,3 milliards de DH , en légère hausse par rapport au cumul de 2010. Les huiles de pétrole et lubrifiants ont coûté au royaume près d'un milliard de dirhams sur la même période, une facture en nette hausse de près de 71% en glissement annuel. Quant à l'énergie électrique, la facture continue logiquement de s'inscrire dans le sillage grimpant de la demande, d'où une valeur de 998,8 millions de dirhams d'importations, au terme du premier semestre. 574 millions de dirhams se sont ainsi rajoutés à la facture énergétique. En perspective des six prochains mois de l'année, la visibilité énergétique n'en est pas moins opaque. Du moins aussi longtemps que devrait perdurer le conflit libyen et son impact sur l'approvisionnement – au compte-gouttes – du marché mondial en or noir. Pour l'heure, vu la vacillante évolution des cours du brut (en dessous des 100 dollars, hier, à New York), tout semble mener vers une année 2011 record.