Ils sont plus de 3 millions, soit l'équivalent d'un dixième de la population marocaine, à vivre hors du territoire du royaume. Chaque été, ils sont plus de 2 millions à rentrer «au bled». Mais derrière le cliché du «Beur en survet' Lacoste», se trouve une réelle opportunité de développement que le Maroc entend bien saisir. Pour Abdelslam Elftouh, directeur du service Economie et développement de la Fondation Hassan II pour les MRE, «il faut remettre l'économie à sa place dans le débat sur la diaspora». Et de préciser : «L'émigration s'est faite pour des raisons économiques, aussi bien du côté marocain que de celui des pays d'accueil». Pour mieux répondre aux besoins de la nouvelle génération, la Fondation s'est employée depuis sa création en 1990 à préserver les liens entre les Marocains de l'étranger et leur patrie, tout en les aidant à résoudre les problèmes liés à leur éloignement géographique. Ainsi, de nombreux chantiers concernant les questions d'identité, d'apprentissage de la langue et de la chose religieuse ont été mis en place. À ce titre, quelques 800 professeurs enseignent la culture marocaine dans plusieurs pays d'accueil et 200 imams se déplacent en Europe durant chaque mois de ramadan. D'ici l'année 2012, onze centres culturels marocains devraient voir le jour à travers le monde, à commencer par la Libye, premier pays arabe en nombre de résidents marocains. Autant d'initiatives à mettre à l'actif de l'Etat, mais aussi de la société civile. «Le Maroc est l'un des rares pays du monde arabe à avoir une politique d'émigration globale. Elle est le résultat d'une stratégie intégrant tous les aspects liés à l'émigration», relève Mohamed Ameur, ministre délégué chargé de la Communauté marocaine résidant à l'étranger. On le sait, la politique vis-à-vis des MRE est loin d'être désintéressée. Une politique globale Cette population constitue la première source de devises du pays (54 milliards de dirhams en 2008). Pour Mohamed Ameur, «la communauté marocaine à l'étranger a changé. Elle est maintenant installée et organisée durablement dans les pays d'accueil. Les MRE, ce sont aussi et surtout des compétences et du savoir-faire acquis dans les pays d'accueil». Aujourd'hui, la politique de l'Etat porte sur la consolidation du partenariat avec les associations locales de Marocains à l'étranger. Celles-ci sont appelées à mieux s'organiser. La crise s'invite dans les politiques d'immigration Lors de son déplacement au Caire, le ministre délégué chargé de la Communauté marocaine résidant à l'étranger a rappelé que les migrants étaient les premiers à être victimes de la crise dans les pays développés. En période de crise, toutes les catégories de population sont affectées, mais les immigrés sont «les premières victimes de la diminution des offres d'emploi et de la réduction du pouvoir d'achat», a déclaré Mohamed Ameur. À titre d'exemple, les recrutements de travailleurs étrangers ont été divisés par 10 en Espagne entre 2008 et 2009. Pour pallier cette conjoncture, le ministre précise que le gouvernement a décidé de mettre en place une cellule chargée de traiter la question des MRE au sein du Comité de veille stratégique. Ce comité a déjà validé des mesures telles que la mise en place d'un fond spécial pour soutenir les investissements des Marocains résidant à l'étranger, ainsi que des facilitations à l'obtention de crédits à taux préférentiels pour le logement ou encore pour le rééchelonnement de leurs dettes. «Le Maroc est le seul pays à avoir pris des mesures destinées aux MRE pour accompagner la crise», soutient Mohamed Ameur.