C'est par le Mali que Mohammed Vi entamera à partir de demain mardi une nouvelle tournée africaine. Cette fois, quatre pays sont au programme du périple royal. Après le Mali, le souverain se rendra par la suite en Guinée Conakry, en Côte d'Ivoire et au Gabon. Cette tournée intervient presque un an après celle qui a conduit Mohammed VI au Sénégal, en Côte d'Ivoire et au Gabon et par la suite, la visite assez symbolique au Mali, à l'occasion de la cérémonie d'investiture du nouveau président Ibrahim Boubacar Keita. Ces visites s'inscrivent dans le cadre du renforcement de la coopération politique, économique et culturelle qui lie le Maroc et ses pays frères africains. Cette fois pourtant, la tournée royale accordera une place de choix aux affaires. C'est à tout point de vue ce qu'illustre la présence dans la délégation royale d'une importante communauté de chefs d'entreprise marocains, dont la patronne des patrons, Meriem Bensalah Chaqroun. Il s'agit donc et désormais de passer à une nouvelle étape du partenariat qui lie le Maroc aux pays africains, principalement ceux qui sont inscrits sur l'agenda du souverain. C'est d'ailleurs dans le cadre de la concrétisation des engagements donnés par le souverain à ses pairs africains que s'inscrit cette tournée, qui se veut au service de la diplomatie économique. À la suite du raffermissement des relations politiques, au plus haut niveau, entre le Maroc et plusieurs pays africains, Mohammed VI n'a pas manqué, ces dernières années, de mettre en avant la nécessité pour l'Afrique de se consacrer à la prise en compte de son propre destin, en misant sur les atouts dont le continent dispose et qui attirent la convoitise des principales puissances économiques du monde. Le Maroc, qui s'appuie sur sa position géographique, ses opportunités économiques et son expertise dans plusieurs domaines, se positionne désormais comme un hub africain. Investissements et développement Le secteur privé est donc appelé à s'inscrire dans la nouvelle politique de coopération entre le Maroc et ses voisins africains. Déjà, la présence marocaine sur le continent constitue, à ce jour, l'un des modèles les plus réussis en matière d'intégration. Le défi est à présent de traduire les nouveaux engagements en actes. Dès mai 2012, à l'occasion de la 48e assemblée générale de la Banque africaine de développement (BAD) que la Maroc a accueillie, le souverain a donné le ton, surtout qu'elle intervenait moins de trois mois après la dernière tournée royale en Afrique. «Notre visite, en mars dernier, dans trois pays d'Afrique de l'Ouest et d'Afrique Centrale traduit l'intérêt particulier que nous accordons au renforcement des relations de coopération et de partenariat public-privé avec les pays africains frères», avait déclaré Mohammed VI à la rencontre de Marrakech, avant d'ajouter qu'elle «illustre aussi notre ferme détermination à parvenir à une intégration régionale plus poussée, à même de garantir la prospérité et le rayonnement de l'Afrique». Dans ce sens, a poursuivi, Mohammed VI, «l'internationalisation du secteur bancaire marocain en Afrique est un modèle réussi des possibilités de partenariat régional. Elle est amenée à s'intensifier, au travers du développement de Casablanca Finance City, qui a vocation à être une place financière de premier plan, en tant que relais entre l'offre internationale de financement et la demande nationale et régionale». Le lancement des activités de CFC, prévu cette année, constitue donc une opportunité à saisir pour le secteur, qui dispose désormais des leviers nécessaires pour rivaliser avec les autres puissances. Les multiples visites que Nous avons effectuées dans nombre d'Etats africains ne font que traduire Notre ferme volonté d'insuffler un nouveau dynamisme à nos relations avec ces pays frères et de concrétiser l'esprit de coopération Sud-Sud, notamment dans les domaines liés au développement humain, à l'expansion des échanges commerciaux et à la promotion des investissements. Message royal aux participants au 3e Sommet arabo-africain, les 19 et 20 novembre 2013, au Koweït. Nous avons placé l'Afrique au cœur de notre politique extérieure et avons fait le choix délibéré, naturel et stratégique en faveur d'une coopération solidaire, Sud-Sud et triangulaire, qui se traduit par la mise en œuvre de projets concrets, au bénéfice de plusieurs pays du continent. Message royal aux participants au Sommet de l'Elysée sur la paix et la sécurité en Afrique, les 6 et 7 décembre 2013, à Paris. Fidèle à notre appartenance africaine et ayant en vue les liens spirituels et les intérêts stratégiques de notre pays, Nous nous sommes attaché à consolider nos liens avec les pays subsahariens, en les plaçant au cœur de l'agenda diplomatique marocain. Nous avons concrétisé cette orientation à travers les visites que Nous avons effectuées, à partir de 2000, dans plusieurs pays africains frères. Discours du roi à la Conférence des ambassadeurs, le 30 août 2013, à Rabat. Retour en force La particularité de cette tournée royale en Afrique sera assurément la mobilisation dont elle fait l'objet de la part des pays visités mais aussi et surtout la forte médiatisation dont elle bénéficie, principalement par la presse africaine. En plus des journaux et autres sites d'informations en ligne des pays visités, les médias panafricains consacrent depuis quelques jours une couverture assez singulière à cette tournée. C'est aussi le même cas au niveau des médias occidentaux, bien que l'angle de traitement diffère. La tournée royale est en effet différemment interprétée en fonction des pays et des enjeux stratégiques en place. Le dénominateur commun de cette campagne médiatique sans précédent, c'est le fait que le Maroc consolide désormais son retour en force sur la scène africaine, qu'il s'agisse de l'aspect sécuritaire ou économique. Il faut dire qu'en prélude à cette visite, plusieurs pays ont sonné la mobilisation générale, particulièrement en Guinée et en Côte d'Ivoire, où des comités ont été mis en place pour réserver un accueil en grande pompe au souverain. Il s'agit incontestablement d'un point positif à l'avantage du Maroc, qui voit ainsi son histoire politique et socioéconomique surtout des dernières années ainsi que son engagement en faveur du développement de l'Afrique, mis au devant de la scène africaine.