Produire des logements en masse, c'est bien... à condition de se donner les moyens de les écouler. Pour répondre à cette problématique, Al Omrane vient d'annoncer, hier à Rabat, la mise en place d'une nouvelle stratégie où le volet «commercialisation» occupe une place primordiale. Cela veut-il dire que le bras immobilier de l'Etat peine à écouler ses unités produites ? Pour Badr Kanouni, Président du directoire du promoteur, ce n'est aucunement le cas. «La réorganisation commerciale répond au seul objectif d'améliorer le rendement de la société », explique-t-il. Quoiqu'il en soit, le top management d'Al Omrane semble motivé pour donner une nouvelle dynamique à la commercialisation de ces unités via des canaux modernes. Dans ce sens, une réorganisation des bureaux de ventes en vue d'assurer une homogénéité entre eux sera l'un des points-clés de cette offensive commerciale. À l'unification de ces points de ventes se rajoutera la mise en place d'une direction spécialement dédiée à la commercialisation en plus d'un centre d'appels afin de renforcer le service à la clientèle. C'est dire qu'Al Omrane n'y va pas de main morte pour se donner une image de «société moderne», comme ne cesse de le clamer haut et fort Badr Kanouni depuis son accession à la tête de l'établissement. Pour réaliser cet objectif, la stratégie du groupe pour la période à venir sera principalement axée sur la consolidation de sa position en tant que partenaire privilégié des collectivités et des autorités locales, avec une approche d'optimisation de ses ressources, notamment financières. «Il s'agit surtout d'adapter le cadre opérationnel de manière à anticiper les besoins et à optimiser les montages technico-financiers», ajoute Badr Kanouni. Par ailleurs, dans son rôle de développement urbain, le groupe renforce son positionnement en tant que grand aménageur-développeur de nouveaux espaces de vie. Dans ce sens, Al Omrane ambitionne d'être la locomotive pour attirer les investisseurs vers les zones qui restent délaissées. En d'autres termes, Al Omrane visera à développer de nouveaux projets dans les zones où la promotion immobilière est la moins développée en espérant que le groupe soit imité par les promoteurs privés. «Dans notre rôle d'outil de l'Etat pour sa stratégie de résorption du déficit en logement, nous sommes tenus d'investir principalement dans les zones où ce déficit est le plus important», insiste le président du directoire de la société. Au niveau des logements sociaux, le groupe se fixe comme priorité de contribuer à l'équilibre de l'offre nationale en investissant principalement les segments de logement à faible VIT comme c'est le cas pour les logements à 140.000 DH. Dans ce contexte, le groupe prévoit la mise en chantier de 76.298 unités pour son propre compte ainsi que 107.869 unités dans le cadre de la mise à niveau urbaine pour le compte de l'Etat. Le partenariat public- privé devrait, de son côté, permettre la mise en chantier de 40.000 logements en 2011. «L'enveloppe d'investissement devrait atteindre 8 MMDH pour l'exercice en cours, pour des recettes qui devraient se chiffrer à 6,63 MMDH», ajoute Kanouni. Le nombre d'unités qui devraient être totalement achevées se situerait ainsi à 231.184, toutes les branches confondues. À titre de comparaison, l'année 2010 s'est soldée par la réalisation de près de 225.000 logements. Le social s'est accaparé la part du lion dans ces réalisations avec la mise en chantier en 2010 de 41.455 unités pour le compte du groupe et 13.962 dans le cadre de la mise à niveau urbaine. Au vu des chiffres, il est bien claire qu'Al Omrane tente tant bien que mal de combler le déficit dont souffre le segment dédié à la classe moyenne, en attendant une adhésion du privé qui, pour rappel, est aujourd'hui en discussion avec l'autorité de tutelle pour décider des moyens à mettre en place en vue de relancer cette catégorie de logements. En tout, 20% des unités mises en chantiers par Al Omrane en 2010 concernent le moyen standing. Au final, Al Omrane aura engagé une enveloppe d'investissement de 7,51 MMDH mais a pu générer 5,75 MMDH au titre des recettes de ventes. Ceci a permis au groupe de solder son exercice 2010 avec un bénéfice de 297,19 MDH qui a permis de renforcer les fonds propres à 3,98 MMDH. De quoi permettre à la société d'augmenter la cadence de ses investissements, sachant que le management est aujourd'hui en discussion avec ses différents partenaires pour décider des meilleurs mécanismes de financement de ses projets. Pour un déploiement régional Le logement social étant le véritable cheval de bataille d'Al Omrane, le groupe prévoit la réalisation de 24.000 unités entre 2011 et 2015. La moitié de cette objectif est aujourd'hui soit déjà lancée ou en cours de lancement, soit en phase d'autorisation. Le reste est aujourd'hui toujours au stade d'étude. Par ailleurs, le management du promoteur public insiste sur la répartition territorial de ses projets. Ainsi, on apprend auprès de Badr Kanouni que pas moins de 15 régions sont aujourd'hui ciblées par le groupe dont la plupart sont des régions avec de petites villes, souvent les plus exposées au déficit en logement. L'objectif recherché est de produire des unités dont la qualité pourrait servir de modèle pour les autres promoteurs. Sur un autre registre, le management d'Al Omrane se félicite de la rapidité que connaît la réalisation des villes nouvelles. D'abord, la ville de Tamansourt, le projet le plus avancé du groupe, acceuille déjà 29.600 habitants sur un objectif de 300.000, sachant que l'ensemble des équipements sont achevés après six ans seulement du lancement du projet des villes nouvelles. «Dans d'autres pays, la réalisation de ce genre de projet prend une vingtaine d'année», justifie Kanouni. Tamesna, de son côté, affiche un taux de réalisation de 95% et 13.000 personnes y ont déjà trouvé logement sur les 250.000 prévus.