Quand Tanger la belle accueille les rythmes de jazz, ils sont forcément animés par la passion de la découverte et de la surprise. En effet, pour sa quatorzième édition, la ville ne manque pas à ses promesses et propose une programmation des plus alléchantes orientées vers les pays de l'Est. «Mis à part sans doute le jazz qui nous vint de l'ouest à travers la bande-son «boogie-woogie» du cinéma muet, les big bands fastueux de la Grosse Pomme transplantés au Paris des Années folles puis, plus tard, dans les paquetages des GI's, le vent de la nouveauté nous arrive le plus souvent de l'Est ! Mais si, mais si, voyez les déferlantes d'Attila, les cavaliers d'Oqba Ibn Nafi, les traductions d'Aristote par les Arabes, le Soleil Levant et son empire, et plus près de nous, les impressionnants dragons chinois... Il était donc naturel que Tanger, capitale culturelle du centre des mondes, regarde vers le plus oriental des points cardinaux», annonce l'organisation du festival, qui promet bien des surprises toujours vraies et authentiques, autour de l'amour de la musique à travers des jazz de Bulgarie, d'Egypte, de Tunisie, des Balkans, du pays manouche , de la musique Klezmer... «J'ai remarqué que tous les grands festivals de l'été en Europe comme à Newport présentent à 95% exactement les mêmes artistes et des artistes très en vue. Tanjazz fait toujours le pari de l'exploration, de la découverte et de la surprise. À une ou deux exceptions près, aucun artiste présent à Tanjazz ne sera vu et entendu dans ces grands festivals ! Plus que de l'argent, cela demande de la patience, de la recherche, de la passion...», explique le maître de cérémonie Philippe Lorin. De la recherche et de la passion qui vont s'orienter vers de nombreux artistes d'Europe de l'Est et d'Orient à l'image d'Arun Gosh, compositeur et clarinettiste, dont les mélodies suaves d'inspiration sud asiatiques donnent naissance à de furieuses improvisations menées par la basse, le tablah et de féroces explosions de batterie et qui se produira vendredi sur la scène Renault Palais ou encore Yehya Khalil. Pour ses cinquante ans de jazz, le grand batteur égyptien présente Iqae al-roh (au rythme de l'âme), concert regroupant ses plus belles compositions avec ses drums vibrants et un parfait mixage de nay, qanoun et tablah orientaux, avec saxophone et guitare d'Occident le même soir, mais à la scène BMCI Palais et samedi scène BMCI Ville. Du côté de Tunis, Nabil Khemir propose des sons de sa guitare luth à double manche baptisée «Rayjam» pour «rayon d'improvisation musicale», pendant que le pianiste autrichien David Helbock Trio présentera ses compositions originales avec utilisation d'instruments inhabituels ajoutant aux riches facettes d'un univers musical inconnu. Les festivaliers pourront faire la connaisance ou venir admirer le talent confirmé de plusieurs artistes comme Petr Kroutil Orchestra de Prague, Sofia Fusion Quartet de Vasil, Palinka, sextet sous influence Django, avec guitare manouche pour des rythmes Klezmer endiablés qui compléteront le travail de The Klezmaniacs, qui comme leur nom l'indique, sont quatre dingues de Klezmer, des juifs d'Europe de l'Est, Dallas Quartet, ou encore Noam Vazana. Tanjazz passe à l'Est certes, mais pas uniquement ... «L'intérêt d'avoir un thème fort, c'est de pouvoir s'en éloigner pour jouer d'autres mélodies sans déchanter». C'est ainsi qu' Elisabeth Kontomanou, consacrée meilleure artiste vocale aux Victoires du Jazz 2006, ramènera un air du monde au festival avec un brin oriental, puisque Grecque de mère, guinéenne par son papa, Française de cœur et d'état civil, américaine de résidence et internationale par son aura. Autodidacte, bercée par la Motown, émerveillée par Callas, puis par Carmen McRae, compositrice, auteure, arrangeuse, actrice aussi, elle se révèle dès 2000 comme une «side woman» de référence. Maîtrisant l'art de la pure mélodie et de l'improvisation, elle revient sans nostalgie aux standards. De même que sa beauté irradie l'affiche de Tanjazz 2013, son interprétation puissante des totems du jazz vocal les illumine d'un jour nouveau. Ce sera un rendez-vous à ne pas manquer le samedi, à la scène BMCI Palais. À l'image de celui du jeudi au Tanjazz Lounge avec Samy Thiebault, venu de Côte d'Ivoire et dont l'album «Clear Fire» et le dernier concert au New Morning de Paris ont fait l'unanimité de la presse. Le rythme, et ses diverses danses intérieures ou extérieures, est l'objet de cette nouvelle aventure physique et spirituelle. L'apport de la voix dans l'orchestration, des percussions du Maghreb associées à un beat puissant, puisé dans la tradition et le langage du jazz l , donne naissance à une matière sonore originale, organique tout autant que méditative. À l'instar des grands rendez-vous, les petits n'en sont pas moins attrayants comme ces rencontres avec Magic Tarbouch, Sylvia Howard & The Black Label Swingtet, King Pleasure & the Biscuit Boys, Kind of Cai, Valerio Vantaggio 4 et Jazz Connection, Champian Fulton, Circular Time, Gan San, Art District, Gnawa Express, Batunga, Ben Prestage et Roger Cactus. En somme, les mélomanes auront leur lot de surprises le 18 septembre prochain avec un Tanjazz aux couleurs de l'Est du monde,