12 thèmes et 36 mesures composent le plan d'action de l'Initiative maghrébine pour le Commerce et l'Investissement (IMCI). Renforcement des infrastructures, création de l'Agence de promotion de l'investissement au Maghreb, mise en place de la BMICE, finalisation de l'autoroute transmaghrébine ... des projets pour réussir l'intégration maghrébine économique. L'Initiative maghrébine pour le commerce et l'investissement (IMCI) apporte pour la première fois une feuille de route précise pour le Maghreb des entrepreneurs. C'est une stratégie née d'une initiative privée pour le secteur privé. Que propose concrètement ce plan d'action ? Il indique deux dimensions que les opérateurs économiques maghrébins devraient aborder dans un horizon allant d'un an à cinq ans. Six secteurs ont été identifiés comme pivots de la stratégie. Il y a d'abord le commerce et les finances. Sur ce volet, le cabinet danois propose que l'Union maghrébine des employeurs (UME) œuvre pour la facilitation de l'accès transfrontalier aux prêts et crédits. Une action qui devrait être mise en place à très court terme (1 an). Dans un délai de 2 à 4 ans, il est proposé la facilitation de l'établissement transfrontalier des banques pour arriver in fine à libéraliser tous les mouvements de capitaux au Maghreb. L'application de ces mesures boostera les investissements croisés dans la région. À ce titre, l'encouragement des investissements fait partie des objectifs de la stratégie qui traite ce volet au niveau du climat des affaires. En effet, l'Union du Maghreb pour le commerce et l'investissement (UMCI) veut créer une agence de promotion de l'investissement au Maghreb, celle-ci encouragerait les investissements intra-maghrébins et pourrait mener une campagne d'investissement intra-maghrébine et internationale. «L'investissement mutuel, qui est lié de manière intrinsèque au libre mouvement des capitaux, aide à renforcer les liens entre les économies maghrébines. De plus, les IDE sont des déclencheurs importants de croissance et génèrent des avantages nombreux tels que la création d'emploi, le transfert technologique ou encore l'afflux de devises», précise-t-on, auprès de Konsentio. Ceci est conditionné également par la nécessité d'ouverture des frontières pour la libre circulation des personnes à travers l'abolition des obligations de visas entre les 5 pays. La convergence douanière est une thématique que la feuille de route de l'UMCI ne pouvait pas omettre. En effet, tout le monde s'accordent sur la nécessité de mettre à plat les différents systèmes douaniers pour les harmoniser. Ladite stratégie y consacre d'ailleurs un certain nombre de mesures. Il est préconisé d'établir un dialogue entre le Conseil des douanes et l'UME au cours de cette année avant de commencer à travailler sur l'harmonisation des procédures douanières au cours des quatre prochaines années. À ce rythme, le Maghreb devrait avoir un système douanier harmonisé à l'horizon 2018 avec comme objectif l'établissement de tarifs douaniers communs et pourquoi pas la création de la Zone maghrébine de libre échange (ZMLE). Sur un autre registre, la connection des marchés est aujourd'hui une nécessité si l'on veut rehausser le niveau des échanges intra-maghrébins. Dans ce sens, il est question de renforcer les partenariats public-privé afin d'élargir le système routier et les structures portuaires. «À cet égard, la Banque maghrébine de l'investissement et du commerce (BMICE) peut aussi faire valoir sa valeur ajoutée», précisent les experts de Konsentio. Beaucoup d'intervenants ont déploré le non aboutissement de cette banque dont le Maghreb a grand besoin. S'accorder sur un régime de transport commun, investir dans les capacités du rail en donnant plus d'élan aux projets communs de chemins de fer, finaliser l'autoroute transmaghrébine et, pourquoi pas, étendre les accords de l'open sky. La feuille de route préconise des mesures pour le marché de l'emploi et la formation. À court terme, l'UMCI s'attèlerait à adapter l'université aux besoins des entreprises et faciliter les procédures relatives à l'emploi transfrontalier. À long termes, l'UME, à travers l'UMCI devrait créer des marchés d'emplois sectoriels communs et mettre en place un espace de recherche maghrébin. Il s'agit là d'une feuille de route plutôt ambitieuse qui ne pourra se concrétiser que si elle est adossée à un support permanent qui pourra assurer son suivi. Point de vue Sinne Backs Conan, PDG et fondatrice de Konsentio Un secrétariat permanent est nécessaire pour l'UME Nous avons travaillé plusieurs mois avec le patronat et le secrétariat général de l'UMA pour mettre en place une feuille de route où le patronat aura les armes pour réussir à concrétiser ce rêve d'un Maghreb économique sans frontières. Cette stratégie est très systémique, dotée de focus clairs, sectoriels et organisationnels. Sur six domaines, nous avons mis en place des mesures à différents laps temporels (court, moyen et long termes). Nous avons traité l'infrastructure, les barrières douanières, le climat des affaires ou encore le marché du travail. En même temps, nous avons relevé qu'avoir des mesures claires n'était pas suffisant, s'il n'y avait pas une structure de support qui les porte. D'où la proposition de doter l'Union des entrepreneurs maghrébins, qui existe depuis 2007, d'un secrétariat permanent. Ce dernier, qui viendra renforcer la structure de l'UME, pourra gérer et faire le suivi de cette feuille de route. Par ailleurs, on voudrait que les entreprises individuelles soient plus intégrées sur le plan régional. Par exemple au niveau du secteur de l'énergie, où chaque marché individuel est trop petit, un regroupement des entreprises qui atteindront ainsi une taille plus importante permettra de lever des IDE pour la région et non pour un pays. Ainsi, les politiques pourront voir concrètement que les opérateurs économiques sont capables de travailler ensemble. Donc, pourquoi pas eux aussi ! 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