Rupert JOY Ambassadeur, chef de la délégation de l'Union européenne au Maroc Les ECO : Quelle place est accordée aux PME marocaines dans les différents accords de libre-échange ? Rupert JOY : La PME est au cœur de l'agenda UE-Maroc, tant dans le cadre des relations commerciales que de la coopération financière et technique. Les PME marocaines opèrent déjà leurs échanges avec l'UE à travers une zone de libre-échange qui a été progressivement mise en place par l'Accord d'association UE-Maroc. Grâce à cet accord, les exportations des produits industriels du Maroc vers l'UE entrent à droit zéro. Elles sont dominées par trois grands groupes de produits (vêtements, produits agricoles, machines et matériel de transport), touchant ainsi les entreprises de toute taille. Il faut ajouter à cela l'entrée en vigueur, le 1er octobre 2012, de l'accord communément appelé «accord agricole», selon lequel 98 % des produits agricoles marocains potentiellement exportables vers l'UE peuvent accéder immédiatement au marché européen à droit de douane 0%. Prévu dans l'accord agricole, les négociations pour un accord sur la protection des indications géographiques sont en cours. Un tel accord permettrait une valorisation de la production et une amélioration de la qualité au Maroc, comme par exemple la reconnaissance et la protection de la clémentine de Berkane comme produit originaire du Maroc. Parallèlement, l'UE continue de soutenir le Maroc dans le développement de son secteur agricole, notamment avec un programme qui vient en appui au Plan Maroc vert. Par ailleurs, des négociations pour un Accord de libre-échange complet et approfondi (ALECA) entre l'UE et le Maroc sont en cours. Le but de l'ALECA est l'approfondissement de nos relations commerciales par une intégration plus poussée du Maroc dans l'économie européenne. Cela reviendra, en particulier pour les PME marocaines, à améliorer leur accès au marché européen par une meilleure adaptation de leurs produits aux conditions exigées au sein de l'UE et, également, aux autres marchés mondiaux. Comment ce tissu pourrait-il profiter pleinement de ces accords ? Les PME marocaines pourront bénéficier des accords en cours et d'un futur ALECA à travers la réduction d'obstacles non tarifaires, la simplification et la facilitation des procédures douanières, la libéralisation du commerce des services, la protection de l'investissement ainsi que l'harmonisation des réglementations dans plusieurs domaines de l'environnement commercial et économique. Bien évidemment, nous sommes conscients des efforts de mise à niveau auxquels les PME marocaines devront faire face pour pouvoir bénéficier des opportunités offertes par un futur ALECA. D'où l'importance de les accompagner et de les informer au mieux des possibilités qui s'offrent à elles. Notre programme d'appui «Réussir le statut avancé», qui soutient déjà le Maroc dans ses efforts de rapprochement législatif et règlementaire vers l'Union européenne, est un instrument qui cible notamment les efforts d'intégration de l'économie marocaine avec le marché intérieur. Un des objectifs à atteindre dans ce contexte est, notamment, celui de permettre aux entreprises marocaines, en particulier les PME, de mieux saisir les opportunités du marché intérieur de l'Union européenne qui, avec 500 millions de consommateurs, est un marché particulièrement attractif pour les entreprises marocaines. Dans le contexte de la nouvelle programmation 2014-17, l'UE envisage d'établir un nouveau programme qui vise à approfondir l'appui déjà donné au Maroc pour soutenir la compétitivité, et qui devrait répondre aussi aux besoins marocains en ce qui concerne la mise en œuvre de l'ALECA, notamment pour les PME. Par ailleurs, l'UE a mobilisé, en 2012, un don de 20 millions d'euros pour permettre à la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) de s'établir rapidement au Maroc et de mettre en place des programmes tels que le «Small Business Support (SBS)», qui est un programme permettant aux micros, petites et moyennes entreprises (MPME) d'accéder à des services de conseils très variés pour accroître leur compétitivité. Concrètement, comment faciliter l'accès des PME à ces différents marchés ? Plusieurs voies s'offrent aux PME qui souhaitent exporter vers l'UE. Le site internet «Export Helpdesk», qui est un outil destiné aux entreprises des pays hors UE, et en particulier aux PME qui n'ont pas accès à l'information aussi facile que les grands groupes. Ce site permet aux entreprises qui souhaitent exporter vers l'Europe de connaître les conditions sur les plans douanier, sanitaire et phytosanitaire, règlementaire, etc. Les PME peuvent également bénéficier du réseau Europe Entreprise Network (EEN), qui aide les petites entreprises à tirer le meilleur parti du marché européen. Représenté au Maroc par l'Agence nationale pour la promotion de la petite et moyenne entreprise (ANPME), ce réseau permet d'être accompagné dans sa démarche d'exportation vers le marché européen. La Banque européenne d'investissement (BEI) offre également des outils de financement importants à travers la Facilité euro-méditerranéenne d'investissement et de partenariat (FEMIP), qui regroupe l'ensemble des instruments mis en œuvre par la BEI pour promouvoir le développement économique des pays partenaires méditerranéens. Pour la période 2014-2020, la FEMIP dispose de 9,6 milliards d'euros et articule ses interventions autour du soutien au secteur privé et la création d'un environnement propice à l'investissement. Ceci, à travers la mise à disposition de lignes de crédit dans des banques marocaines, ou par la prise de participation temporaire et minoritaire dans le capital de l'entreprise au moyen d'une opération de capital-investissement.