Ciments d'Afrique (Cimaf), de Anas Sefrioui, s'apprête à démarrer sa production au Burkina Faso plus tôt que prévu. Le projet est en phase finale et devrait générer 200 emplois directs et indirects. Démarrage anticipé pour Cimaf Burkina Faso. Dans la zone industrielle de Ouagadougou où est implantée cette cimenterie, c'est le branle-bas de combat. Les ouvriers s'activent pour réussir une prouesse de taille : le lancement de la production de l'usine à partir du 15 octobre prochain, soit environ un mois et demi avant la date initialement prévue. Cette avance sur les délais fait le bonheur d'un homme rencontré sur place le 23 septembre dernier : il s'agit d'un certain Franck Bavard, fraîchement venu occuper ses fonctions de directeur général de Cimaf Burkina Faso. «Nous allons démarrer nos premiers tests dès fin septembre», lance-t-il non sans fierté. Ce fin connaisseur du secteur du ciment a déjà dirigé pendant plusieurs années la première et la plus importante cimenterie du Sénégal, la Sococim. Au Burkina, l'objectif de Cimaf est clair : se faire une place sur un marché où le besoin annuel est estimé à 1,100 million de tonnes par an, «mais bridé par la non disponibilité de la matière», indique Franck Bavard. Avec une capacité annuelle de production de 500.000 tonnes, cette société appartenant à Anas Sefrioui, le patron d'Addoha, ambitionne de représenter au moins 25% d'un marché qui compte désormais 4 cimenteries. Cette part risque même de s'élargir très vite car Cimaf Burkina entend «baisser les prix» de la tonne de ciment qui se vend actuellement entre 130.000 et 135.000 Franc CFA (1 DH= 65 Franc CFA). La guerre du ciment est donc sur le point de s'enclencher au Burkina, pays où les coûts de la matière première liée à la construction restent chers, en raison notamment de son enclavement. 200 emplois Avec cette forte concurrence qu'elle compte exercer, Ciments d'Afrique projette de réaliser un chiffre d'affaires de près de 35 milliards de Francs CFA. «Si la croissance est au rendez-vous, nous n'excluons pas de construire une deuxième ligne», annonce Franck Bavard. Cette croissance pourrait être portée par l'export dans les pays de la sous-région, à l'instar du Niger ou du Mali, pays où la Cimaf ne s'est pas encore installée contrairement à la Guinée Conakry, ou encore à la Côte d'Ivoire. Au Burkina Faso, l'usine devrait générer 200 emplois directs et indirects, dont une trentaine a déjà bénéficié d'une formation au Maroc. «En plus de ces emplois, la présence de la cimenterie permettra le développement du transport, ainsi que de la manutention dans la zone avec plus de 40.000 camions qui devrait effectuer des sorties chaque année.» Last but not least, le transfert de technologie sera également au rendez-vous pour les employés de la Cimaf. Un expérimenté au poste Franck Bavard, DG Cimaf Burkina Faso Les gestionnaires du groupe Ciments d'Afrique se sont attachés les services d'un homme expérimenté et fin connaisseur de l'industrie de la cimenterie. À 51 ans, Franck Bavard a derrière lui un parcours impressionnant, aussi bien sur le plan professionnel qu'académique. Ingénieur formé à l'école des Arts et Métiers puis à la Supélec et à l'IEA en France, le nouveau dg de Cimaf Burkina Faso est également diplômé en électrotechnique et détient un MBA de gestion d'entreprises. Avant d'atterrir dans le monde de la cimenterie, il a effectué des recherches dans les sous-marins et a multiplié les expériences dans les centrales nucléaires. Une fois ce cap dépassé, Franck Bavard se dirige vers la construction, l'exploitation et la gestion de cimenteries. Une tranche de vie qui va durer 8 ans pendant lesquelles il a eu à diriger l'opérateur historique de ciment au Sénégal, à savoir la Sococim. Après le monde de la cimenterie, direction les brasseries, puis l'agroalimentaire, notamment avec un poste de directeur à la Suneor, toujours à Dakar. Par la suite, Franck Bavard se consacrera au conseil en création d'entreprises avant de retrouver à nouveau l'univers du ciment avec la Cimaf Burkina Faso. Dans des pays détenteurs d'un énorme potentiel de développement, le marché de la cimenterie est voué à un bel avenir. Cela d'autant plus que le groupe Addoha entend se lancer prochainement dans la construction d'un millier de logements à Ouagadougou.