Les dispositifs gouvernementaux d'appui au financement des petites et moyennes entreprises se sont multipliés, ces dernières années. Ils ont pour objectif de soutenir ce tissu entrepreneurial dans une conjoncture difficile. Tous les canaux d'information sont aujourd'hui exploités pour alimenter le débat autour du financement de la PME. Du côté des patrons, le défi est de discerner discours et réalités. Si les dispositifs gouvernementaux d'appui au financement des petites et moyennes entreprises se multiplient ces dernières années, il n'en demeure pas moins que le besoin en financement est de plus en plus criant, d'autant plus que la conjoncture économique morose se poursuit. Dans ce contexte, conscients des opportunités que présente le marché de la PME, les banques déploient de nouvelles stratégies dédiées à la petite et moyenne entreprise. C'est le cas du groupe Attijariwafa bank. Hassan Bertal, DG du marché de l'entreprise au sein de cette banque, explique ainsi : «Les PME constituent pour nous un axe incontournable de croissance et un pilier de notre politique de banque responsable engagée dans le financement de l'économie. C'est dans ce sens que nous avons consacré une enveloppe de 10 MMDH aussi bien aux besoins de trésorerie qu'à l'investissement, et une enveloppe globale de 5 MMDH pour tous les besoins de financement de 20.000 très petites entreprises». Pour accompagner ce dispositif, l'institution financière mobilise ses équipes de commerciaux sur l'ensemble de notre réseau qui compte près de 1.200 agences au Maroc, en spécialisant certaines d'entre elles dans la prise en charge de cette clientèle, baptisées «centres TPE». Dans cette même lignée, un process dédié a été mis en place via une plateforme spécifique et une équipe spécialisée, de sorte à leur apporter toute l'expertise nécessaire. La PME, un créneau porteur Si le groupe Attijariwafa bank semble déterminé à assurer un vaste déploiement de sa «stratégie PME», le son de cloche est le même du côté de la Banque Centrale Populaire (BCP) qui mise également sur «une bonne compréhension des obstacles et des enjeux, préalable indispensable pour un soutien efficace à cette catégorie d'entreprise», note Soumia Alami Ouali, DGA en charge du pôle PME de la BCP, avant d'ajouter : «La BCP consacre à la PME un réseau de distribution spécifique doté d'experts sachant conseiller au mieux les dirigeants de PME afin de leur permettre d'accéder aux offres qui répondent le mieux à leurs attentes, tout en tenant compte de leurs contraintes. De plus, des offres taillées sur mesure pour répondre aux différentes problématiques sectorielles sont proposées, sans oublier un accompagnement renforcé pour accéder à des opportunités commerciales de qualité au Maroc et à l'international». Plus concrètement, la Banque populaire aura réalisé, en 2014, près de la moitié des dossiers contre-garantis par la Caisse centrale de garantie. «La Banque Centrale Populaire arrive en tête du classement des projets Imtiaz pour la compétitivité de la PME retenus en 2014, et ce à la fois en nombre et en montants d'investissement», poursuit Soumia Alami Ouali. Conjoncture oblige, la stratégie de la BCP prend en compte les entreprises connaissant des difficultés passagères en leur proposant une restructuration de leurs crédits, notamment -depuis peu- via le fonds de soutien financier de la PME. Dans une approche sectorielle, tous les secteurs semblent être couverts : «La banque finance tous les secteurs d'activité comme l'artisanat, le commerce de détail, les activités de service, l'industrie et tous les métiers des professionnels, qu'ils soient constitués en personnes physiques ou morales», précise Hassan Bertal. Une mobilisation qui se veut donc générale pour assurer le financement des PME. Il faut dire que le marché s'avère aujourd'hui porteur. Il reste à assurer une synergie entre l'offre et la demande, un point que les patrons de PME continuent de soulever régulièrement. «Soutenir la PME,notre priorité !» Hassan Bertal DG du Marché de l'entreprise à Attijariwafa bank Les ECO : Que fait Attijariwafa bank pour financer l'entreprise ? Hassan Bertal : Nous sommes de plus en plus sollicités par des jeunes, des associations qui nous proposent des partenariats pour aider les entreprises. Nous mettons en œuvre des programmes pour soutenir tous ces jeunes à réaliser leurs projets sur des plateformes web, d'autres prendront la forme de one-to-one mais nous sommes obligés de les développer sur cette plateforme. C'est une réorientation complète que nous ne pouvons, cependant pas, assurer seuls. Dans ce sens, nous devons nous allier avec des partenaires tels que les experts comptables, nous appuyer sur les programmes gouvernementaux, sur la société civile, les banques multilatérales mondiales pour mieux orienter et canaliser l'énergie des jeunes entrepreneurs. En tout début de l'année, nous avons consacré des fonds pour les PME et les TPE. Des équipes seront-elles mobilisées pour assurer cet accompagnement ? Des partenariats se grefferont à cette dynamique pour ne citer que les experts comptables, les cabinets juridiques...Ces partenariats permettront d'engager un dialogue avec toutes les parties prenantes. Nous nous sommes déjà engagés auprès de l'AFEM qui bénéficiera d'un accompagnement assuré par moi personnellement, durant une année. Nous sommes tout à fait disposés à aider les entrepreneurs dans leurs démarches de quête de financement. Cette démarche est à cheval entre le business et la responsabilité sociale. Ceci permettra aux startups de se développer pour devenir des TPE puis des PME. Y a-t-il des échanges avec des banques internationales ? Nous sommes à l'affût de toute expérience avec nos homologues étrangers. Concernant la problématique de l'entrepreneuriat, l'aide à l'esprit d'initiative est une préoccupation mondiale. Toutes les options sont bonnes pour s'inspirer des meilleures pratiques internationales. Il n'y a pas de recette standard. Nous avons signé des partenariats de financement des TPE et des PME avec plusieurs banques américaines comme Wealth Fargo Bank, et City Bank. Nous avons également des partenariats avec la BEI, l'AFD et la Deutch Bank. Nous avons récemment signé avec des banques chinoises. Nous avions très longtemps eu des relations de «Correspondant banking» avec ces institutions bancaires. Aujourd'hui les choses évoluent, nous nous intéresserons davantage à des collaborations pour favoriser l'entrepreneuriat et le financement des entreprises.