À en croire la Direction des études et des prévisions financières (DEPF), le deuxième trimestre de l'année en cours a été marqué par une amélioration de la situation économique qui contraste de manière visible avec les contreperformances du dernier trimestre 2012 et du premier trimestre 2013. Et ce alors même que les effets positifs de la nouvelle campagne agricole sur l'activité économique ne sont pas encore palpables dans l'immédiat. Les derniers baromètres disponibles, particulièrement ceux relatifs aux échanges extérieurs, vont dans ce sens. En effet, les exportations des biens ont progressé de 1,1% au titre du deuxième trimestre après une baisse de 2,8% au premier trimestre 2013. Sur le plan sectoriel, les exportations des secteurs de l'électronique, de l'aéronautique et de l'automobile se sont accélérées. De leur côté, les recettes de voyages se sont améliorées, marquant une hausse de 5,4% après un repli de 1,4% un trimestre auparavant, confirmant la poursuite du redressement du secteur touristique. Du côté des importations, le deuxième trimestre de l'année en cours a été marqué par une décélération du rythme de baisse, avec un léger recul de 1,1%, après une baisse de 5,4% au premier trimestre 2013, tout en préservant une tendance toujours haussière pour les importations des biens d'équipement et des demi-produits, reflétant un dynamisme global de l'activité économique. Ces améliorations, s'ajoutant à la bonne performance de secteurs dynamiques à contributions significatives dans la croissance économique, tels que l'agriculture et les activités tertiaires, présagent des perspectives positives pour l'activité économique dans son ensemble. Un vent d'optimisme ! À l'origine de cet optimisme, le comportement de plusieurs indicateurs, à commencer par la demande intérieure. Cette dernière aurait maintenu une tendance positive en 2013, en dépit du contexte international défavorable. La consommation des ménages, principal levier de la croissance économique nationale, bénéficie de la conjugaison de plusieurs facteurs, notamment la création de 126.000 emplois rémunérés au premier trimestre 2013 et la progression toujours positive de l'encours des crédits à la consommation (+6,5% en glissement annuel à fin mai 2013). La consommation a également profité de la réalisation d'une bonne campagne agricole et la reprise des transferts MRE (+2,6% au deuxième trimestre 2013 après une baisse de 3,7% à fin mars 2013) ainsi que la relative maîtrise des prix à la consommation (+2,4% pour l'IPC à fin mai 2013). Autres indicateurs positifs, le bon comportement des recettes des IDE (+27,2% à fin juin 2013), des émissions au titre de l'investissement du Budget de l'Etat (+17,1% à fin mai 2013) et des importations des biens d'équipement (+7,4% à fin juin 2013). Des indicateurs qui «témoignent d'un maintien de l'effort d'investissement en 2013», souligne la DEPF. Au niveau des échanges extérieurs, les transactions commerciales du Maroc ont été marquées par un allégement du déficit commercial de 5,3% à fin juin en comparaison avec la même période de l'année passée, pour se chiffrer à 97,5 MMDH. Au niveau des autres flux financiers, les recettes des investissements directs étrangers (IDE) poursuivent leur dynamisme, progressant de 27,2%, en glissement annuel, pour totaliser 21,8 MMDH à fin juin. De leurs côtés, les recettes voyages se sont renforcées de 2,1% à 25,3 MMDH. Par ailleurs, les recettes des MRE ont marqué une quasi-stagnation par rapport à la même période de l'année écoulée à 26,8 MMDH. Ces indicateurs qui inquiètent... En revanche, l'évolution d'autres indicateurs relativisent l'optimisme de la DEPF. Indicateur clé du secteur du bâtiment et travaux publics (BTP), les ventes de ciment ont ainsi reculé de 12,6% à près de 7,8 millions de tonnes au titre du premier semestre de l'année en cours, avec, toutefois, une décélération du rythme de baisse au titre du deuxième trimestre 2013 (un recul de 4% après une baisse de 20,8% à fin mars de la même année). Cependant, cette atténuation ne permet pas de contrebalancer les pertes enregistrées depuis fin 2012. S'agissant de l'activité industrielle, les résultats de l'enquête de conjoncture, réalisée par Bank Al-Maghrib dans ce secteur, font état d'une évolution mitigée de la production industrielle durant le mois de mai. En effet, 37% des opérateurs ont déclaré une hausse par rapport au mois d'avril contre 40% qui déclarent une baisse. Pour les trois prochains mois, 45% des industriels interrogés s'attendent à une hausse de la production, tandis que 43% d'entre eux anticipent une stagnation. Enfin, la situation des finances publiques continue de donner des sueurs froides aux pouvoirs publics. Selon la DEPF, la situation des charges et ressources du Trésor à fin mai 2013 a révélé une exécution du budget quasiment en ligne avec les prévisions initiales des recettes fiscales, avec un taux de réalisation de 39%. Toutefois, ces recettes se sont repliées de 2,5% en glissement annuel, tirées par la baisse des recettes des impôts directs de 5,2%, des droits de douane de 19,3% et des impôts indirects de 1,4%. Quant aux dépenses d'investissement, elles se sont raffermies de 17,1% à 18 milliards de dirhams. Compte tenu de ces évolutions, le déficit budgétaire a atteint 26 milliards de dirhams à fin mai contre 19,3 milliards l'année précédente. Beaucoup plus actualisés, les chiffres de la Trésorerie générale du royaume, qui viennent d'être rendus publics, font état d'un déficit budgétaire qui culmine à 34,4 MMDH à fin juin contre 21,6 MMDH à la même période de l'année précédente. Un chiffre contesté par le département des Finances qui évalue le déficit à 30 MMDH. Une différence d'appréciation qui ne remet pas en question la gravité de la situation !