Au delà de tout jugement objectif ou subjectif sur l'existence même des comptes dits spéciaux, le débat ouvert sur ce sujet a permis d'éclaircir certaines zones d'ombre. En effet, c'est la première fois qu'un ministre des Finances daigne s'expliquer sur la nature de ces comptes et sur leur faisabilité. À son actif aussi, il faut comptabiliser sa prédisposition à s'ouvrir à l'exercice de transparence envers les parlementaires, sans aller jusqu'à ouvrir les livres pour aller jusqu'aux petits détails. Il a donc su tenir, avec finesse et sans incident, le bâton par le milieu. Les péripéties de ce feuilleton sont toutefois riches en enseignements. Primo, les députés ont joué pleinement leur rôle revendicatif d'un droit de regard légitime. Secundo, ils sont arrivés à briser un tabou autour duquel bien des mythes ont été imaginés. Tertio, c'est la première fois que l'on voit des députés de la majorité ne pas se cantonner à un rôle complaisant avec l'Exécutif. Du côté du gouvernement, passé l'effet de surprise au début de l'affaire, le ministre des Finances a expliqué les enjeux stratégiques de ces comptes, a démontré qu'il ne s'agissait pas de caisses noires et a surtout promis de mettre l'ensemble des comptes gérés par la Trésorerie Générale sous l'ordonnancement direct du ministère. C'est autant dire que pour ce dossier, il n'y a eu ni vainqueur ni vaincu. En revanche, le débat de la raison et de la logique l'a largement remporté. Louable.