Vous devez sûrement vous demander ce que j'ai ces derniers jours avec la langue. Rien, je vous assure. Bien au contraire, j'adore la langue. Quand je vivais encore chez mes parents, ma mère me faisait une recette de langue-de-bœuf à la sauce piquante, je ne vous dis pas ! Je m'en mordais les doigts tellement c'était délicieux. Ce n'est pas pour dire, mais personne au monde ne cuisine comme ma douce maman. Cela dit, quand j'ai quitté ses chauds jupons pour rejoindre ceux de ma tendre moitié, je n'ai pas perdu au change. Pour être honnête, j'y ai même gagné. Ne voulant pas que je lui casse trop la tête avec mon histoire de «la meilleure cuisinière de la planète», ma femme, dès qu'on a emménagé, s'est mis en tête d'améliorer la recette de maman, en y ajoutant des câpres, des échalotes et... de la crème fraîche (Je vous en supplie, ne le rapportez pas à mon cardio !). Et le résultat, mes amis, est IN-DES –CRIP- TIBLE ! Je n'en ai jamais parlé à ma mère car elle serait capable de m'interdire d'en manger sous prétexte que la langue serait farcie au gri-gri. Quant à moi, je continue de m'en régaler au moins une fois par semaine. J'en raffole comme d'ailleurs je raffole de ma femme. Je crois qu'après tout, même si elle ne me l'a jamais dit, maman a peut-être raison : il doit y avoir du gri-gri là-dedans. Gri-gri ou pas, si je n'ai pas ma langue dans la poche, c'est sûrement à cause - ou grâce – à ma femme et à ma maman. Blague à part, la langue, c'est vraiment très sympa. Et c'est pour ça que je ne comprends pas pourquoi aujourd'hui, comme hier et comme toujours, on nous prend la tête avec ça. La langue officielle par-ci, la langue constitutionnelle par-là... Franchement, je n'ai jamais compris de quelles langues ils parlent. Moi, depuis que je suis né, j'en ai entendu, des langues ! J'ai même réussi à en parler quelques-unes, et à en écrire une ou deux avec un plaisir cynique jamais dissimulé. Et il se trouve que ce ne sont pas celles qu'ils croient. Mais, entre nous, qu'est-ce que je m'en fous ! On m'a toujours appris que ma vraie langue, c'est celle que je parle. De plus, la langue n'a jamais fait un bon démocrate ni même un bon citoyen. Elle ne fait en général que de vilains chauvins et même parfois de vrais fachos. Pourquoi ils en arrivent là ? Je ne sais pas. Vous le savez, vous ? Moi, je donne ma langue au chat. Tiens ! Je ne sais pas si c'est un hasard, mais il y a une blague superbe qui circule actuellement. Elle est un peu longue, mais je vais vous la faire courte : Un mec entre dans une «mahlaba» et commande un bol de «raïb». Un chat se pointe à la porte et fait : miaou ! Le mec commande alors du lait et du fromage pour le minou, lequel, aussitôt rassasié, repart tout content. Le mec sort 2 DH et les donne au commerçant. «Et la bouffe du chat ?», lui demanda alors le laitier. Et le mec de lui rétorquer ans sourciller : «Ce chat n'est pas le mien. Moi, je n'ai fait que traduire». Et il s'en alla en tirant la langue...