Les besoins en gaz naturel à l'horizon 2025 sont de 5 milliards de m3. Le GNL passera de 16% dans le mix énergétique à 31%. Depuis le temps qu'on l'attendait et les retards accumulés, la feuille de route pour le gaz naturel liquéfié (GNL) a été dévoilée hier à Rabat par le ministre de l'Energie Abdelkader Amara, qui, alors qu'il était ministre de l'Industrie, avait promis à la Fédération de l'énergie d'introduire le GNL au Maroc. C'est une promesse tenue donc, bien qu'il a fallu un temps considérable de concertation avec les acteurs concernés et l'ONEE pour la déclinaison de ce Plan national de développement du GNL, mais plus qu'un choix, c'est aujourd'hui une obligation voire une urgence que de préparer l'avenir de l'approvisionnement du pays en gaz naturel. En effet, la convention de transit du gaz algérien par le gazoduc qui traverse le pays pour aller en Europe, expirera en 2021 et l'on n'a pas encore de visibilité quant au renouvellement ou non de cette convention. Quant à la production locale, les prospections effectuées ne dépassent pas quelques millions de m3 alors que toute exploitation n'est envisageable que lorsque le rendu dépasse le milliard de m3. À ce propos, Amara dit pouvoir obtenir une visibilité dans les deux années à venir, mais en attendant, le Plan national table sur les contrats à long terme qui seront noués avec les pays pourvoyeurs de GNL. L'on estime ainsi les besoins en gaz naturel à l'horizon 2025 à 5 milliards de m3, sachant que la consommation actuelle du GNL au Maroc ne dépasse pas 0,9 milliard de m3. Quant aux investissements à mobiliser, ils sont de 4,6 milliards de dollars dispatchés à raison de 2,4 milliards de dollars pour les infrastructures gazières (jetée maritime, terminal GNL, gazoduc de transport et stockage), tandis que la réalisation des centrales à cycle combiné (CCGT) nécessitera 2,2 milliards de dollars pour une capacité de production de 2.700MW, ce qui est considérable. La grande partie de cet investissement sera mobilisée, explique le ministre, par des investisseurs privés et institutionnels nationaux et internationaux dans le cadre de contrats de concessions PPA (purchase power agreement). Ceci permettra au GNL de passer de 16% dans le mix énergétique aujourd'hui à 31% en 2025. À cet horizon, l'on remarquera la disparition du fuel qui occupe actuellement 14%, tandis que le charbon continuera d'occuper la part du lion avec 44%. Le choix du gaz s'est fait dès 2005, rappelons-le, avec la mise en place de la centrale à cycle combiné de Tahaddart, près de Tanger, avec une capacité de 385MW. En 2010, l'on a assisté à la mise en service de la centrale thermo-solaire d'Aïn Beni Mathar (470 mw dont 20 mw solaire). L'approvisionnement de ces deux centrales en gaz naturel a été sécurisé par un contrat commercial portant sur un volume annuel de 640 millions de m3, signé en juillet 2011, pour une période de dix ans. C'est un exemple parmi d'autres qui montre l'importance de la sécurité d'approvisionnement des centrales pour répondre à une demande en constante évolution. Justement, la demande en énergie électrique connaîtra une croissance annuelle moyenne de près de 6,1% entre 2014 et 2016, ce qui conduit à une énergie nette appelée de 38 twh (térawatt-heure) à l'horizon 2016 et de 6,2% entre 2017 et 2025, pour une énergie nette appelée de 65 twh. Quels sont alors les objectifs par niveau d'importance du Plan national du GNL ? La priorité, explique Amara, est donnée aux besoins du secteur électrique sous l'appellation Gas to power. Il s'agit primo, de répondre aux besoins en capacité additionnelle de production d'électricité. Secundo, de confier sa mise en œuvre à l'ONEE en partenariat avec des opérateurs nationaux et étrangers, conformément à la législation et la réglementation en vigueur, principalement la loi 40-09 relative à l'ONEE. La deuxième phase du plan, baptisée Gas to industry, portera sur le développement de l'utilisation du gaz naturel dans l'industrie. Il s'agit dans cette perspective de créer de la valeur ajoutée en impliquant les opérateurs industriels et financiers marocains. Quant à la partie législative proprement dite, Amara a annoncé que le Code gazier sera transmis au SGG en juin 2015. Aussi, dans les semaines qui viennent, la feuille de route de l'efficacité énergétique sera dévoilée.