Nouvel élan pour le secteur industriel marocain. En vue de satisfaire aux exigences de compétitivité et de dynamiser le secteur, le ministère de l'Industrie, du commerce et des nouvelles technologies planche sur la réalisation d'une enquête faisant office de baromètre sur le secteur industriel. Et pas toute l'industrie, car il s'agit bien d'opérer de manière chirurgicale. Pour cela, les équipes de Ahmed Réda Chami entendent bien s'allouer les services d'un prestataire spécialisé pour ausculter l'état des secteurs concernés par le plan Emergence industrielle. Par ce nouveau mécanisme, le département de l'Industrie vise la mise en place d'un dispositif de suivi régulier et permanent de l'évolution des Métiers mondiaux du Maroc (MMM), ainsi que des industries de transformation, afin d'établir des indicateurs économiques quantitatifs et qualitatifs fiables, permettant d'améliorer la connaissance du secteur. Le «baromètre émergence» sera donc l'un des premiers outils de l'Observatoire de l'industrie, que le ministre entend prochainement mettre en place dans le cadre du suivi de la performance du secteur industriel. Cet observatoire devra représenter une sorte de tableau de bord permettant de disposer d'instruments modernes d'anticipation et de veille, par rapport aux mutations qui affectent l'environnement dans lequel opèrent les entreprises industrielles. L'étude qui sera réalisée en amont, expliquent des sources au sein du ministère, a donc pour but d'identifier les filières constituant le périmètre du baromètre émergence et de réaliser une enquête trimestrielle qui porte sur les données mensuelles des secteurs MMM et des nouvelles filières porteuses qui seront identifiés au cours de l'enquête. Ainsi, le département de l'industrie entend mettre à la disposition des acteurs et opérateurs du secteur, des outils de décision qui permettront d'une part, de définir les choix publics en matière de développement de ces filières et d'autre part, de permettre aux décideurs privés d'opérer des options stratégiques afin de promouvoir le secteur. Les décideurs, publics ou privés, pourront en effet disposer, en temps opportun, d'informations sur le secteur, et principalement sur les filières MMM, et ainsi appréhender convenablement les performances économiques des entreprises industrielles marocaines. Cette exigence répond à celle de la compétitivité des entreprises nationales car elle permet de répondre au souci de la maîtrise de l'information et de sa fiabilité, afin d'«adapter les outils de production et ses méthodes de commercialisation aux besoins de ses clients comme aux mouvements des entreprises concurrentes», souligne le ministère de tutelle. Cela insufflera une dynamique certaine au secteur industriel, dont le développement est l'un des plus performants en Afrique, selon un rapport que viennent de publier conjointement la Conférence des Nations Unies pour le commerce et le développement (CNUCED) et l'Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI). Performance industrielle Dans leur rapport 2011 sur le développement industriel, publié lundi dernier à Genève sous le titre «Promouvoir le développement industriel en Afrique dans le nouvel environnement mondial», la CNUCED et l'ONUDI ont en effet classé le secteur industriel national parmi les plus performants d'Afrique. En dépit d'une évolution médiocre, ces dernières années de la croissance industrielle africaine, certains pays se caractérisent par la vitalité du secteur et des perspectives prometteuses qu'affichent les entreprises de ces pays. Parmi les leaders qui montrent les signes de performances les plus élevés, le Maroc arrive juste après l'Afrique du Sud et le Swaziland, avec un taux de croissance de la valeur ajoutée manufacturière (VAM) de l'ordre 1,6%. Ce niveau contraste avec le reste de la région, puisque l'Afrique peine encore à dépasser les 1% de la production manufacturière mondiale. Or, selon les experts de la CNUCED et de l'ONUDI, le secteur industriel est un important levier de développement économique et de réduction de pauvreté, d'où la nécessité pour les gouvernements des pays africains de prendre les mesures nécessaires et véritablement efficaces afin de faire de l'industrie un véritable moteur du secteur économique. Cet objectif ne saurait être atteint sans une réelle connaissance de l'environnement industriel, sur lequel le «baromètre émergence» offrira désormais plus de visibilité. Pacte Emergence, une option stratégique Les objectifs assignés dans le cadre du Pacte pour l'émergence industrielle marocaine, un des grands chantiers structurants de l'économie nationale, rejoignent dans une large mesure les recommandations préconisées dans le rapport 2011 de la CNUCED pour le développement industriel en Afrique, notamment l'adoption d'approche pratique et efficacement élaborée des politiques en matière d'industrialisation. Selon la CNUCED et l'ONUDI, «ces politiques doivent s'adapter à la situation de chaque pays et s'appuyer sur de nombreux échanges de points de vue et d'informations avec le secteur privé et les chefs d'entreprise». Elles doivent, par ailleurs, s'orienter vers l'encouragement des «processus de recherche par le secteur privé, afin que celui-ci puisse découvrir ce qui peut être produit de manière compétitive». Autres pistes de développement, la stimulation de l'accompagnement du secteur par des stratégies sectorielles «sur mesure» et l'établissement des synergies avec le secteur agricole. Le rapport plaide, également, pour le renforcement de l'intégration régionale et notamment la densification des relations économiques avec les pays voisins. Ces leviers importants peuvent être encouragées par les pouvoirs publics, notamment à travers le renforcement de l'épargne intérieure.