La baisse du taux directeur implique, certes, une faiblesse des rendements actuariels des placements dans les produits de taux, mais elle promet de donner de la vigueur au marché actions. Dans un contexte marqué par une faible croissance économique et une inflation limitée à 0,3% depuis le début de l'année, le Conseil de Bank Al-Maghrib a décidé, le 23 septembre dernier d'abaisser son taux directeur. Cette décision ne manquera pas d'impacter les marchés financiers, prévoient déjà les analystes. Ainsi, au quatrième trimestre 2015, le Conseil de Bank Al-Maghrib a décidé d'abaisser son taux directeur de 3% à 2,75%, prenant en compte la faible croissance économique sur le premier trimestre 2014 avec une croissance du PIB de 1,7%, l'inflation particulièrement limitée sur les 8 premiers mois de 2014 (0,3% à fin août 2014) et l'absence de pressions inflationnistes dans un contexte marqué par la baisse des prix des matières premières à l'international. Les risques déflationnistes dans la zone euro, principal partenaire économique du Maroc, et la faible progression de la masse monétaire (+3,5% à fin juillet 2014) et des crédits (+3,9% à fin juillet 2014) motivent également cette décision. «Nous pensons que Bank Al-Maghrib a tiré profit d'une inflation beaucoup plus faible qu'initialement prévu pour redynamiser indirectement l'activité économique et directement l'évolution des crédits à l'économie, à travers l'amélioration des conditions de refinancement du secteur bancaire», soulignent à cet égard les analystes de CFG Group. Pour ces derniers, la Banque centrale envoie un signal positif aux opérateurs économiques sur son engagement à continuer à soutenir durablement la reprise économique tant que l'inflation reste à un niveau contenu (moins de 2,0% à 2,5%). De ce fait, les analystes de CFG Group prévoient une baisse supplémentaire du taux directeur sur les 12 prochains mois, «si l'activité économique, la croissance des crédits et l'inflation restent faibles». Le monétaire, très rentable sur le CT Partant de ce constat, les professionnels anticipent des impacts sur les marchés. Selon, Mouhammed Mariane, directeur de la société de gestion Marogest, 'impact ne tardera pas à se faire sentir sur le marché monétaire. «Dès les premiers jours suivant l'ajustement du taux directeur, les taux courts subissent un ajustement, mais au bout de quelques jours le potentiel baissier est consommé», affirme Mouhammed Mariane. S'agissant du marché obligataire, en partant de la faible liquidité des échanges, l'expert estime que le temps nécessaire à la correction des taux longs est plus important. De plus, «la correction qui pourrait avoir lieu dans ces segments ne sera pas aussi significative que celle ressentie sur les maturités courtes», précise Mariane. Quel en sera l'impact sur les placements ? Les OPCVM de taux de façon générale, et a fortiori les OPCVM monétaires et obligations à court terme, afficheront de bonnes performances durant cette vague de correction. Ces hausses sont dues à la revalorisation des titres présents dans les portefeuilles des gérants à des taux moins élevés. L'on s'attend donc à ce que les OPCVM monétaires et obligations CT connaissent de fortes hausses en septembre. Ces fonds étant très sensibles, la moindre baisse de taux pourrait avoir un fort impact en termes de performances. Toutefois, notre expert prévient : «une fois que les taux auront atteint l'équilibre, la performance des OPCVM devrait diminuer». La rémunération de certains produits de placement bancaires devrait également subir des changements consécutivement à la baisse des taux à court terme. Les comptes sur carnet ouverts auprès des banques dont la rémunération est indexée sur le taux moyen pondéré des bons du Trésor à 52 semaines durant le semestre précédent, diminué de 50 points de base, subiront une baisse à partir du premier semestre 2015. Bourse, scénario de reprise plus probable La décision de la Banque centrale devrait également avoir des effets sur le marché actions. Selon les analystes de CFG Group, l'impact, positif cette fois, touchera le marché dans son ensemble. Cet effet sera perceptible à travers une amélioration des perspectives de croissance des sociétés qui devraient bénéficier d'un effet positif sur l'activité économique et sur les conditions d'accès au financement, induisant une réduction du coût du capital à travers une baisse supplémentaire des taux. «Rappelons que la courbe des taux a connu une forte baisse depuis le début de l'année (-120 points de base sur le 10 ans depuis janvier 2014)», précisent les analystes ET de déduire «nous continuons à penser que cette baisse des taux n'a pas encore été entièrement intégrée dans les niveaux de valorisation du marché actions». Plus spécifiquement, le secteur bancaire devrait être le principal bénéficiaire de la décision de BAM. Ce dernier pâtit depuis 2013 d'une forte décélération de la croissance des crédits. D'un autre côté, et suite à la baisse des taux, les rendements actuariels des placement dans les produits de taux seront faibles, ce qui facilitera un arbitrage en faveur du marchés actions. «Les investisseurs voudront davantage investir sur le marché actions et pourraient s'attaquer à des valeurs de rendement, qui offrent un dividend yield élevé», souligne à ce propos Mouhammed Mariane. La baisse du taux directeur ne fait que donner de la vigueur au scénario présenté auparavant par les analystes suite à la baisse des taux ; celui d'une reprise du marché actions.