Vous êtes ici : Actualités / Culture / Parfum de l'Est à Tanjazz La quatorzième édition de Tanjazz passe à l'Est et se lance à l'assaut de nouveaux talents et de sons aux affluences orientales. Après la rencontre des artistes marocains programmée en 2012, le plaisir sera à la découverte des jazz de Bulgarie, d'Egypte, de Tunisie, des Balkans, du jazz manouche et de la musique Klezmer. Un thème fort, emblématique d'un jazz métissé et revisité, et qui creuse encore plus le sillon d'un festival ouvert sur la musique plurielle. Le promoteur de Tanjazz, Philippe Lorin, explique les raisons derrière le choix de cette orientation : « J'ai remarqué, précise-t-il, que tous les grands festivals de l'été en Europe comme Newport présentent à 95 % exactement les mêmes artistes et des artistes très vus. Tanjazz fait toujours le pari de l'exploration, de la découverte et de la surprise. A une ou deux exceptions près, aucun artiste présent à Tanjazz ne sera vu et entendu dans ces « grands » festivals. Plus que de l'argent, cela demande de la patience, de la recherche, de la passion... ». Parmi les vétérans de cette édition, Arun Gosh, compositeur et clarinettiste d'origine asiatique et résidant à Londres, qui concocte des mélodies d'inspiration asiatique menées par la basse, la tablah et la batterie. Autre invité de marque, Yehya Khalil, batteur égyptien émérite qui présente, à l'occasion de ses cinquante ans de jazz, le concert « Iqae al roh » (Au rythme de l'âme) qui réunira un éventail de ses plus belles compositions. Sa musique est un mixage jazzy de sonorités orientales et occidentales : le nay, qanoun et tabla s'allient aux saxophone et guitare d'Occident. Le Tunisien Nabil Khemir sera également de la partie et viendra jouer son instrument fétiche, la guitare-luth. Cet instrument de fusion à double manche baptisé « Rayjam » ou rayon d'improvisation musicale est une invention de l'artiste lui-même. Le « Rayjam » se greffera aux rythmes puisés du répertoire d'Oum Kalthoum, de Mohamed Abdelwahab, du guitariste britannique John Mc Laughlin, et du guitariste américain Pat Metheny. Klezmer, musique de l'histoire Cette année, le lyrisme jazzy se doublera d'un souffle folklorique venu des contrées yiddish, et des groupes sous influence klezmer, musique tzigane originaire des ghettos et des villages de l'Europe de l'Est, où les troubadours juifs itinérants connus par les Klezmorim se produisaient dans des événements festifs, et puisaient leurs influences de la musique gitane. Le festival accueille « Palinka », sextet estampillé klezmer qui fait jaillir des sons tziganes sous influence Django avec guitare manouche, saxophone et violon et « The Klezmaniacs » quatre musiciens qui dégainent une musique où se reflète l'histoire des pérégrinations des Juifs d'Europe de l'Est à travers l'espace et le temps. Temps forts du festival Les temps forts les plus attendus de cette édition sont notamment l'étoile montante greco-guinéenne Elisabeth Kontomanou. Compositrice, auteure, arrangeur, et révélation de l'année 2000, cette talentueuse musicienne est consacrée meilleure artiste vocale aux « Victoires du Jazz » 2006. Bercée par la Motown, elle est inspirée par Maria Callas et Carmen McRae, et s'impose comme une référence internationale du jazz vocal. Un autre concert qui promet d'être euphorisant : celui de l'Ivoirien Samy Thiebault dont l'album « Clear Fire » et l'univers éthéré fait l'unanimité de la presse. Ses rythmes inspirés du Maghreb s'associent à un beat puissant, puisé dans la tradition et le langage du jazz le plus puritain et donne naissance à une matière sonore originale, organique tout autant que méditative. Parmi les petites pépites proposées par le festival, rendez-vous avec la formation Magic Tarbouch, une découverte tangéroise qui vaut le détour. Magic Tarbouch est un quintet de jazz et surf music né à Tanger initié par Tarik Elamile, guitariste du groupe rock Lazy Wall (nommé d'après le célébrissime « mur des paresseux » de la cité du Détroit). Influencé par la surf music, rock rythmé de la côte californienne dont l'exemple le plus connu est le morceau « Misirlou » de Dick Dale, qui fait partie de la bande son du film Pulp Fiction. Le groupe remonte le temps et s'inspire de la musique qui s'étend des années 20 jusqu'aux années 60. Du swing de la Nouvelle Orléans à la naissance du be-bop, du cool au hard bop, ce jazz du milieu du XXème siècle est revisité « sauce tangéroise ». Ne ratez pas ces bulles de jazz au Palais Moulay Hafid de Tanger, du 18 au 22 septembre.