Un rapport de l'OCDE met en exergue les avancées et les étapes à franchir avant de rejoindre un club de 65 pays. Initié par les USA et le Brésil, l'OGP compte un seul pays de la région MENA, à savoir la Jordanie. Le Maroc veut adhérer au club très select du Partenariat pour un gouvernement ouvert (OGP). L'initiative, lancée en 2011 par les Etats-Unis et le Brésil, regroupe aujourd'hui 65 pays dont un seul de la région MENA, la Jordanie, alors qu'ils n'étaient que 8 au début. Dans tous ces pays, gouvernement et société civile travaillent ensemble pour développer des réformes inclusives répondant autant que faire se peut aux aspirations des citoyens. Le Maroc doit répondre à quatre critères principaux pour avoir son ticket d'accès à l'OGP. Il s'agit de la transparence budgétaire, la facilité d'accès à l'information, la déclaration du patrimoine des élus et des hauts fonctionnaires et la participation effective des citoyens. Or, si le royaume a fait des efforts notoires pour trois des critères en question, ce n'est pas encore le cas pour le droit d'accès à l'information, qui a fait l'objet d'un projet de loi, mais qui continue de poser plusieurs interrogations sur son application. Vendredi 23 janvier à Rabat, un rapport préparé par l'OCDE sur la progression du Maroc vers le gouvernement ouvert a été présenté. Mohamed Moubdi, qui intervenait à l'occasion, a affirmé que les acquis du Maroc, grâce notamment à la nouvelle Constitution, intercédaient en faveur de son adhésion. Une adhésion certes lente mais en progression depuis déjà deux ans. Le ministre de la Fonction publique et de la modernisation de l'administration, s'enorgueillit déjà d'en arriver au stade de préparation d'un projet de plan d'actions qui une fois finalisé sera soumis au comité d'approbation de l'OGP. Moubdi n'a pas raté l'occasion de mettre en avant le dialogue national sur l'administration aujourd'hui dans son étape de consultation régionale et qui promet de révolutionner l'action gouvernementale dans ce domaine. Pour sa part, Dwight L. Bush, ambassadeur des Etats-Unis a souligné que l'histoire a montré que l'ouverture gouvernementale a un impact économique sur le niveau de progrès et sur la sécurité. Et d'ajouter que si un gouvernement ouvert peut susciter des critiques et une réflexion sur soi, il permet que les questions clés sur le développement et la participation des citoyens dans les politiques publiques soient dûment posées. En effet, quel que soit le désagrément que l'ouverture peut causer à un gouvernement, jeter les ponts avec la société civile peut s'avérer opportun en temps de crise pour relancer la machine économique et apaiser les tensions sociales. C'est ce que le Maroc a compris en lançant un dialogue national avec la société civile, qui malgré les couacs du démarrage a permis de mieux la connaître. Le pays aurait effectué des avancées considérables tant et si bien qu'Otavio Neves, coordonnateur pour le gouvernement ouvert et la transparence du Brésil, a déclaré avoir des membres OGP qui ne sont pas aussi engagés que le Maroc. Tout cela est bien beau, mais que recommande l'OCDE dans son rapport pour que le Maroc ait toutes les chances de son côté pour faire partie de l'OGP ? Selon Martin Forst, chef de la division des examens de la gouvernance et des partenariats à l'OCDE, il faut une loi d'accès à l'information à la hauteur des bonnes pratiques internationales, une inclusion plus forte des acteurs sociaux, renforcer les capacités financières et humaines des différents ministères et prendre sérieusement en compte le fossé numérique et l'analphabétisme. Parmi les recommandations phares figurent par ailleurs une meilleure vérification des déclarations de patrimoine ainsi que les sanctions y afférentes. Quant au volet portant sur la transparence budgétaire, il a été recommandé de publier les rapports en temps adéquats afin de permettre au Parlement et autres partenaires sociaux une bonne appropriation des politiques publiques. Sur la base de ces recommandations, un plan d'actions sera fignolé et soumis à la bonne appréciation d'OGP. Martin Frost Chef de la division des examens de la gouvernance et des partenariats à l'OCDE Les ECO : Quels sont les principaux écueils que les pays rencontrent dans leur cheminement vers l'Open Government Partnership ? Martin Frost : La grande difficulté que la plupart des pays rencontrent, c'est qu'une fois membre de l'initiative, il s'agit de faire des progrès dans la capacité des administrations et le comportement de la société civile car cette idée de partenariat, il faut la vivre pleinement. C'est très important au début d'avoir un plan d'actions, mais après cela demande des efforts continus pour maintenir la cadence au sein de ce partenariat. Je peux citer la transparence budgétaire et la lutte contre la corruption par exemple. Le Maroc a déjà progressé dans ces deux domaines, mais il faut encore aller plus loin. Existe-t-il des passerelles entre les pays membres d'OGP pour échanger les expériences ? Nous travaillons beaucoup à l'OCDE pour créer ce genre de passerelles. Nous ne dictons pas ce qu'il faut faire, mais nous essayons de montrer les difficultés rencontrées dans la mise en œuvre des lois pour que chaque pays membre puise en profiter. En fait, le plus important dans ce club OGP est d'échanger de façon ouverte les expériences des uns et des autres. La finalité derrière l'appartenance à l'OGP, c'est d'arriver à une croissance inclusive pour que les pauvres en profitent aussi.