Gérard Larcher : Les relations franco-marocaines sont fondées sur une histoire et une amitié « très profonde »    Le Chef du gouvernement s'entretient avec le vice- président de la Banque Mondiale pour la région MENA    Démantèlement d'une cellule terroriste liée à Daech : La préparation de l'acte terroriste était à un stade « très avancé » (Responsable sécuritaire)    Conseil des droits de l'homme de l'ONU : Abdellatif Ouahbi rencontre le chef de la diplomatie de Bahreïn    Assurance en Afrique : 6 tendances qui redéfiniront le secteur    Mekan Ishanguliyev nommé ambassadeur du Turkménistan au Maroc    Cellule terroriste démantelée : Le BCIJ fait le point    Défense : Les premiers hélicoptères Apache attendus ce lundi au port Tanger Med    Fouzi Lekjaa en visite officielle en Mauritanie pour renforcer la coopération sportive entre les deux pays    Patrimoine : quand l'appropriation culturelle menace l'héritage    Parution : «Fractales», le nouvel essai philosophique d'Abdelhak Najib    Bank Of Africa et sa filiale IT Eurafric Information certifient leur Data Center selon la norme ISO 50001    Inflation sous la loupe: Quelles perspectives pour 2025 ?    Ouverture officielle de la session des Commissions permanentes du PAP en présence de députés marocains    Miloudi Moukharik reconduit à la tête de l'UMT pour un quatrième mandat    Salon de l'Agriculture : une inauguration en grande pompe à Paris    Croissance du PIB du continent : La BAD prévoit une accélération continue pour 2025 et 2026    Palestine : A Jénine, Israël réquisitionne les maisons de Palestiniens et les transforme en postes militaires    Etats-Unis : Licenciement d'au moins 1600 employés de l'USAID    Le pape François dans un état "critique", annonce le Vatican    Turquie : un dixième maire suspendu pour « terrorisme »    Anouar Invest lance son Académie pour une formation d'excellence    Nouveau souci pour Nayef Aguerd    Glory 98 : Victoire spectaculaire du combattant marocain Hamicha    Récap. J22 (Botola D1) : La RSB fonce, le MAT glisse !    National "Amateurs". J18 : Wydad Temara nouveau leader !    CAF : La VAR et un stage de remédiation pour ''sécuriser'' l'arbitrage des matchs à élimination directe de la LDC et la CCAF    Ligue 1 : Zakaria Aboukhlal s'offre l'un des plus beaux buts de la saison    ISIS leader in the Sahel behind foiled terror plot in Morocco    French Senate President calls for stronger Morocco-Africa partnership    Températures prévues pour le mardi 25 février 2025    Morocco-Switzerland workshop : Advancing sustainable tourism in Beni Mellal    Sachets de nicotine "Pablo" : Cette dangereuse tendance qui menace nos jeunes    Le temps qu'il fera ce lundi 24 février 2025    Soft Power Index : le Maroc conserve sa position    Bourse de Casablanca consolide ses gains à la clôture    "Captain America" se maintient en tête du box-office nord-américain    Radio Abraham (www.radioabraham.net) : Un pont entre les cultures et un vecteur de compréhension mutuelle    Bénin. Le Festival des Arts célèbre la richesse et la diversité du continent    Double homicide à Mohammedia : un septuagénaire abat sa fille et son gendre avec une arme à feu    Taza : recours judiciaire envisagé pour l'expropriation liée au barrage Sidi Abbou    Ligue 1: Le magnifique doublé d'Achraf Hakimi contre Lyon [Vidéo]    La Finlande ferme le bureau des séparatistes du Polisario et interdit leurs activités sans autorisation préalable    Le Maroc accueille dans quelques heures ses premiers hélicoptères Apache AH-64E, joyaux de l'aérocombat moderne    Deux complices de Mohamed Amra interpellés à Marrakech    La RAM renouvelle son partenariat avec le festival du cinéma de Ouagadougou    La chaîne Tamazight dévoile sa grille spéciale ramadan : une programmation variée entre fiction, documentaires et émissions culturelles    L'Algérie utilise une image du Ksar Aït Ben Haddou dans une vidéo officielle    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Révolution monétaire
Publié dans Les ECO le 01 - 02 - 2015

J'ai déjà alerté les lecteurs dans cette même tribune sur le caractère récessif de la politique monétaire et sa vocation à amplifier la crise. En dépit d'une inflation quasi inexistante, la banque centrale marocaine s'obstine à ne pas réduire drastiquement son taux directeur, ou du moins le fait tardivement et modérément (-50 points de base en 3 ans). Elle refuse l'idée même d'une politique monétaire non conventionnelle. Elle affiche une volonté indéboulonnable d'appliquer à marche forcée la réglementation prudentielle de Bâle III, sans évaluation partagée avec les professionnels de la banque et les économistes de son adaptabilité à l'environnement national, de ses dommages collatéraux et du planning de mise en œuvre. Par cette obstination, ce refus et cette volonté, l'institut d'émission a accentué la déprime économique de 2014 et risque d'entraver sérieusement la reprise attendue en 2015. Les banques centrales des grandes zones économiques de la planète ont évité l'écueil de l'orthodoxie monétaire érigée en dogme, malgré des conditions économiques infiniment plus complexes. Leurs monnaies sont convertibles et librement négociables sur les marchés internationaux des changes, les exposant aux sanctions des agences de rating et des fonds spéculatifs. Leur dette publique est détenue en grande partie par des investisseurs étrangers, à l'affût du moindre différentiel du couple rentabilité/risque pour qu'ils procèdent à des arbitrages massifs. Faut-il rappeler que le dirham n'est pas librement convertible et que sa valeur est déterminée par Bank al Maghrib suivant un panier de monnaies auquel il est adossé ? Faut-il rappeler aussi que la dette publique marocaine demeure pour l'essentiel nationale, les banques et les institutionnels domestiques en détenant plus des trois quarts? Les banques centrales ont donc toutes mené des politiques monétaires extrêmement volontaristes, usant à la fois des taux directeurs et des mesures non conventionnelles. L'exception de la BCE, qui est liée par des statuts contraignants et réfrénée par une farouche opposition allemande, a disparu la semaine dernière. Mario Draghi en a été le fossoyeur. Les risques déflationnistes, la faible reprise économique et la pression des peuples sur les gouvernements, ont fini par avoir raison sur l'intransigeance de la Chancelière Angela Merkel et de son redoutable ministre des Finances Wolfgang Schäuble. La révolution monétaire qui a eu lieu dés 2008 aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne, au Japon, au Canada et, depuis peu, dans l'Euroland, porte un nom : c'est le "quantitative easing" (QE).
Cette politique monétaire d'assouplissement quantitatif consiste à monétiser la dette (mécanisme de la "planche à billets"), lorsque l'arme des taux est épuisée (proches de zéro ou négatifs) et que la déflation/récession devient menaçante. La banque centrale décide dés lors de racheter des titres d'Etat et de financer ces acquisitions par une création monétaire, qui gonfle artificiellement son bilan. Le programme QE de la BCE annoncé le 22 janvier dernier, dépassera les 1100 MM€ à l'horizon de septembre 2016. Il repose sur des achats mensuels sur le marché secondaire de la dette de l'ordre de 60 MM€, dont 50 MM€ de dettes souveraines et 10 MM€ de rachats de crédits titrisés (ABS) et d'obligations sécurisées (covered bonds). Pour arracher l'accord des allemands sur le QE, Mario Draghi a fait une concession de taille : limiter à 20% seulement la part des dettes acquises qui sera mutualisée au niveau de la BCE, afin de réduire le partage des risques au strict minimum. Les banques centrales des Etats membres porteront l'essentiel du programme. Elles rachèteront leurs dettes souveraines et s'exposeront frontalement au risque de taux. Les banques centrales française, italienne, espagnole et portugaise, seront les plus exposées. Quels enseignements la banque centrale marocaine devrait-elle tirer des expériences monétaires européennes, américaines ou asiatiques ? Ils sont au nombre de quatre. Premièrement, le QE sera meilleur pour l'économie marocaine que l'attentisme monétaire dont fait preuve Bank al Maghrib depuis 2012. Son effet sur la masse monétaire et les anticipations d'inflation sera positif. Deuxièmement, le QE réduira le coût de la dette publique et permettra au gouvernement de dégager de nouvelles marges de manœuvre budgétaires, à affecter prioritairement à l'investissement et au désendettement. Troisièmement, le QE ne peut être efficace que s'il vient concomitamment nourrir une double intervention de l'Etat : une politique de réformes structurelles et une relance des budgets d'investissements publics et de la consommation nationale. Quatrièmement, les mécanismes de transmission de la politique monétaire doivent être améliorés. La transmission via les banques se déroule au Maroc dans des conditions peu satisfaisantes, comme en témoigne l'évolution des taux débiteurs et des encours crédits. Les tensions sur la liquidité bancaire se sont pourtant atténuées, suite aux rentrées exceptionnelles de devises (1 MM€ empruntés par le Trésor sur le marché international de la dette, rapatriement de 9 MM DH de capitaux liquides amnistiés, encaissement de 13 MM DH de dons des pays du CCG). Ce qui démontre bien que la carence en termes de perspectives économiques et de confiance, demeure le point nodal de la croissance. Les banques sont réticentes à prêter aux PME et aux ménages, dont la demande de crédit est atone et la volonté d'investir réduite. Le QE n'a de sens que s'il lève cette réticence et cette défiance. L'Etat n'aura d'autre choix que de compter sur le sens de la responsabilité des opérateurs bancaires, pour transmettre à l'économie réelle les effets d'une révolution monétaire.
Mohammed Benmoussa
Economiste, et chef d'entreprise
www.mohammedbenmoussa.com


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.