Les crédits d'investissement en baisse. L'immobilier en léthargie. Le coût de financement des banques ne baisse que faiblement. Six mois ont passé après l'abaissement du taux directeur décidé par Bank Al-Maghrib. Rappelons que le régulateur l'avait baissé de 25 pbs pour le ramener à 3% le 27 mars dernier, l'objectif étant de soutenir l'économie. Ce mécanisme consiste à faire baisser le prix de l'argent pour le rendre plus accessible aux banques qui le revendent moins cher à leurs clients. Ces derniers (entreprises ou particuliers) consommeront ou investiront plus grâce à un coût avantageux de l'argent. Sur le terrain, les faits ne suivent pas ce scenario, surtout pour les entreprises qui représentent le moteur de la croissance à long terme. Globalement, les crédits distribués durant le premier semestre ont été en hausse de 4,3%, tirés par les crédits à la consommation des ménages (+10%). Les crédits d'investissements accordés aux entreprises, quant à eux, ont baissé de 2,1%. Les prix de l'immobilier ont stagné lors du trimestre qui a suivi cette baisse du taux directeur et les volumes des ventes ont baissé de 0,8% sur cette période, selon Bank Al-Maghrib. Durant l'été, l'activité a baissé encore plus du côté des promoteurs. En attestent les ventes de ciment qui enregistraient en août la plus forte baisse de cette année. La baisse de la demande des MRE n'en est pas l'unique raison. En effet, les promoteurs ne manquent pas de souligner la difficulté persistante d'accès aux crédits. Coût de financement des banques Les banques n'ont pas baissé les taux d'intérêts appliqués aux crédits d'investissement. Car, malgré la baisse du taux directeur, leurs ressources ont toujours le même coût. Le président de la Banque Populaire, Mohamed Benchaaboun, l'expliquait lors d'une conférence de presse tenue récemment : «Les banques utilisent d'abord les dépôts de leurs clients pour distribuer des crédits. C'est l'essentiel de leurs ressources. Elles continuent en parallèle à émettre de la dette à des maturités différentes pour ne pas se retrouver contraintes de rembourser à une même échéance une part importante de leurs emprunts. Ce n'est qu'en dernier lieu que la Banque centrale intervient lorsque le marché interbancaire est sous pression». Ces emprunts effectués sur le marché interbancaire tiennent compte du contexte de liquidité au moment de l'émission et du risque adossé à chaque banque. Ils comprennent donc une prime de risque et sont supérieurs au taux directeur. Le 13 septembre courant, le taux moyen pondéré sur ce marché était de 3,145%. Les analystes de la place s'accordent à le dire. «Au Maroc, nous ne sommes pas dans le même cas de figure qu'en Europe. Le marché interbancaire fonctionne bien, les taux sur le marché monétaire sont détendus et les ressources sont là. Toutefois, l'impact de la baisse des taux ne se fait pas ressentir à cause de problèmes en aval du circuit», explique un analyste. «En effet, la relance par la monnaie nécessite l'existence d'un besoin en financement de la part des entreprises. Si ces dernières ne disposent pas de besoin à cause d'une activité économique morose, ou si le risque attribué à ces entreprises est considéré élevé, les effets escomptés par un abaissement des taux ne seront pas atteints. Le modèle de relance par le crédit trouve sa limite à ce niveau. Le cas d'école est celui des Etats-Unis où la FED (Banque centrale) inonde l'économie de liquidités sans observer de croissance réelle», conclut-il. Il y a lieu de s'interroger sur la capacité de la Banque centrale à relancer l'économie à elle seule et par ses propres moyens sans l'aide du gouvernement. Ce dernier doit lancer des réformes favorisant la croissance pour que l'action de BAM atteigne les résultats escomptés.