Cela fait 50 ans que le Maroc a demandé à l'UE d'ouvrir des négociations commerciales, qui se concluront en 1969 avec le 1er accord commercial UE-Maroc. Depuis cette date, où nous avons fait nos premiers pas ensemble, l'UE est devenue de loin le plus important partenaire du Maroc et le premier investisseur étranger. Le commerce bilatéral des deux partenaires a plus que doublé dans la dernière décennie, grâce à la zone de libre-échange UE-Maroc. La mise en œuvre de plusieurs accords en 2012 témoigne de l'approfondissement du partenariat entre le Maroc : la mise en œuvre effective de la zone de libre-échange pour les produits industriels, la mise en œuvre de l'accord pour les produits agricoles, agricoles transformés et de la pêche, de l'accord sur le Règlement des différends, ainsi que le lancement des négociations d'un partenariat de la pêche. Afin d'atteindre un potentiel plus vaste et une intégration plus poussée, tels qu'envisagés dans le statut avancé accordé au Maroc en 2008, l'UE propose d'aller plus loin, vers un nouvel accord de libre-échange complet et approfondi (ALECA) qui a comme objectif principal d'assurer une plus grande intégration de l'économie marocaine dans le marché unique européen. Après un processus préparatoire très fructueux en 2012, le Maroc et l'UE tiennent cette semaine le premier round des négociations d'un Aleca. Cet accord va au-delà de la simple notion de libéralisation des échanges commerciaux et de suppression des droits de douane applicables aux biens, en privilégiant une intégration économique plus étroite, en réduisant les obstacles non tarifaires, en libéralisant le commerce des services, en assurant la protection de l'investissement et en harmonisant les réglementations dans plusieurs domaines de l'environnement commercial et économique (marchés publics, normalisation, mesures sanitaires et phytosanitaires, droit de propriété intellectuelle, concurrence, douane et facilitation du commerce…). Le Maroc est le premier partenaire dans la région méditerranéenne avec lequel l'UE lance une telle négociation. Nous avons entamé un processus de préparation avec d'autres pays de la région, tels que l'Egypte, la Jordanie ou la Tunisie. La conclusion d'un Aleca nécessitera une forte volonté politique de la part du Maroc en ce qui concerne la mise en place de réformes et la modernisation des institutions qui pourraient être nécessaires afin de réaliser le processus d'intégration économique et commerciale attendu. Le Maroc rassemble toutes les conditions pour cela et j'espère que ces négociations pourront être conclues dans un avenir proche. La mise en place de l'Aleca entre le Maroc et l'UE signifie une opportunité inédite pour les entreprises marocaines. L'accord améliorera l'accès au marché de part et d'autre ainsi que l'environnement des affaires, afin qu'il devienne plus prévisible et plus stable. L'existence d'un cadre réglementaire très proche ou identique devra accroître l'attrait du Maroc pour les investissements directs étrangers et par là, apporter plus de croissance et d'emploi pour le pays. Ce sont les opérateurs économiques des deux côtés qui seront les bénéficiaires directs de ce nouveau cadre plus dynamique et plus concurrentiel. Il faut aussi souligner le rôle dynamisant que la mise en place de l'Aleca peut avoir dans le processus d'intégration régionale dans la région du Maghreb ou dans la région méditerranéenne en général. Je considère qu'il est essentiel de renforcer l'intégration régionale sud-sud à tous les niveaux. L'Aleca concrétise un objectif majeur du statut avancé et constitue un instrument d'intégration économique primordial et une étape clé vers un futur espace économique commun entre l'UE et le Maroc. Je me réjouis de voir le partenariat privilégié avec le Maroc se renforcer de manière aussi importante. Par Rupert Joy pour L'Economiste www.leconomiste.com